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Atc avocksouma Djona

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Même si mes yeux pleuraient, mes larmes ne couleraient pas

Marzam est un pays où tout ramène à la mort qu'on aime plus que la vie. Sur toutes les ondes des radios nationales, qu'elles soient publiques ou privées, tout le monde a les oreilles collées aux postes pour entendre les avis des décès, si ce n'est des communiqués pour remercier tous ceux qui ont contribué aux malheurs des familles éprouvées. Quant aux morts, à travers certains qui se disent connaisseurs, ils ont leur propre histoire à raconter. C'est qu'à Marzam, ils sont nombreux à se considérer comme des spécialistes de la mort. Jacques Fakarmaffi, dit le chien qui fume, et Abdoulaye Logamou, le politicien, ne sont pas en reste. Entre les morts qui sont définitivement morts et ceux qui ne veulent pas mourir, alors qu'ils le sont, il y a tant à dire. Quant à moi, Ngadatna, je trouve que les morts régissent trop notre précaire vie, et qu'il faudrait légiférer sur ce phénomène afin de mieux contrôler ses coûts socio-économiques dans le pays. De toute façon, la vie comme la mort sont des dons. Et si quelqu'un, par caprice, décide de s'ôter la vie, par exemple en se suicidant, il devrait d'abord être fouetté avant d'être enterré. C'est probablement à cause de toutes ces considérations que j'ai cessé de pleurer les défunts, car mes larmes ont, par leur propre volonté, refusé de s'épandre. Au grand dam des miens qui me honnissent pour ce comportement.

11/2018

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Si le passé t'oublie, oublie le passé

Ce jour-là, c'est le délire à Marzam, la paranoïa. La IVe République vient d'être proclamée. Nul ne connaissant les tenants et les aboutissants de ce changement majeur, tout le monde s'interroge. Et le peuple est divisé. Une thérapie collective est appliquée qui semble avoir fait ses effets. Chacun défendant désormais, comme il peut, sa position. Les partisans ou repentis se moquent du passé. Ils ont leur IVe République, c'est désormais leur bébé. Il ne faut surtout pas résister au vent qui souffle. Il faut avancer. La IIIe République est morte, vive la IVe. Ce n'est pas en se focalisant sur le passé que l'on construit l'avenir. Et chaque fois que c'est possible, leur conseil est simple : ne résistez pas à ce qui vous résiste. Contournez la montagne. Frayez un autre chemin. Erigez-vous un nouveau pont. Etablissez-vous de nouvelles relations. Après tout, on peut toujours dire non sans refuser, et dire oui sans donner. Qui veut gagner l'argent, doit perdre l'argent, car c'est l'argent qui appelle l'argent. Mais pour les résistants ou conservateurs, tous ceux qui ne sont pas pour le passé sont des sécessionnistes, des fédéralistes, des gens perdus, égarés et sans conscience ni boussole. Pour les indécis ou indifférents, il faut laisser faire, laisser aller. Le bien et le mal ont bien leur raison d'être ici-bas sur Terre. Si quelqu'un récolte la tempête, c'est qu'il a bien semé le vent. Et c'est la nature même du bât que de blesser. On n'y peut rien. C'est fatal, tout simplement. Finalement qui a raison et qui a tort ? Malgré toutes ces contradictions et ces déclarations à l'emporte-pièce, pour Abdoulaye Logamou, le politicien et ses amis, tout est bien dans le meilleur des mondes pour gouverner la cité.

11/2018