Debussy pour toujours

Croyez-vous aux anges ? Si, oui, alors il vous faut croire aux démons, car c'est bien dans cette dualité vieille comme le monde que nous entraine . Vous allez entrer de pleins pieds dans une guerre qui secoue notre terre depuis sa création. Vous en doutiez ...

Pour Cat c'est une évidence, car son père est un ange et le jour où celui-ci va être assassiné, toute sa vie va basculer. Dorénavant, elle veut des réponses à ses questions et c'est en Espagne qu'elle dirigera ses pas en premier. Mais surtout, elle veut assumer sa vengeance.

Elle se tournera vers un ami d'enfance de son père, le prêtre Jipé. Mais ce n'est pas parce que vous aviez un ange comme père que cela vous ouvre toutes les portes, bien au contraire. Et si les premières bribes de cette ténébreuse affaire se trouvaient de l'autre côté, c'est ce que Cat va découvrir malgré elle, avec la rencontre d'un démon du nom d'Angelo.

Suite à un renversement complet de situation, les choses ne vont plus se dérouler comme elle le pensait ...

Après la trilogie des « Chroniques de la Tour », Laura Gallego Garcia nous entraine avec maestria dans une aventure où les codes paraissent connus à l'avance, mais qu'elle se plait à détourner pour notre plus grand plaisir. Qu'ils soient ange ou démon, une seule arme permet de vaincre leur immortalité. Une épée invisible à l'œil des humains, véritable sauf-conduit dans cette guerre fratricide.

Un roman écrit à la première personne qui pourra surprendre le lecteur aux premières pages. Mais très vite, son style direct nous emporte dans la vie de Cat et nous fait défiler sans retenu ses angoisses et ses doutes. Une écriture efficace et sans concession, où l'auteur nous brosse également un portrait du genre humain. Un roman comme celui-ci, on en redemande.

« Toi, tu creuses… » Le monde n’a guère changé depuis le film de Sergio Leone : ceux qui ont une mine et ceux qui y travaillent. Et creusent, donc.

L’auteur de thriller JR Ellory a jeté son dévolu sur le nord-est du Canada, au sein d’une communauté minière isolée. Ici, les secrets meurent avec ceux que la mine engloutit.

Jack Devereaux a fui sa ville natale, avec l’espoir de ne plus jamais y revenir. Mais le coup de fil d’un étranger l’en conjure : Jasperville l’attend. Mais ce bled porte la marque de la mort. Celle de son frère Calvis, laissé pour mort par un homme, voilà vingt ans. Celles des filles disparues, sans que l’on ne sache jamais pourquoi.

Or, sur la glace, le sang laisse toujours des traces… Et le froid emporte les secrets, jusqu’au redoux…

Que fait une personne adulte pour se délasser à la fin d’une journée éprouvante de labeur ? Eh bien de deux choses l’une : soit elle est seule et dans ce cas, elle profitera de la version Jeux & énigmes, soit elle est accompagnée, et on lui conseillera plutôt Kamasulô…
Mango nous a en effet envoyé ses deux exemplaires des livres de bain parus récemment et réalisés par Antoine Tournemaire et Fabrice Levannier. Deux ouvrages parfaitement étanches – non les photos ne sont pas accessibles – et qui vous permettront de passer un moment ludique ou érotique dans votre bain.

Ludique en effet, avec Jeux & énigmes. Au fil des quatorze pages, on trouve nombre de questions (grosso modo une cinquantaine) tournant autour de l’eau ou la salle de bain en général. Oh, évidemment, je vous sens pouffer, mais certaines ne se résolvent pas en un tournemain. On vous propose des travaux pratiques également, quitte à construire un radeau avec une vieille bouteille de shampoing, des exercices de calcul mental, des résolutions d’énigmes (un peu rapides pour certaines) etc.

Bref, on tiendra une petite demi-heure facilement si l’on a la perspicacité et la pertinence bien aiguisées. Dans le cas contraire, on retrouvera avec plaisir ce petit livre. Sachant qu’on le trouvera pour une dizaine d’euros, voilà typiquement le petit cadeau qui fera plaisir.

Érotique également, et je perçois bien que c’est le point qui vous intéresse le plus, avec Kamasulô. Ici, ce sont sept positions insolites et particulièrement adaptées à l’activité sexuelle dans une baignoire qui vous seront proposées. Entre la brouette paimpolaise, , le crabe lubrique, la galère s’amuse, la version King of the World ! (très inspirée par le film Titanic), le poulpe à eux têtes, ou ma préférée, la gambas sautée aux oignons vous trouveront de quoi largement agrémenter votre quotidien dans le bain. Je vous laisse découvrir la dernière, qui ne sera pas dénuée de charmes.

Avec un petit dessin mignon et sans aucune vulgarité, on vous indique le niveau de difficulté de la réalisation, la musique d’ambiance qui se mariera le mieux avec le livre et comme après le sexe, un peu d’humour ne fait pas de mal, vous trouverez sur la page opposée quelques histoires drôles. Bon, très honnêtement, on s’en serait passé volontiers, et on aurait largement préféré d’autres exemples de jeux, parce que même si sept positions, c’est une par jour, quatorze, c’est deux par jour. Ou alors une pendant deux semaines.

Globalement bien fichu et tout à fait plaisant, le livre n’est pas à mettre entre toutes les mains, c’est certain, mais il sera aussi le petit cadeau plaisant pour son/sa compagnon/compagne. D’ailleurs, voilà un livre qui fera fureur dans les bains de minuit que tout le monde projette déjà pour cet été. Également à 10 €.

Ils sont trois dans la maison. Une mère, sa fille et Jeannot, le lapin. Les deux premières se voient rarement mais se croisent, le troisième est le témoin de cet incessant ballet. Pour communiquer elles utilisent des Post-it, ces petits bouts de papier jaune et collant qui servent plus à écrire la liste des courses qu'à donner des nouvelles…
Ne t'inquiète pas pour moi est un roman surprenant où chaque page est un message laissé sur la porte du réfrigérateur entre les deux personnages principaux. Le titre original « Life on the refrigerator door » eut été un titre un peu plus « intéressant » que sa version française.
Un roman surprenant, disais-je, à plus d'un titre. Alors que l'on s'attend en lisant les premières pages à une mignonne histoire, certes un peu à l'eau de rose, entre une mère et sa fille, on est rapidement absorbé par le quotidien de ses deux âmes dont l'une d'elles va commencer à souffrir d'un mal malheureusement trop connu…
Alice Kuipers, dont c'est le premier livre, signe ici un roman émouvant et ne se laisse jamais aller à la larme facile. Pour le diffuser le plus largement possible Albin Michel Jeunesse a eu la bonne idée de faire deux couvertures différentes pour que les libraires puissent l'installer aussi bien en jeunesse qu'en adulte…

Après (Gaïa, 2012), le lecteur retrouve le commissaire Hjalmar Lindström et sa jeune associée d'origine asiatique (et désormais amante) Monika Gren. Dans la même veine que le 1er opus, cette nouvelle enquête, loin d'être un thriller mais plus proche d'un roman noir et social, plonge de nouveau au cœur de Malmö, 3ème ville de Suède, multiethnique, où le nombre d'immigrés atteint 30% de la population.

L'activité portuaire n'est plus aussi intense et prospère aujourd'hui. « Ca grouillait de vie, alors. Maintenant, on se dirait dans un tombeau. Les quais sont déserts. Il n'y a plus qu'un porte-container de temps à autre. » La crise menace les emplois, la cohésion sociale. Etranger, il ne fait plus bon vivre en Suède, notamment à Malmö qui a vu  par ailleurs la naissance du « Mouvement social européen » (créé, entre autres, par l'universitaire Per Engdal), dont le projet était de coordonner les différentes organisations d'extrême-droite et néofascistes européennes.

Aussi lorsqu'un SDF est retrouvé mort dans son taudis brûlé, situé dans un quartier désaffecté des chantiers navals, peu de monde s'émeut. La période de Noël est imminente, les effectifs de la police restreints. Aussi cet accident, dont on ne sait pas trop au départ, s'il peut s'agir d'un homicide, n'est pas une priorité et arrangerait, au final, une partie des habitants du nouveau complexe d'immeubles pour qui ce baraquement nuit à leur environnement, fait baisser la valeur de leur logement. « C'est une honte pour le voisinage […] C'est des drogués, de la racaille, des parasites en tous genres. » Lorsqu'en plus la victime est un homme âgé, surnommé l'Espagne, donc peut être même pas Suédois, l'urgence à résoudre l'enquête, à dénicher le ou les coupables devient  vite secondaire, en passe même de pouvoir être classée sans suites. « Un SDF de plus ou de moins, c'est pas le bout du monde… […] Je n'ai personne d'autre à t'adjoindre, l'affaire n'est pas assez urgente pour cela.»

Mais voilà, c'est sans compter sur l'engagement et le sérieux de Monika Gren, dépêchée sur le terrain, bien décidée à expliquer ce drame, à interroger la petite communauté d'hommes qui partage ce bidonville avec la victime : l'Angoisse, Joyeux, le Comptable, le Capitaine, tous laminés par la vie,  éprouvés par le quotidien, exclus de la société. Désabusés, ils ont gardé la force de lutter encore, malgré la peur, le rejet. Avec patience et abnégation, épaulée par Hjalmar (pourtant moins disponible, affecté dans sa vie personnelle, indécis et malheureux), elle gagne la confiance de ces marginaux et remonte peu à peu la piste de jeunes Suédois néonazis.

Un roman où alternent des parcours de vie différents, représentatifs d'une société suédoise qui ne parvient plus à vivre en harmonie, où la lutte des classes est toujours un combat nécessaire. Il fait décidemment très froid en Suède. Les relents d'antisémitisme, de xénophobie soufflent sur la ville, offrent au lecteur l'image d'une société sombre et menaçante, en mal de repères, déstabilisée, où l'intérêt individuel a supplanté toutes valeurs collectives, ôte tout discernement et fait naître des comportements délirants et dangereux. Que ce soit Dante, harcelé dans l'enfance, ou Jésus, désœuvré et sans personnalité affirmée, influençable, ils sont tous fragilisés (alors qu'ils sont suédois d'origine), laissés pour compte par une société qui ne leur offre ni épanouissement ni sécurité et deviennent alors les proies idéales de réseaux négationnistes et extrémistes. Quand la haine de l'étranger permet l'affirmation de soi, donne le sentiment d'exister, d'être « utile »… jusqu'à tuer de sang froid, sans repentir.

Sans excès ni démesure, Ekelund se fait visionnaire en quelque sorte de cette dérive néonazie (le livre date de 2003) car certains de ses personnages ne sont pas loin de ressembler à Anders Breivik, le  jeune tueur d'Oslo. Bref, un livre qui ne donne pas vraiment envie de vivre ici mais insiste sur la nécessité de reconquérir les valeurs de solidarité, de justice et d'égalité sociales, de tolérance et d'accueil qui autrefois ont fait la réputation de la Suède.

Le couple Monika-Hjalmar, en service comme en privé,  est un bel exemple de  cette reconquête. A suivre, donc…