Dans l’Utah, le livre papier reste le support privilégié par les étudiants, au détriment du livre numérique. Les bibliothécaires et les libraires en lien avec les établissements d’enseignement supérieur constatent une préférence de leurs clients pour le livre papier.
Les étudiants justifient ce choix que d’aucuns trouveront étonnant par les avantages qu’offre le livre papier. Pas besoin de wi-fi, pas de distractions, voilà pourquoi ces étudiants privilégient leur livre papier pour leurs études.
Un étudiant de la BYU (Brigham Young University) explique son choix en ces termes : « J’ai toujours préféré les livres papier parce que les e-books ne fonctionnent pas aussi bien ». Il précise : « Par exemple, si je suis en train de faire quelque chose sur mon ordinateur portable, j’aime bien avoir un livre ouvert à côté de moi, plutôt que de devoir passer d’une fenêtre à une autre ».
Du coup, la librairie du campus de l’Université s’adapte. 10 % du catalogue est proposée en numérique, qui ne représente que 1 % des ventes de livres.
Mais ce n’est pas la seule raison. Les responsables de la librairie estiment que les livres à destination du public universitaire ne sont pas encore suffisamment au point au format numérique. Selon eux, beaucoup de choses restent encore à faire. Ils pensent également que les éditeurs sont en partie responsables du « retard ». Ces derniers sont inquiets de trop favoriser le numérique puisqu’ils courent le risque de voir leurs revenus diminuer, dans la mesure où il est facile de partager ad libitum un exemplaire d’un livre numérique.
Du reste, il y a fort à parier que la tendance va s’inverser du simple fait du renouvellement de génération, avec l’arrivée à l’université d’étudiants qui ont toujours connu internet et le monde connecté. En quelque sorte, le livre papier connaît une période de sursis.
LA LECTURE NUMÉRIQUE MOINS EFFICACE
Ces étudiants américains n’ont peut-être pas tort. En effet, une récente étude menée par une chercheuse norvégienne du nom de Anne Mangen avance que l’on mémorise moins bien avec une lecture sur livre électronique que sur un livre papier.
L’étude a été menée sur cinquante personnes qui ont toutes reçu la même nouvelle de 28 pages à lire. 25 personnes ont lu le livre sur Kindle, les 25 autres sur papier. A l'issue de l'expérience, il apparaît que l’on mémorise moins bien l’intrigue et la chronologie du récit sur Kindle que sur livre traditionnel.
Pourquoi ? Selon la chercheuse, « la sensation tactile du Kindle n’offre pas le même support pour la reconstruction mentale d’une histoire qu’un livre papier. » Par ailleurs, « quand vous lisez un livre sur du papier vous ressentez avec vos doigts une pile de pages à gauche qui grossit et une pile à droite qui diminue », autrement dit une « sensation tactile de l’avancement. »
À noter qu’il est possible tout de même d’utiliser une tablette ou un ordinateur sans céder aux distractions. Plusieurs applications existent pour couper votre connexion à Internet pendant un certain temps sans possibilité de la rétablir avant la fin du temps imparti. Freedom ou Self Control remplissent cette mission. Anti-Social remplir un rôle similaire pour les réseaux sociaux.
Plusieurs écrivains ont plébiscité ces applications, dont Zadie Smith qui a même cité les applications dans la page de remerciements de son dernier roman. Toutefois, la « liberté » a un prix. Comptez dix dollars pour dix dollars.
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Andrew Smith
Salt Lake City
CC BY-SA 2.0