S'il est minuit dans le siècle

Katherine Mansfield décédait il y a 100 ans où un peu plus (le 9 janvier 1923 précisément), mais qui est donc cette illustre inconnue ? C’est précisément ce que va s’attacher à faire Madame la Professeure Henriette Levillain qui a publié chez Flammarion cette biographie, Katherine Mansfield. Rester vivante à tout prix, vous la faire connaître.

Brève biographie de l’aveu de son autrice, d’une femme morte de la tuberculose près de Fontainebleau à 34 ans. Née à Wellington en Nouvelle-Zélande, nous savons dès la quatrième de couverture que cette femme a eu une vie différente de la vie conventionnelle que devaient avoir les jeunes femmes de son époque. « Parvenue en Angleterre en 1908, elle s’affranchit de toutes les convenances, persuadée que sa création littéraire bénéficierait de cette libération ».

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Danseuse et chanteuse pour gagner sa vie, elle cumulera les aventures sans lendemain, fera une fausse couche, deviendra stérile et renaîtra de ses cendres grâce à l’écriture. Une âme faite pour écrire. L’écriture comme drogue, nécessaire pour « rester vivante à tout prix ».

En refermant ce livre, nous regardons ce portrait, un échange de regard entre ce qui est et n’est plus et nous espérons presque qu’elle ressente la légère honte que nous avons à ne pas l’avoir connue plus tôt. 
Le mal est réparé chère Katherine Mansfield, ceux qui liront cette biographie ne vous oublieront plus !

Le plus célèbre des artistes urbains et en même temps le plus grand des inconnus, Banksy, se révèle grâce aux italiens, Stefano Antonelli et Gianluca Marziani, et aux éditions Place des victoires.

De manière chronologique, entre street art, sérigraphies, installations, pochoirs… On comprend mieux comment il est devenu une des plus grandes figures de ce changement de paradigme de création, comme l’importance de son discours social.

En revanche, on ne sait toujours pas à la fin qui se cache derrière Banksy...

Une petite pierre mauve, liée par un mince fil de métal argenté. Cette gemme dissimulée derrière un des tableaux de la mère de Séléné Savel est le lien le plus intime, ténu et étrange, la rattachant à ses lointains souvenirs maternels. Depuis son arrivée chez sa Grand-Mère Milou, ses pensées vont à cette chère disparue. Séléné a 16 ans et quitte à présent sa Bretagne natale afin d'entamer ses années de  lycée dans un établissement snob et privé parisien.

Une nouvelle école, une cousine peste, de nombreux ennemis, une professeure cassante à la discipline de fer. Pénible, mais rien que l'on ne puisse surmonter. Un jeune homme au charme hypnotique du nom de Lazlo, de mystérieux mails enflammés, des fêtes endiablées. Une tentative d'agression par une jeune fille à la chevelure argentée, la légende d'une civilisation antique passée, le mystère de la disparition de la mère de l'héroïne. La gemme palpite, le danger est imminent et les passions de tout ordre vont faire éclater les croyances de l'adolescente.      

est un pur roman pour grandes ados, sur les rapports entre jeunes, l'apparence, les débuts de sentiments amoureux compliqués, l'effet de clan avec ses dérives. Le ton est volontairement « mièvre » afin de faire transparaître l'innocence et l'inexpérience. Les projections fantasmées du sentiment amoureux sont assez bien restituées pour cela. Séléné est présentée comme une jeune fille qui se laisse séduire par « le loup » et semble avoir besoin de faire ses erreurs pour grandir.

Ce premier tome imaginé par Marilou Aznar offre un univers beaucoup plus terre à terre que ce que suggèrent la couverture et quelques détails livrés par les personnages du livre. Sa chute en revanche promet une suite beaucoup plus fantastique. Néanmoins, à la lecture, nous devinons que l'auteure continuera à conserver toujours ce ton réaliste, simple, cette approche toute ado restituée par Séléné qui permettra à chaque jeune lectrice de se reconnaître dans les ressentis évoqués tout du long. Les amatrices de jeunes romances et de bellâtre mystérieux seront aux anges.  

J'adore le travail de François Ayroles et encore une fois je me suis laissé séduire par cet amoureux des jeux narratifs que seule la bande dessinée peut permettre. Page de gauche, l'histoire d'Adèle, page de droite celle de Julien... Aux mêmes endroits, aux mêmes moments... à se croiser... ou pas. Parviendront-ils à de nouveau se réunir ?

Une délicieuse ambiance de vacances, un univers très Tati, des dialogues savoureux pour un moment de lecture dont je me suis délecté !

J’espère que François Ayroles ne m’en voudra pas d’avoir entièrement redessiné sa couverture, mais je me suis régalé à le faire.

Bon week-end à toutes et tous, qu’il soit en bord de mer, d’un lac, ou ailleurs…!

Christophe Chabouté, grand maître du noir et blanc en bande dessinée, nous révèle le quotidien haut en couleur des œuvres d’art au sein du magnifique Musée d’Orsay.

Et si on inversait les rôles ? Les visiteurs deviennent les sujets de d’observation à travers les yeux des pièces de musée qui, nous le découvrons au fur et à mesure des pages, se laissent aller à leurs émotions après nous en avoir tant fait ressentir une fois que les portes se referment.

Les pages sont superbes, le dessin incisif d’une composition esthétique et expressive remarquablement maîtrisée nous emporte dans cet envers du décor plein de malice, de subtilités, de légères facéties, de sentiments contenus… offrant au lecteur une place privilégiée et précieuse.

L’art et la vie sont alors indissociables.

Petit bonus bienvenu en ce moment à la librairie @bdfuguecafeannecy, pour l’achat de cette bande dessinée et d’un autre roman graphique des éditions Glénat/Vents d’Ouest, nous vous offrons — dans la limite des stocks disponibles — un très beau tote-bag orné d’un dessin de Peau d’Homme !

Fin observateur, Christophe Chabouté signe un album plein de poésie qui nous invite à réfléchir sur notre rapport à l’art, nos certitudes et à la manière dont nous percevons le monde. Se jouant des visiteurs, mais jamais du lecteur, il laisse place à la contemplation avec humour et sensibilité. »

Si vous espérez que Spa va vous détendre et vous plonger dans un bain d'eau chaude, détrompez-vous. Ce n'est pas un hasard si ce gros pavé aux pages jaspées de rouge a la couleur du sang. L'action de ce roman graphique traduit du suédois a beau se dérouler dans un centre de relaxation, l'histoire va vous crisper et faire crépiter vos neurones. Et vous donner des envies de fuir ce lieu malaisant.

Au fil des nombreuses pages, on suit un couple qui espère trouver la paix de l'âme au cours d'un séjour balnéo, une équipe de professionnels en week-end de teambuilding foireux, une star de classe internationale venue profiter d'un traitement platine et, bien entendu, tout le personnel de l'établissement qui semble recruté selon des critères où la productivité ne figure pas très haut.

Ajoutez à cela une bonne dose de cadavres en décomposition, de tuyaux qui fuient, de réparateurs amateurs, de tableaux qui prennent vie et de couloirs hantés et vous comprendrez pourquoi « Spa » rappelle plus « L'hôpital et ses fantômes » de Lars Von Trier que les souvenirs de séjour en thalasso...

Délirant, glauque à souhait, surprenant et inquiétant, ce fascinant « Spa » a été traduit du suédois par Florence Sisask

Emma a 17 ans et plus un cheveu sur la tête. Souffrant d’alopécie, elle a été victime de harcèlement scolaire. Pour lui permettre de se reconstruire sa famille, prends un nouveau départ loin de ces sombres souvenirs direction Strasbourg.

Emma est prête à tout reprendre à zéro accompagné d’une nouvelle alliée, sa précieuse perruque…

Un roman lumineux et positif qui traite de sujet aussi sérieux que la maladie, les relations toxiques ou le harcèlement avec justesse et ce qu’il faut d’humour décapant.

Maëlle Desard jongle entre scènes fortes, flash back et instant plus léger avec habilité au travers d’un quatuor de personnages hauts en couleur et d’une rare profondeur. Une belle surprise…

Méoukivont ? Un loir et une taupe s'apprêtent à se rencontrer. Mékeskeçé ? Un nuage rose apparaît devant moi. Une jungle prend forme derrière des barreaux de fer. Mékeskifont? Coccinelle, scarabée, abeille semblent sages mais pour combien de temps? Mékeskiscache ? Mékeskirgardent ? Mékeskiscouche ? Autant de questions farfelues que de réponses oniriques à découvrir.

Pour commencer 2013 voilà une petite merveille. Chaque double page cache un volet dépliable où l'on se laisse surprendre à imaginer ce qu'il s'y passe. Puis l'illustration est dévoilée et, sous quelques notes de poésie, offre un moment délicat presque mélodieux grâce aux mots savamment choisis par David McNeil. Les illustrations de Tina Mercié empreintes de réalisme se révèlent page après page comme des tableaux. Ce livre inspiré et inspirant donne envie de se prêter au jeu, de créer nous aussi des saynettes curieuses où l'on piège gentiment le lecteur. Un livre à savourer seul ou à plusieurs.

Avec le retour des beaux jours et des longues soirées d'été passées entre amis ou en famille, vient aussi le plaisir de cuisiner simplement, de manière conviviale et détendue. Quoi de mieux alors qu'une  ?

Détenteur ou non d'un jardin ou d'une terrasse, le barbecue, selon le modèle que vous choisirez, conviendra à votre environnement, même s'il se résume à quelques mètres carrés sur un balcon au 3ème étage d'un immeuble.

Ce petit guide dresse la liste des barbecues disponibles sur le marché : charbon de bois, bois, gaz, électrique ou solaire  avec la liste de leurs avantages et inconvénients, tels l'odeur de fumée, le goût unique de fumé, le meilleur marché, le meilleur rendement, la meilleure cuisson, le nettoyage le plus simple ou le plus écolo. En fonction de vos critères de choix, l'un d'entre eux finira forcément par vous convenir et intégrer votre maison.

Alors, vous pourrez vous plonger avec gourmandise dans la 2ème partie de l'ouvrage et découvrir les aliments prédisposés à ce type de cuisson, de la viande en passant par le poisson, les crustacés et fruits de mer, puis les légumes et même certains fruits, voire les œufs. A cette liste, s'ajoutera quelques astuces utiles pour une cuisson parfaite et savoureuse.

Enfin, 100 recettes vous attendent ensuite pour épater vos convives. « Des brochettes de canard à l'orange aux brochettes de boudin noir pommes en l'air, des gambas sauce mentholée ou un tartare de tomates et concombres grillés, en passant par les bricks de feta ou encore les abricots rôtis et même les gâteaux au chocolat cuits dans une orange », vous n'aurez sans doute pas assez de soirées à partager pour les tester toutes mais de quoi assurer, côté variété et originalité.

Enfin le petit plus non négligeable : ce livre consacre également un chapitre aux sauces, marinades et épices et quelques accompagnements (salades, boissons…) pour agrémenter vos grillades.

Un bel été en perspective  sans trop forcer sur les calories !

#PrixFrontieres23 – Arrivée en France, Polina a dû se battre. Un nouveau pays, une nouvelle culture, une nouvelle langue... un nouveau prénom ? On l’a obligée. Et l’autre, l’ancien, le vrai ? Elle en a été privée, dépossédée. Il a été modifié et transformé.

Quand elle rentre à l’école, un « e » change tout. Pauline. Cette simple lettre était censée faciliter son intégration en France. Un changement qui, parvenue à l’âge adulte, ne plaît pas du tout à la jeune femme. Ce prénom, c’était le sien. C’était son histoire, son passé. Et pas seulement le sien, mais aussi celui de sa grand-mère.

Quand elle voulut inscrire Paulina sur ses papiers d’identité, rien n’est allé comme prévu. Elle essuie un refus ferme : désormais, Pauline a remplacé Polina. Mais ces syllabes incarnaient plus qu’une sonorité : elles portaient tout un héritage. Et son objectif, c’est de le regagner.

Commence alors une bataille entre Polina et la justice pour retrouver officiellement son prénom de naissance.

« J'ai toujours voulu me perdre dans un autre monde. Si cet autre monde doit être de ma fabrication, la démence vaut mieux que de coûteux psychotropes. »

Tyst s’ouvre comme une fleur en pleine éclosion. C’est une histoire qui commence, doucement, un peu de la même manière qu’on s’éveille après une bonne nuit de sommeil. Une invitation à ouvrir les yeux, à se réveiller, à observer le monde… autrement.

Dans ce récit aux airs de conte fantastique, quelque part dans une Bretagne à la fois étrangère et familière, nous suivons Sauda le Du, qui doit se lancer dans une quête. Laquelle ? Tout n’est pas clair, pourtant nous acceptons le voyage. D’un monde à l’autre, d’une strate à l’autre, entre le Pays Vif et le Pays Dormant, Sauda fait de nombreuses rencontres, tout en racontant.

Elle raconte, comme on décrit la vie, comme on décrit le ciel. Elle raconte ce monde que nous, endormis, ne pouvons pas voir. Est-ce une incapacité ou un refus ? Sommes-nous hermétiques à ces créatures, ces univers, ces pensées, ces flux tout autour de nous qui vibrent à chaque instant ? Là non plus, tout n’est pas clair. Et c’est là tout le propre de Tyst : accepter de rester dans l’incertitude, le temps de quelques pages. 

Ce court roman est riche et si généreux. Autant par les thèmes abordés – comme la nature et sa souffrance sous la main humaine – que par la plume, envoûtante, délicieuse…

Non, les quelques lignes qui vont suivre n'ont absolument rien à voir avec les gros volumes qui prennent la poussière sur l'étagère de la salle à manger. Quoi que.

répértorie joyeusement pléthore d'animaux, classés selon des catégories rangées par ordre alphabétique allant des « architectes » aux « voyageurs », en passant par les « gladiateurs »ou les « maîtres du camouflage ». Couleurs, caractères, milieux, bref, toutes les particularités possibles et imaginables, y compris les plus rigolotes, sont pensées dans cet album délicieusement contemplatif, qui flirte doucement avec le documentaire pour le caractère informatif que l'on peut néanmoins y trouver.

Notons qu'en plus de reposer sur un classement original et fantaisiste, les illustrations elles-mêmes respectent cet esprit sympathiquement déluré qui fait tout le charme de l'album : les « sauteurs » s'échappent de la page, les « domestiques » s'accomodent visiblement sans problème des humains et une mention spéciale pour les « menacés » que l'on a terriblement envie de câliner.

On ne peut que saluer le travail de recherches titanesque d'Adrienne Barman. Des recherches menées aussi bien en zoologie qu'en graphisme, puisqu'il faut signaler ses très belles harmonies de couleurs. Nul doute que vous ferez la rencontre d'un animal inconnu et incongru dont l'évocation vous permettra de briller en société. Un album qui peut être contemplé petit, mais en étant plus grand ça marche très bien aussi.

Nouvelle-Orléans, années 50.  Josie Moraine est la fille d'une prostituée peu attentionnée. La jeune fille a grandi dans un bordel du Quartier français, sous le regard bienveillant de la tenancière de la maison close. A dix-sept ans, la belle Josie a pris son envol et travaille dans une librairie du quartier et habite seule la petite chambre au-dessus de la boutique. Si Josie est passionnée par la littérature, elle a le rêve complètement fou d'étudier dans la prestigieuse université pour filles Smith dans le Massachussetts. Mais comme une fille de prostituée vivant dans un des quartiers les plus pauvres et dangereux de la ville pourrait-elle prétendre à un tel rêve ?

Et plus que tout, comment Josie parviendra-t-elle à prouver son innocence dans une affaire de meurtre dans laquelle elle, sa mère et la maffia sont mêlés ? Sera-t-elle obligée de suivre le même chemin que sa mère pour rembourses ses dettes ?

Le deuxième roman de est un coup de cœur. Porté par une héroïne forte et intelligente, nous plonge dans la chaleur de la Nouvelle-Orléans des années 50. L'air y est moite et bruyant. On entendrait presque des éclats de voix s'échapper des fenêtres de la maison close, les pas de Josie dans les ruelles malfamées du Quartier français, le ronronnement de la voiture que Jesse répare…

Aucune fausse note malgré un sujet qui aurait pu faire tourner le récit du côté du pathos et du larmoyant. La grande force du roman de Ruta Sepetys est sans aucun doute la galerie de personnages secondaires qu'elle a créés. Willie, la propriétaire de la maison close qui veille sur Jo comme sur sa propre fille, Cokie, l'affectueux chauffeur, les prostituées avec lesquelles Jo a grandi, Jesse, le jeune et beau mécanicien… Tous ces personnages donnent toute sa saveur au roman. On s'attache à eux dès la première page du livre pour ne les laisser reprendre le cours de leur vie qu'une fois le livre terminé. 

Un nouvel an chargé et un ordi qui ne veut plus aller sur internet ont fait que je ne vous ai pas encore souhaité une très bonne année 2012 !

Enfin pas encore, ça dépend à qui, car entre twitter, facebook et les blogs, certains ont eu le droit à mes vœux plusieurs fois ! Alors pour ceux que je n'ai pas encore eu ou vu, je vous souhaite une excellente année 2012, pleine de réussites personnelles et professionnelles, de petits et grands bonheurs, d'amour et d'amitié.

Et bien sûr de nombreuses lectures, papiers ou numériques, de belles découvertes et de beaux voyages.

Concernant le blog, ce début d'année ne va pas me permettre de rattraper les chroniques en retard dans la mesure où j'ai mon mémoire de fin d'étude à rendre le 31 janvier... Mais ensuite je me rattraperai ! Il y aura donc seulement quelques chroniques en ce mois de janvier ainsi que l'article sur le swap avec Miss Alfie, mais normalement vous retrouverez toutes les semaines la revue du web !

Encore une fois bonne année 2012 ! Et à très vite !

Photo trouvée ici !

Erwan Barillot est un conseiller en relations publiques, mais pas seulement. Auteur du président liquide, qui fait notamment référence au maître concept de Zygmunt Bauman, la société liquide, il revient avec un premier roman, Moi, Omega, nourrit de toutes ses réflexions sur les transformations du monde et du rapport entre les gens.

Une brillante méditation qui retourne à Teilhard de Chardin et sa thèse : le bout de l’évolution technologique nous fera retourner à l’âge d’or, retrouvant une idée de Dostoïevski qui pensait qu’au bout, une nouvelle inconscience rejoindrait ces temps premiers où l'homme, à l’instar de l’animal, ne serait plus séparée du Monde, donc de Dieu.

Cette folle idée, Erwan Barillot la décrit en direct de 2064…

Dans ce Los Angeles post-apocalyptique et dictatorial, deux mondes s'opposent. La République qui fait régner l'ordre par la force, et les Colonies dont les membres se révoltent contre le gouvernement. June est un exemple pour les jeunes de son pays: elle est la seule à avoir fait un sans faute à l'Examen. Ce véritable petit génie, un poil rebelle et d'un patriotisme à toute épreuve, est une recrue redoutable au sein de l'armée. Day est son inverse. Né dans les quartiers pauvres et ravagés par les épidémies, ce hors la loi solitaire au grand cœur joue les Robin des bois en défiant les autorités.

Ces adolescents que tout oppose, s'apprêtent pourtant à être rapprochés par les événements, car lorsque le grand frère de June est assassiné, tout accuse Day, l'ennemi public numéro un. Et la jeune fille ne reculera devant rien pour se venger de celui qui lui a pris le dernier membre de sa famille…

Avec , son premier roman, la jeune fait une entrée fracassante dans la dystopie Young Adult. À travers un univers riche et des intrigues politiques complexes, le premier tome de cette nouvelle saga est plutôt réussi. Les personnages principaux sont intéressants et attachants et même si leur relation évolue bien rapidement, on se prend très vite au jeu et on se surprend à les aimer et à craindre pour leur survie. Le style est fluide et la narration percutante ce qui fait de Legend un excellent divertissement. On regrette cependant une certaine inégalité dans le récit. Tandis que la première partie, bien plus lente, fait figure d'introduction, la seconde ne laisse aucun répit et les péripéties s'enchaînent à un rythme effréné.

Pacha et Max sont les meilleurs amis du monde. Vivant d'amitié, de restes de repas et de petits tours de magie. Pour égailler le quotidien des poubelles bien grasses, le chien et le chat apprécieraient volontiers un petit coup de pouce pour aller de l'avant. Fort heureusement, l'installation d'un cirque leur donnera l'occasion de jouer de leurs talents, prestidigitation et clownerie, afin de gagner quelques piécettes sonnantes et trébuchantes. Pourtant Max se montrera bien différent devant le succès et en oubliera ses promesses d'amitié. Magic Pacha sera à deux coussinets de perdre son meilleur ami.

Une belle histoire d'amitié de doublement renforcé par l'impensable alliance d'un chat et d'un chien. Et pourtant. se montre un petit personnage sans rancune devant la trahison, préférant retrouver ce qui s'est égaré plutôt que de jeter une belle amitié «aux orties» comme l'on dit. C'est une histoire amusante avec sa petite dose de fantaisie et de philosophie à la portée des petits. L'argent ne fait pas le bonheur, il y contribue certes, mais rien ne vaut des liens indéfectibles contre les vents et marées des mauvais jours. Cela promet des moments inoubliables, une attention des petits bonheurs simples. Et oui, nous avons le droit de nous tromper. La bêtise de Max sera vite pardonnée. Un style animalier à rapprocher d'un excellent Marc Boutavant, papa de «Mouk l'ourson» en plus épuré. Un talent à surveiller de près.

Ruby Bridges était grande comme trois pommes, avait six ans, et tête haute fut la première black à entrer dans l’école William Frantz. Il fallut quatre policiers pour l’accompagner. C’était en 1960, et 60 ans plus tard, d’aucuns feignent avoir oublié.

Norman Rockwell, vigie entre tous, en fit « The problem we all live with ». En ces temps déchirants où chacun oublie l’histoire, en minuscules et majuscule, être à hauteur d’enfant.

Bouleversant album paru aux éditions de l’Elephant. Tout ce qu’elle voulait c’était « être comme », lire, écrire, et partager sa maîtresse et son repas avec les autres enfants blancs. Au nom de quoi refuser cela ? Quelle justification ?

Ô vous, frères humains, ne plus vouloir faire partie de votre meute qui aboie, de part et d’autre de la frontière que la peur, la souffrance et l’oubli continuent de bâtir.

À partir de 6 ans pour les parents qui lisent des histoires aux enfants, à partir de 10 ans pour les petits qui veulent être grands. Et encore et toujours pour les grands qui veulent réfléchir.

“Reviens, tout est pardonné !” Tout Benjamin est là. Publié en 1928, Rue à sens unique, presque une réponse aux chemins qui ne mènent nulle part : de petits textes fragmentaires, ou plutôt des collages à la Dada ou Burroughs, et de la pensée au travers de souvenirs d’enfance, notes autobiographiques, scènes de la vie de l'asphalte et de réflexions des plus volatiles. 

Walter Benjamin est un penseur exigeant, car tous ses axiomes s’éloignent radicalement de l’intuitif, tout en étant intégralement, en dernière analyse, du ressort de l’intuition totalisante. Benjamin fait de la philosophie en poète, comme Nietzsche, et parle de la Modernité. Déjà, les marchandises de Chine, le ministère de l'intérieur, mais aussi les salons de coiffure pour dames, le bureau des objets trouvés…

Sa technique d’écrivain : “Ne laisse aucune pensée passer incognito, et tiens ton carnet de notes de façon aussi draconienne que les pouvoirs publics tiennent le registre des étrangers”.

“Le travail d’une bonne prose comporte trois niveaux : un niveau musical, dans lequel elle est composée ; un niveau architectonique, dans lequel elle est construite ; enfin un niveau textile, dans lequel elle est tissée.”

Permanent Midnight (trad. Philippe Aronson et Emmanuelle Aronson) de Jerry Stahl, c'est comme plonger tête la première dans un cocktail explosif d'Hollywood, où les paillettes se mélangent à la poudre blanche et où les seringues remplacent les feutres. Stahl, cet électron libre, nous embarque dans son autobiographie, oscillant entre un humour décapant et une mélancolie à fleur de peau. 

Visualisez un scénariste doué, empochant des chèques à six chiffres pour des sitcoms, tout en cherchant sa veine dans les recoins sombres des studios. C'est brut, c'est audacieux, et ça vous prend aux tripes ! On oscille entre rires nerveux et larmes amères face à cette descente aux enfers. 

Si vous voulez une histoire à l'eau de rose, détournez-vous. Mais si l'appel du gouffre d'Hollywood vous attire, sautez le pas ! Permanent Midnight, c'est comme une virée en montagnes russes dans l'âme tourmentée d'un créateur. 

Et si vous hésitez encore, sachez que ce n'est pas qu'une simple introspection : c'est une plongée vertigineuse dans les méandres d'un artiste cherchant sa lumière. Aventuriers, prêts pour le grand saut ?

Trois vieilles sorcières, Bryglia la frustrée, Sortiléga la gourmande et Fébris à la santé fragile discutent sérieusement dans leur vieux manoir : dans quelques jours à lieu la fameuse fête de Walpurgis et seule Sortiléga se réjouit à l'idée de s'y rendre.

Pendant ce temps, non loin de là, dans le monde des fées (qui, c'est bien connu, côtoie toujours le monde des sorcières !) de naïves reines des moissons élèvent des nourrissons tout en rime et en douceur, même si cela exaspère Titania, la grande reine du pays.
Dans le vieux manoir des sorcières, l'instant est aux retrouvailles puisque Pancéa, la nièce adorée des trois vielles refait son apparition, après des années passées sur terre. Hélas, elle ne revient pas seule ; elle est accompagnée de Rex Spot son mari qui ne pense qu'à la consommation et Hécate, sa fille taciturne.

Une invitée surprise décide de se joindre à ces retrouvailles : une petite fée espiègle surnommée Hazel qui s'est échappée du monde mielleux ou elle grandissait.
La joyeuse tribu décide de se rendre à la grande fête de Walpurgis où les nombreux participants n'ont qu'à bien se tenir entre Rex Spot qui veut à tout prix leur vanter les bienfaits de la télévision et ses jeux stupides et Hazel qui transforme tout sur son passage !

Juanjo Guarnido nous revient (enfin) après de longues années de silence suite à sa merveilleuse trilogie Black Sad (un polar animalier très drôle qui s‘appuie sur de grandes affaires américaines). Sorcelleries s'adresse aux plus jeunes lecteurs, toujours avec autant d'humour et de dérision et un trait légèrement plus coloré pour une satire merveilleuse et pleine de justesse.

Les mamans ont-elles toujours des enfants parce qu’elles en ont envie ? A Cali, dans les années 1980, la touchante petite Claudia a de bonnes raisons de se poser la question. Sa maman, une Emma Bovary des temps modernes, s’ennuie profondément dans sa vie conjugale, avant d’entamer une relation passionnelle avec un autre sous les yeux de sa fille.

L’histoire d’amour est impossible, l’amant prend la fuite, et Claudia voit sa mère sombrer peu à peu. Comment faire remonter la pente à celle qui ne vous a jamais réellement aimée ?

Un livre léger, de prime abord : le soleil, les plantes vertes, la Colombie … Avant de basculer dans une torpeur dérangeante, où le précipice est omniprésent, où l’on plaint Claudia autant que sa maman, qui n’a rien trouvé de mieux que le whisky et les magazines pour s’éloigner de cette vie dont elle n’a jamais voulu.

Ne vous fiez pas à sa jolie couverture qui donne envie de l’emmener sur la plage, Nos abîmes, Prix Alfaguara en 2021, est bouleversant.

Sarah est une jeune adolescente, fan de musique rock, entourée de son groupe d'amis et un peu rebelle, elle est entourée d'une famille aimante jusqu'au moment où tout bascule.

Comment faire face à la mort d'un être cher quand on est aussi jeune ? Endeuillée par le décès soudain de sa mère, Sarah est assaillie par la douleur et le chagrin qu'elle ne sait plus gérer. Les rumeurs et les espoirs s'emmêlent dans sa tête et une sombre conviction en émerge : si la vie éternelle existe, elle ne perdra plus jamais ceux qu'elle aime.

Entre histoires de vampires et mystérieux parasites, laissez-vous entraîner dans la spirale infernale de Live Forever !

Par Cloé & Daniel de la Librairie Heroes de Saint-Étienne

Litli est une marionnette qui nous emmène en Islande. Nous suivons donc ce petit bonhomme dans les paysages volcaniques, sur les bords de l'eau, dans la ville... On contemple avec lui, on s'émerveille avec lui.
Grâce à la beauté des photographies de Séverine Thevenet, au texte minimaliste de Catherine Leblanc, on peut apprécier pleinement ce livre, on pourrait presque recréer un autre imaginaire, une autre histoire avec Litli. Finalement la "soliquiétude", terme inventé ici, caractérise tout à fait l'état dans lequel on est après avoir ouvert ce livre: une quiétude bien agréable...

Litli, soliquiétude
Auteur : Catherine Leblanc
Photographies : Séverine Thevenet
Éditeur : Où sont les enfants ?
ISBN : 9782915970159

Quatre ans après la peste de 1575 qui fit 50 000 morts, Venise se réveille dans les brumes d'hiver, à la période du carnaval, avec des angoisses liées aux cadavres que l'on retrouve, une salive noirâtre aux lèvres ! la peste est-elle de retour ?

Dans le brouillard de la lagune, Flora, une jeune courtisane de 17 ans, est un rayon de soleil à la recherche de la vérité ! est-ce la peste ou une malédiction ? et surtout qui est derrière tout cela ?

La période de carnaval ne va pas faciliter les recherches : tout le monde se cache derrière un masque !

Loin des clichés, (qui vous avait annoncé ce roman lors de cette interview...), nous fait découvrir une ville aux personnages attachants avec des relations de pouvoir, d'amitiés et d'amour mais aussi une ville extrêmement troublante, pris dans des croyances irrationnelles et pour cause, la mort rôde !

Pour ne pas se perdre dans les méandres de la ville et de son histoire, le mieux est encore de commencer la lecture de ce roman fascinant par les annexes (ce qui prévaut pour tous les autres de la collection Courants Noir...) pour comprendre les personnages et la vie vénitienne car l'auteur a fait le choix du réel et du mot "juste".

Le récit et très bien construit : on sait toujours comment, mais on ne sait jamais pourquoi et qui tue ...

Suivons Flora à travers Venise et cette Noire Lagune... attention! nous sommes en période de carnaval ... le masque est obligatoire !!!

« Comment être une fille, une épouse, une mère dans un pays qui implose ? » 

Samantha Raymond a 52 ans et expérimente la pré-ménopause juste après la gueule de bois de l’élection de Trump en 2016. 

Celle qui est endosse plusieurs rôles familiaux voit sa vie s’effriter : sa mère est malade, sa fille s’éloigne, son mari l’ennuie. Coincée dans les « Mids » heures d’éveils nocturnes fixes elle se surprend à revenir sur les expériences qui ont façonné son existence : événements politiques, maternité, mortalité…

En proie à cette crise elle décide de quitter la banlieue et sa famille pour acheter une vieille bâtisse à 38.000 $ dans un quartier délabré de Syracuse. 

Récit d’une recherche d’émancipation.