Il faut fermer les écoles... Certes, et ouvrir des prisons, pour paraphraser Hugo, ce sacré Victor ? Dans tous les cas, un livre scandale paraît aujourd'hui, et dont un certain Julien Dazay (pseudonyme oblige) est l'auteur. Et pourquoi ? « Notre école maternelle va mal », lance cet ancien instituteur. Elle ne serait même plus qu'une « simple garderie qui confond éducation et enseignement ».
Allant à contre-courant de toutes les études qui montrent que cette phase de la vie est « bénéfique à la scolarité des élèves », Julien reproche que cette maternelle « entretient voire produit l'échec » : des « fonctionnaires de niveau Bac 5 » [...] « payés par l'Éducation nationale » ont pour but de « dispenser un enseignement pendant 35 minutes sur 3 heures ». Bref, la chienlit.
Mais si la critique est aisée et l'art est difficile, Julien n'en propose pas moins des solutions, comme la transformation en « lieux d'éducation principalement animés par des éducateurs » et loin de ce qu'envisageait le ministre, de ne scolariser qu'à partir de 5 ans, tout en créant un cycle nouveau nouveau, le cycle 2, comprenant la troisième année, le CP et le CE1...
Ou un bonimenteur habile ?
Gilles Moindrot, secrétaire général du Snuipp-FSU a eu son omt à dire : « Entre dire que l'école maternelle peut progresser et jeter l'opprobre sur l'école, le travail des enseignants, les résultats des élèves, il y a une marge considérable. On est dans le pamphlet qui n'a pas pour but d'améliorer cette école ». Mais loin de s'en satisfaire, les solutions de ce pamphlet « consistent davantage à se défausser sur les municipalités, de diminuer le coût de l'école (pour l'État) ».
Le syndicat publiera d'ailleurs un message contre cette « caricature pour cette école (...) qui a depuis longtemps prouvé son efficacité à préparer l'enfant à devenir élève ». Le Snuipp-FSU estime en outre que « ce texte pamphlétaire et outrancier constitue un véritable acte de provocation à l'égard du public » et « trahit surtout la méconnaissance de son auteur ».
Non pas contre l'école mais pour son évolution
Et l'éditeur, qu'en pense-t-il ? Nous avons contacté les Éditions Michalon et de leur côté, on ne comprend pas très bien cette réaction. « Le livre n'est pas dirigé contre l'école, il s'agit avant tout d'un grand coup de gueule lancé par un professionnel qui a été sur le terrain. Julien a été inspecteur de l'éducation nationale et il a constaté au long de sa carrière combien la maternelle était dévoyée », explique-t-on.
Et d'ajouter : « Si la maternelle est une école, alors pourquoi se comporte-t-elle comme une crèche ou une halte-garderie ? Dans une école, il y a des heures d'arrivée et de départ, des enseignements dispensés et les parents ne débarquent pas à toute heure, comme dans une auberge espagnole. »
Pour notre part, on attend le livre demain et on ne manquera pas de vous en dire tout le bien-fondé ou la crasse méchanceté.