Le philosophe et écrivain Thierry Wolton (connu aussi sous son pseudonyme Léo Fourneau) a récemment profité d'une tribune livre offerte par Le Monde.
En quelques points, il alimente la polémique où le Syndicat de la Librairie Française et Amazon, le cybermarchand s'opposent. Avec le risque de « pénaliser ceux qui, dans ce pays, pensent encore que le livre est un objet essentiel de loisir et de culture », Thierry juge que c'est « la faute au Syndicat » si le livre court un risque aujourd'hui.
Car, on l'a déjà signalé, la France sera le seul pays au monde à ne pas pratiquer la gratuité sur les frais de port. Et si la justice a donné raison au SLF, cela « ne vise plus tant à mettre en valeur ce "produit" unique qu'à protéger une profession [...] principaux bénéficiaires de l'économie du livre ».
Une profession privilégiée
Un livre se divise en trois formes de revenus : l'éditeur et l'auteur s'en partagent un, la distribution prend le deuxième et le libraire ce qui reste. « En clair, les producteurs de livres, l'auteur d'abord, l'éditeur ensuite, sont les parents pauvres du secteur. »
« Comme tous les amateurs de livres, j'apprécie les services
que propose le site Internet Amazon. »
Thierry Wolton
D'autant que les libraires sont, selon lui, « protégés de toute concurrence » du fait qu'ils ne payent à l'éditeur que les exemplaires vendus, renvoyant le stock restant. Ainsi, « ils n'ont aucun problème d'invendus, le risque inhérent à tout commerce » conclut-il. Et là où l'on arguera du service rendu, lui répond que l'on trouve le conseil aussi sur le site d'Amazon. Le SLF ne pratiquerait finalement qu'un « corporatisme qui n'a rien à voir avec la défense du livre ». La gratuité des frais de port chez le cybermarchand est une réduction de la marge commerciale, mais les libraires accepteraient-ils de diminuer la leur ?
Amazon : la solution à tout ?
Écrivain lui-même, il reconnaît l'importance de la place du livre sur les étals, condition primordiale de sa vente. « Peu importe, l'essentiel pour moi, comme pour tous les amateurs de livres sans doute, est de pouvoir trouver quand je veux, où je veux, les ouvrages qui m'intéressent. »
Nous n'avons pas encore réussi à contacter le SLF pour connaître leur réaction. Mais le risque est grand que de voir l'escalade se poursuivre entre les pro et les antis. Dans l'interview qu'elle nous avait accordée, Noémie Rivet précisait que les libraires « se regroupent afin de travailler sur l’offre d’un « portail » de la librairie indépendante qui proposera ce service de vente en ligne ou de mise à disposition dans les librairies, dans le respect de la loi ». Une réaction qui pourrait remettre les pendules à l'heure ?
La remise en question du monde de la vente concrète, par l'économie virtuelle n'est définitivement pas prête de s'achever...