Bruno Martin

Le grand Yukito Kishiro, à qui l'on doit un des grands classiques du cyberpunk Gunnm, est de retour avec une série mêlant inspiration steampunk et fantasy, Aqua Knight, Leviathan Saga.

Arrabir, le maître-phare vit sur une petite île sans nom avec son fils. Sur cette île se trouve un phare dont la lumière est étonnamment puissante. Le père et le fils écoulent des jours paisibles et insouciants jusqu'à l'arrivée d'un Aqua Knight qui s'est échoué dans le fond marin pas loin des rivages de l'île. Le fils d'Arrabir qui n'a aucune idée de ce qu'est réellement un Aqua Night se prend à rêver d'en devenir un. Il se trouve que le chevalier dans l'armure est une fille, grande première pour l'enfant qui n'en avait jamais vu.

Elle se nome Lulya de Perula et elle est la fille d'Arlack et d'Evely, chevalier au royaume d'Enorme. Au terme de quelques péripéties, elle va accepter de faire du fils d'Arrabir son écuyer, ce afin qu'il puisse apprendre un peu ce que c'est qu'être un Aqua Night. Arrabir accepte mais il décide d'éprouver la vaillance de la jeune fille.

Des dessins délirants

Aqua Knight est résolument plus léger que Gunnm (même si le tome 1 se clôt sur une note un peu sombre), et l'on sent que Yukito Kishiro a pris plaisir a dessiner cette histoire. Le charac-design est assez délirant mais très abouti, les planches sont claires et les combats nerveux et précis. Au niveau visuel, c'est vraiment un titre accrocheur et vraiment plaisant à lire. Rien à dire Yukito Kishiro est un grand dessinateur qui sait créer une atmosphère, faire passer des émotions et faire ressentir son plaisir de dessiner à travers ses planches. Il faut aussi apporter une mention pour la très belle carte dépliable en début de tome et les deux premières pages en couleurs. Que du bonheur.

Au niveau de l'histoire, le tome 1 d'Aqua Knight est très dense. En effet, Yukito Kishiro créé un univers pour cette série qui ne répond pas vraiment à ce que l'on connaît déjà de la fantasy ou du steampunk. Il y a donc beaucoup à donner au lecteur pour qu'il puisse s'y sentir à l'aise et évoluer sereinement dans ce titre. Une chose très agréable le mangaka n'a pas essayé de nous donner toutes les bases dès le début avec des explications qui auraient été un peu indigestes.

A la croisée du steampunk et de la fantasy

Il a installé finement, pièce par pièce, des éléments de cet univers sans trop en donner. Ainsi, le lecteur commence à connaître un peu ce monde mais sent bien qu'il y a encore beaucoup à découvrir. D'où un intérêt élevé pour la suite. Le lecteur pourra s'identifier au fils d'Arrabir qui ne connaît quasiment rien du monde. Les bases de l'histoire en elle-même sont aussi posées à la fin de ce tome, et l'épopée de Lulya et d'Ashika (c'est le nom du fils d'Arrabir) va pouvoir commencer, avec à la clé un enjeu de taille. L'humour est aussi présent même dans les phases de combat.

Aqua Night tome 1 de Yukito Kishiro possède donc toutes les qualités pour devenir un titre important. Le scénario est plein de promesses, on a hâte de découvrir cet univers à la croisée de la fantasy et du steampunk et de suivre les étapes de l'épopée de Lulya et d'Ashika. Le ton léger et drôle permet de passer des moments plus qu'agréables. Et les dessins clairs, aérés, précis et délirants attirent vraiment l'oeil. On en attend beaucoup du tome 2.

Aqua Night, Leviathan Saga, tome 1 de Yukito Kishiro est édité par Glénat. Et vous pourrez apprécier ses 232 pages (ha oui on vous l'a dit c'est dense) pour 6,50 €.

Alors que le monde se divise en deux catégories, ceux qui ont une encyclopédie et ceux qui pratiquent Wikipédia, le Salon a offert hier matin une conférence réunissant divers acteurs de ces univers, pour faire le point. Au menu, Line Karoubi, directrice adjointe des la collection Larousse, Louis Lecomte, directeur éditorial d'Universalis, Alexandre Moatti, de Wikipédia France et Alain Rey rédacteur en chef de Robert.

La problématique que rencontrent actuellement les encyclopédies se heurte bien évidemment à la gratuité du modèle Wikipédia, s'appuyant sur des contributions bénévoles. Cette dernière attise les convoitises, mais se fait souvent tacler sur le registre de la fiabilité et de l'organisation, son système accumulatif ne permettant pas une réelle lecture encyclopédique, au sens où les professionnels papier l'entendent.

Notons que pour chacun des acteurs, un but de transmission du savoir, à travers une démocratisation de l'écrit reste l'objectif principal. Il faut « faire passer une information sous forme de texte », lance Alain Rey, qui dénie les concepts de virtuels ou dématérialisation, même quand on parle de numérique. « Comment parler de virtuel ? N'est virtuel que ce que je n'ai pas encore transformé en mouvement vocalique ou écrit ! » Et d'ajouter qu'à son sens, Diderot serait ravi de constater l'effort fourni par chacun pour offrir et diffuser le savoir.

Savoir ce que l'on veut faire

Pour Louis Lecomte, la problématique se divise en trois points : le projet intellectuel, partagé entre tous, et de tout temps, qui reste donc l'exposition des connaissances de l'humanité à un temps T. Viennent ensuite les moyens techniques et matériels de cette transmission, c'est là que les opinions et les choix se distinguent. Enfin, c'est la mise en oeuvre des savoirs qui prime, à savoir la part de direction éditoriale, la légitimité et la fiabilité des contenus, signés par des personnes compétentes ou reconnues comme telles.

Et cette nécessité d'assumer l'écrit serait un manque chez Wikipédia. « D'ailleurs, dans la Britannica, Freud avait signé l'article psychanalyse et Einstein celui sur la relativité », signale-t-il. « Oui, mais ils étaient peut-être en mesure de vulgariser », ajoute Alain Rey. Le maître mot est donc là, savoir transmettre. Et la délicate question des contributeurs de Wikipédia de rejaillir, en filigrane. « Une encyclopédie coûte un dollar par mot imprimé, poursuit M. Lecomte. Et sur ce dollar, une grande partie provient de ce que nous avons, à Universalis, 5.000 auteurs qui sont chargés de la rédaction. Des auteurs légitimes... » Et l'on reprocherait presque que Wikipédia soit basée sur un modèle gratuit...

Bénévole, un terme dans le vent

« L'encyclopédie en ligne, 8e site le plus consulté en France, comme dans d'autres pays, est une entreprise basée sur la confiance, commente M. Moatti. Wikipédia, c'est un engagement citoyen. Tout repose sur la confiance que l'on accorde aux personnes qui apportent leur pierre. » Certes, mais cela ne rassure pas pour autant. La peur de se retrouver avec des articles erronés sans modération inquiète tant les professionnels que le grand public.

Mais la dimension participative de Wikipédia fascine et Larousse semble se diriger vers une notion similaire, avec sa prochaine version de l'encyclopédie en ligne. Nous vous en reparlerons sous peu, c'est promis. Tout ce que l'on peut vous dire c'est que le site, en version bêta actuellement, proposera un article d'un côté, et de l'autre il sera agrémenté des interventions et ajouts des lecteurs-contributeurs, lesquels deviendront détenteurs de leur article.

L'encyclopédie de Diderot ? Un fatras, selon Voltaire

« Voltaire avait qualifié de fatras l'encyclopédie que Diderot avait réalisée, interviendra Alain Rey, pour conclure. Et nous offrons tous des éléments qui ont une certaine organisation. Reste à savoir quelle sera celle qu'il faudra privilégier pour demain, et non celle qui fonctionne aujourd'hui. Parce que dans ce cas, demain, elle ne sera plus en adéquation avec les besoins. »

Diderot aurait sûrement adoré les successeurs qui ont pris vie à la suite de son Encyclopédie, « oeuvre d'une société de gens de lettres ». Entre internet et les solutions CD/DVD, le rêve de Diderot se concrétise, mais ses héritiers se chamaillent pour des bouts de chiffons...

Il ne reste que quelques jours avant Noël, nous vous proposons notre choix de dernières minutes à insérer dans la lettre pour le père Noël !

Vous pouvez y aller les yeux fermés, c'est garanti « très beaux livres » et c'est chaudement recommandé par !

Aujourd'hui cinq albums (+ un bonus), demain cinq romans ! Comme un calendrier de l'avent avec seulement deux jours…

Bien entendu, il en manque, bien entendu énormément d'albums de ces derniers mois auraient tout à fait eu leur place ici, mais nous nous sommes arrêté à cinq, c'est comme ça, c'est nous qui décidons…

Dans les commentaires, si vous désirez nous faire part des cadeaux de Noël que vous aller offrir, c'est maintenant ! allez hop !

Dans un pays enneigé, où règne un roi dur et injuste, sévit une terrible malédiction qui frappe les enfants nés la même année que l'unique héritier. Les uns après les autres, année après année, les enfants disparaissent… et on n'entend plus jamais parler d'eux.

Anya fait partie de cette génération perdue. Privée de son frère jumeau, enlevé bébé, la jeune fille grandit en compagnie de son tigre blanc, la rage au cœur. Menacée, elle est bien décidée à affronter le danger lorsque celui-ci se présentera. Un jour, enfin…

Il sera question d'une sorcière aux yeux blancs qui crache le feu, d'une prémonition qui scelle les destins, d'une évasion et d'une révolte menée par une armée d'animaux sauvages…

François Roca / Fred Bernard

Albin Michel

Avis L.H.S.F : Un album de François Roca et Fred Bernard est toujours un cadeau en soi. Comme d'habitude le travail de ces deux artistes ravi autant dans l'histoire que dans les merveilleuses illustrations. Incroyable !

Les bonbons faits maison de Hansel et Gretel, les galettes pur beurre du petit chaperon rouge, le pain perdu du petit Poucet, le gâteau au yaourt mielleux moelleux de bébé ours, le cake d'amour de Peau d'âne ou encore le soufflé du grand méchant loup n'auront plus aucun secret pour vous !
Quatorze contes, mis en scène avec humour et gourmandise,à savourer au fil des recettes originales et faciles à réaliser de Seymourina Cruse (trois à quatrerecettes salées et sucrées par conte).

Seymourina CRUSE / Marie CAUDRY

Éditions Thierry Magnier

Avis L.H.S.F : Un sublime album qui mélange avec délice contes et nourriture. On a envie de tout essayer et d'attendre, pendant que ça cuit, en écoutant une histoire. Un beau livre pour les vacances, pour les week-ends, bref pour tout le temps.  

John est un petit garçon un peu solitaire et très rêveur, alors forcément il a un peu de mal à se faire des copains. Un jour, à sa grande surprise, il voit un éléphant dans la cour de son immeuble ! Il se précipite pour prévenir ses parents, mais habitués à l'imagination débordante de leur fils, ils n'y prêtent guère attention. John décide d'aller se promener avec son nouvel ami.

Côte à côte, John et l'éléphant n'ont pas besoin de se parler, ils sont si bien tous les deux. Grâce à cette rencontre, le petit garçon va découvrir les joies de l'amitié.

Benoit Broyard / Delphine Jacquot

Seuil Jeunesse

Avis L.H.S.F : Promenons-nous dans New York avec un éléphant. Un véritable éléphant ou un véritable ami imaginaire ? On ne sait pas, on n'a pas envie de savoir. C'est juste de l'amitié et c'est surtout une très belle journée.

À lire absolument.

Apprenez enfin à différencier les animaux, objets, aliments, vêtements qui se ressemblent grâce à ce livre qui recense 60 paires que tout le monde confond. Découvrez plein d'astuces et de moyens mnémotechniques pour ne plus prendre une vipère pour une couleuvre, une mandarine pour une clémentine, une bactérie pour un virus.

Emma Strack / Guillaume Plantevin

Gallimard jeunesse

Avis L.H.S.F : Oui, c'est un documentaire et comme tout documentaire, il va vous rendre plus intelligent. Les jeunes lecteurs (et nous parions également sur les moins jeunes...) sauront enfin faire la différence entre deux choses ou animaux qui semblent se ressembler, mais en fait. Un livre que l'on se doit d'avoir dans sa bibliothèque.

(voir notre chronique)

Ensorcelé pour s'être moqué d'un lutin, Ails devient tout petit. Il s'envole alors sur le dos de Martin, un jeune jars, et part pour un merveilleux voyage au milieu des oies sauvages. 

Kochka / Selma Lagerlöf/Olivier Latyk

Père Castor

Avis L.H.S.F : On connait presque tous ce conte écrit aux alentours de 1906 en Suède. Devenu un classique de la littérature jeunesse depuis bien longtemps, cette version offre une belle vision de l'hstoire. Les 6 pages finement découpées apporte un charme indéniable à l'ensemble qui nous a permis sans problème de le mettre dans cette petite liste.

+ le bonus

En 2013, le cherche midi a décidé de proposer au public français pour la première fois une traduction intégrale du cycle d'Oz de L. Frank Baum. Les deux premiers volumes ont été publiés et les illustrations ont été confiées à Stéphane Levallois.

Stéphane Levallois a ainsi réalisé plus d'une centaine de dessins pour ce projet et, à l'occasion de la sortie du troisième volume du Cycle d'Oz au cherche midi, nous avons eu l'idée de réunir tous les dessins effectués par Stéphane dans un seul ouvrage : Oz, afin de faire découvrir son travail au public, en grand format. 

Stéphane Levallois

Le Cherche Midi

Avis L.H.S.F : Pas "réellement" pour un public jeunesse, cet album qui montre le splendide travail de Stéphane Levallois est surtout un album pour les collectionneurs. Un album pour les amateurs de "coulisses" de la création. Il faut absolument l'avoir quand on aime le travail de l'illustrateur et / ou l'histoire du Magicien d'Oz...