Le Festival du livre d'Édimbourg a donné lieu à une polémique de haute voltige, quand l'écrivain Andrew O'Hagan s'en est pris à Richard et Judy, deux présentateurs d'un talk-show sur Channel 4 dédiée aux livres et qui ont lancé un club de lecture hebdomadaire. Un peu la formule d'Oprah Winfrey, qui a tant inspiré Ronald Blunden, directeur de la communication de Hachette, pour assurer la promotion du livre sur le service public.
Mais pour Andrew, ces deux cinquantenaires prennent leur spectateur pour des idiots. The Richard and Judy book club « est un vrai gâchis... Ils ont un public massivement attentif de personnes qui ne sont pas complètement demeurées ; elles ne sont pas stupides. Pourquoi les traitent-ils comme telles ? Voilà une opportunité de réaliser une connexion avec la jeune génération pour l'orienter vers de bonnes lectures. »
Mais manifestement, on en est loin. D'autant que, nos confrères de BibliObs le rappelaient, les ventes d'un livre promu durant leur émission font un boom monstrueux.
Et qui pis est, outre Atlantique, même si Oprah vend parfois des choses légères, elle est parvenue à intéresser les Américains à Tolstoï ou Jonathan Franzen. Et les livres qui défilent chez Richard et Judy répondent certes aux règles du spectacle télévisuel, « mais ils sont faiblards, dépouillés de toute notion indiquant aux gens quels peuvent être les plaisirs de la lecture ». Une sorte de braderie du livre.
Même les étudiants font mal au coeur
Mais Andrew ne s'est pas arrêté là : il s'en est pris aux étudiants en cours de création littéraire, pour témoigner de sa déception. Suite à une visite dans l'un des cours, il s'est rendu compte que les élèves sont plus attirés par un agent aux États-Unis que par l'amélioration de leurs écrits. « La seule chose dont ils aiment parler, c'est de combien ce serait cool d'être un romancier célèbre. »
Pour Willy Maley, fondateur de Creative Masters, cours de création littéraire, à l'université de Glasgow, il faut reconnaître qu'Oprah a été capable de faire vendre une littérature plus édifiante, « et si vous n'avez pas le prix Booker, la culture populaire comme celle de Richard et Judy peut aider ». Les intéressés n'étaient pas joignables pour commenter cette intervention.