Pour plonger dans l’atmosphère de ce recueil, empruntons une citation à Kierkegaard « il n’y a rien sur quoi plane autant de séduction et de malédiction que sur un secret ».
Enfant, on enferme ses secrets, ses trésors dans des boîtes pour les protéger. En grandissant, les souvenirs s’y ajoutent bons comme mauvais, des joies à revivre et des souffrances à oublier.
Loin d’être un simple moyen de rangement, ce livre est néanmoins une boîte. Il en a les couleurs et les mystères, ceux de cinq vies, cinq femmes dans le Séoul américanisé des années quatre-vingt-dix, dont les boîtes et journaux intimes seront tour à tour révélés aux yeux de l’homme aveugle.
On s’amuse, ici, de l’ignorance de l’homme, sûr de ces acquis sociaux et de l’immuabilité des rôles. Impossible de ne pas percevoir la confrontation des traditions coréennes et de l’américanisation ambiante. La réification de la femme est prépondérante, presque stéréotypée, mais avec beaucoup d’humour. Parfaite ménagère, mère et belle-fille, sa vie a été enterrée dans le mariage, car « le mariage c’est l’anti-solitude ».
Et pourtant, la souffrance est palpable à chaque page. La folie, l’alcoolisme, et la solitude les rongent. « Il était clair que toutes les boîtes dans lesquelles elle savait se débarrasser de tant de choses ne pouvaient la soustraire à de bien tristes pensées ».
Seule la révélation des secrets éveilleront l’homme. Ce nouveau regard ne sera, toutefois, pas total (l’évolution des mentalités c’est long…).Mais la découverte de ce nouveau prisme conduira inéluctablement à un changement même si « en somme le mariage est une bonne solution pour vivre seule ».
Retrouvez Les boîtes de ma femme, d'Eun Hee Kyung