Tout téléspectateur de plus de 20 ans aura encore à l'esprit cet instant de gloire des Guignols de l'info où la marionnette d'Alain de Greff se présente devant le CSA pour tenter de justifier le comportement d'un vrai-faux présentateur, Michael Kael. Ce dernier a en effet, en plein reportage pour Groland, enculé un mouton. Et la question se pose, ou tout du moins le CSA la pose : pourquoi c'est drôle ? De Greff va se démener, mais tout porte à croire que rien n'y fera...
Dans son avant-propos, Jean-Bernard Piat réalise la prouesse de parler de l'humour sans en faire, ce qui est dur, ni se montrer rébarbatif, ce qui est dur aussi, mais un peu moins. Introduisant six grands types de déclinaison qui seront autant de sections pour ce livre, il en établit une rapide définition, avant de nous laisser plonger dans la théorie.
Va donc pour des humours classifiés : l'Affectif, le Cérébral, le Loufoque, le Noir, l'Absurde et le Pastiche. Et pour le choix des auteurs les illustrant, le panel est propre : Dickens, Henry, Renard, Stockton, Wilde, Twain, Bierce, Allais, Balzac.
Du beau monde, certes, et d'origines variées, mais justement : quitte à déployer un panel d'auteurs, pourquoi ne pas plonger dans d'autres continents ? Anglais, Français, Américains (et Irlandais, pardonnez-moi monsieur Wilde) n'ont pas l'apanage de l'humour. Pourquoi avoir négligé les auteurs russes du XIXe siècle ? Un Boulgakov aurait largement eu sa place ici... plus qu'un Balzac à mon sens, même.
Enfin, point de regrets, et posons-nous la question : Ces textes illustrent-ils les classements établis par M. Piat ? Ben... c'est pas compliqué, suffi de demander. D'un point de vue scolaire, ces nouvelles peuvent aider à approcher le traitement de l'humour et du rire, avec des textes qui ne sont effectivement pas très compliqués et plutôt agréables. Pour le lecteur de passage, de même, il aura là, matière à découvrir quelques jolies pièces sympathiques. Et l'immense avantage de cette collection Librio, son tarif de 2 €, ne manque jamais d'aider et de convaincre. Dans l'ensemble, on constate bien les nuances entre chaque texte, alors mettons que oui, c'est bien fichu.
Alors oui, un bon petit livre, polisson et espiègle, dont je regrette l'occidentalisme trop affirmé.
Mais au fait : est-ce drôle ? Bien, le simple fait d'avoir mis Alphonse Allais dans un recueil sur l'humour, cela prête déjà à rire, non ?