Méthode de musculation au féminin

C'est en préparant les petites surprises que nous vous réservons pour le 14 février (oui, oui, c'est ça... c'est la Saint Valentin...) que nous avons pu apprendre combien le numérique pose des difficultés en interne dans les maisons d'édition.

Ayant contacté un gros (très gros) éditeur indépendant, pour quelques propositions malhonnêtes, nous avons également évoqué la question des services de presse. Quoi qu'est-ce ? Très simple : les journalistes reçoivent des ouvrages pour alimenter leurs chroniques (plus ou moins sérieusement suivies - mais certains de nos confrères reçoivent vraiment des tonnes de livres chaque jour), envoyés directement par les maisons d'édition.

Avec certaines d'entre elles, nous avons passé des accords pour nous simplifier la vie : elles nous envoient, quand cela est possible, des versions ePub, ou PDF à défaut. C'est pratique, cela limite les frais pour les petites maisons et nous permet de recevoir rapidement les ouvrages. Du tout bon, en somme. Eh bien pas pour tout le monde.

Ben en fait, non, impossible... ou presque

Chez cet important éditeur, donc la consigne est drastique : « Je n'ai pas le droit d'envoyer de versions numériques des livres, pour qu'elles ne se retrouvent pas dans le cyberespace », nous avoue simplement l'attachée de presse. En creusant un peu, il s'avère que pour certains, l'angoisse est vraiment grande que de voir les oeuvres piratées, partagées abusivement et que finalement, la maison d'édition n'a pas la main sur ses ebooks. Et même avec des verrous numériques anti-copie, impossible de se faire envoyer ces ebooks...

Et il est alors plus simple de faire parvenir, de manière coûteuse, un livre papier plutôt que d'envoyer par email un fichier ePub. Simplement parce que d'une part, rien n'a été fait pour le proposer à la presse et que les seuls fichiers disponibles sont sur les plateformes de vente - et pas sur Numilog pour vous orienter dans votre quête de la maison en question...

Les petites maisons plus réactives ?

Plutôt sidérante, et assez difficile à comprendre, comme réponse, non ? Parce que dès lors que l'on s'adresse à de petits éditeurs, cela ne coince absolument pas. J'en profite pour faire un gros bisou à vous, mesdemoiselles, qui n'avez jamais fait de chichi pour nous envoyer un PDF - même avec des hirondelles...

Reste que la question se pose : envoyer un ouvrage coûte le livre, le timbre, l'enveloppe (dans le cas où l'on ne passe pas par un service de coursier), et le temps de l'envoyer. Un fichier PDF, c'est un email. Le calcul devrait être rapidement fait, non ? Étonnant que l'arrivée du numérique ne fasse pas prendre en compte ces solutions. Pourtant, chez Volumen, les représentants sont équipés d'un Opus de chez Bookeen, pour leur faciliter la vie, via ePagine...

Reste que chez d'autres, qui travaillent avec Numilog, la question se pose. Mais là, d'autres problèmes surgissent. Celui des DRM notamment. Difficile de faire confiance aux journalistes, de peur du piratage, encore une fois...

Nouvelle étape dans l'aventure de la suite de l'Attrape-coeurs : le juge fédéral de New York a en effet décidé d'imposer une interdiction de parution sur le territoire américain jusqu'à ce que soit réglé le litige en cours. Pour mémoire, Salinger tente tout simplement d'empêcher la publication du livre écrit par Fredrik Colting, qui a repris le personnage d'Holden Caulfield, héros du livre paru voilà une soixantaine d'années.

Bien qu'il soit renommé M. C, et qu'il s'échappe d'une maison de retraite pour vieux, il vit par la suite des expériences assez semblables à celles du livre originel. Ce que Salinger n'accepte pas du tout.

La méthode de défense choisie par l'auteur est celle de la parodie : en faisant valoir que son livre moque ou raille celui de Salinger, il ne tomberait en effet plus sous le coup de la violation du droit d'auteur, terrain miné où le romancier souhaite l'amener. En outre, pour les avocats, cette parution n'est qu'un simple business commercial, qui profite du succès et de l'estime portés à l'oeuvre de Salinger.

Dans l'intervalle, la juge de district Deborah Batts préfère donc interdire l'arrivée de ce livre. Selon elle, bien qu'il n'y ait pas de précédents dans les archives juridiques, pour protéger un personnage, Caufield pourrait faire figure de jurisprudence. D'ordinaire, on se fie à une représentation graphique, mais celle qui est posée par les mots pourrait convenir : il est difficile de séparer Caufield de l'oeuvre de Salinger a-t-elle estimé.

Et face à l'objection de la parodie, la juge reste sceptique : elle n'en a pas vu la trace. L'avocat renchérit : elle n'est pas forcément critique littéraire et n'a pas à juger de la qualité ou du résultat de cette critique. Objection balayée : « J'ai des difficultés à croire qu'elle existe. » Tout résiderait cependant dans le dénouement...

Les avocats de Salinger vont abonder en ce sens : ce n'est pas simplement une violation du droit d'auteur, c'est tout bonnement l'interdiction ferme de ce livre qu'ils souhaitent...

Nouvelle destination, nouvelle vie, porteuse de rêves et d'attente nous poursuivons notre entreprise littéraire et culinaire avec le dernier ouvrage de Valérie Bornad, Les constellations du hasard. Pour nous accompagner dans cette aventure, notre partenaire caviste de Bordeaux, L'Oenolimit. Et puisque le personnage principal du livre de Valérie a décidé de franchir l'Atlantique, L'Oenolimit nous entraîne également sur le Nouveau Continent, mais plutôt en Amérique du Sud...

Face à l'opulent New York qui ne dort jamais, sa foule, sa folie et son ultra urbanisation, notre périple se dirigera plutôt vers Cafayate, dans le Nord Ouest de l'Argentine. Et comme New York est la ville des excès, nous avons choisi un vin situé dans le domaine Etchart, élevé sur les montagnes à 1750 mètres d'altitude, le plus haut du monde. Silence et recueillement garanti, un contraste flagrant avec l'agitation new-yorkaise. Et ne pas se fier à la pollution de la ville : la robe jaune pâle de l'Etchart sera comme un voile pour la recouvrir.

De la Grosse Pomme aux fruits exotiques

À ville paradoxale, et quête paradoxale, puisque Luc part dans la Big Apple pour rencontrer Paul Auster et lui confier son manuscrit, L'Oenolimit envisage le vin paradoxal que livre le cépage Torrontes, à mi-chemin entre un blanc sec et doux à la fois. Sec, comme le désespoir de Luc qui se fait dérober ses papiers et perd son unique manuscrit et doux comme le rêve qu'il continuera de poursuivre. La jeunesse de notre romancier s'accordera cependant avec celle du millesime proposé, le 2007...

Livre sur l'aspiration d'un jeune auteur, sur ses considérations d'homme en devenir, qui rencontre un homme au lourd passé nous sommes restés dans le contraste, car l'Etchart n'a pas de sucres résiduels, et se classe dans les blancs secs, tout en disposant d'arômes fruités exceptionnels, qui séduisent particulièrement les femmes. Autre voyage assuré, celui des goûts de fruits exotiques que ce soit grenade papaye ou litchi qui offriront un plus cinglant contraste avec la rudesse de l'apprentissage que va endurer Luc.

L'alliance des contraires

C'est la relation privilégiée entre le maître qui s'impose et le jeune garçon qui va faire naître un lien entre le grotesque et le sublime autant que l'Etchart présente la qualité d'un vin aux notes florales, très rose, alors qu'il est cultivé dans une région difficile. Pour tout dénouement, l'Etchart apportera un plaisir délicat, quand la chute du livre de Valérie est hâtive et quelque peu brusquée. L'alliance des contraires, ici, proposera au lecteur une union tout à fait délicieuse.