Corto Maltese se défie de la politique autant que de ceux qui la pratiquent : quand on est gentilhomme de fortune, on vit pour les aventures où le rêve et le réel se confondent. Arrivé à Berlin pour retrouver Jeremiah Steiner, le commandant découvre avec terreur qu’il a été assassiné. Et voici Corto qui se prend la cuite de sa vie, pour oublier la peine.
En cet automne 1924, quatre ans après la création du parti national-socialiste par Adolf Hitler, l’Allemagne est en proie à de terribles conflits intérieurs. Les haines s’exacerbent plus encore, après qu’en novembre 1923, Hitler a tenté de prendre le Land de Bavière, lors du Putsch de Munich.
Et comme il se doit, les sociétés secrètes d’extrême droite attisent la vindicte, cherchant les coupables idéaux pour renforcer le nationalisme allemand.
Pourquoi, au milieu de cette future débâcle, un jeu de tarot ancien deviendra-t-il un tel enjeu ? La République de Weimar tremble, la guerre civile se profile alors que les espions communistes prolifèrent.
Tous les ingrédients propres aux aventures de Corto se retrouvent, dans un ancrage historique des plus violents. Inutile de revenir sur la reprise par Juan Díaz Canales et Ruben Pellejero du personnage : chacun a son avis. Notre héros présente ici un visage peut-être plus fragile que d’ordinaire – et plus humain, certainement.
Séduisant, cet album prolonge le plaisir, avec un petit pincement au coeur tout de même…