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Abrupt

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Poésie

Abrupte fable

Du surréalisme sous l'occupation allemande à l'aventure expérimentale de Cobra initiée en 1948, Christian Dotremont a traversé son temps en poète qui s'émerveille et s'inquiète à chaque fois du mystère consistant à "? aller et venir ainsi dans la réalité? ". Ses incessantes allées et venues, dont témoigne l'anthologie Ancienne éternité qu'il avait ébauchée sans pouvoir l'achever, le menèrent de Tervuren en Belgique, où il est né, à Zandvoort et à Bruxelles, à Paris et à Copenhague, jusqu'aux confins de la Finlande, dans les villages reculés d'Inari, d'Ivalo, de Sevettijärvi. Au sortir des pensionnats jésuites où il avait reçu son éducation, qui avaient été pour lui des bagnes, il se mit à écrire des vers inspirés par la poésie d'André Breton et de Paul Eluard. Mais surtout, il vouait une admiration fervente à Arthur Rimbaud, dont les poèmes l'accompagneront toujours, même si l'"? ancienne éternité? " qu'il invoque tient plus d'une éternité perdue que d'une éternité retrouvée. Dans un de ses premiers poèmes, il s'adressait d'ailleurs à tous les poètes de seize ans qui vivent et écrivent dans l'obscurité? : "? La poésie est votre forêt, votre chaumière, votre capitale. ? " La poésie fut en effet, pour Christian Dotremont, tout au long de sa trajectoire, un lieu où à la fois on se perd et on se retrouve ? ; un lieu par-delà les oppositions entre étrange au familier, vie et mort, visible et invisible, présence et absence. Ce sont des figures féminines entrevues dans ses rêveries qui l'initièrent d'abord à ces paradoxes, telle Oleossoonne, son "? soleil d'obscurité? ", ou la Reine des murs, personnage qu'il invente pour revoir "? le petit peu d'invisible qui reste ? " de son amour incandescent pour la poétesse Régine Raufast. Après la guerre, une rupture a lieu cependant avec le surréalisme moribond. Sa volonté d'explorer les étendues du rêve se double d'une volonté d'explorer les territoires de la réalité. La découverte des contrées lapones, qui apparaissent sous sa plume aussi envoûtantes qu'hostiles, est alors déterminante. Il éprouve là-bas "? la peur salvatrice de heurter du réel ? "? ; à force de froid mordant, de neiges aveuglantes, de nuits qui durent des mois, "? à force de tant de réel et de route ? ", il en vient à une lucidité nouvelle qui ébranle ses anciens repères. Les grandes étendues qu'il contemple brouillent peu à peu la frontière entre le lisible et l'illisible, ce dont il cherche à témoigner dans ses logogrammes, à la croisée de l'écriture et du dessin, comme dans ses poèmes à thèses, disloqués, qu'il détraque moins pour défigurer ses expériences que pour rendre à son évidence énigmatique ce à quoi elles se heurtent. Sur un autre mode, certains fragments de prose poétique racontent aussi les tourments et les émerveillements de ses voyages, en mêlant notations quotidiennes et étincelles d'inconnu. Au contraire de Rimbaud, qui s'était aventuré toujours plus au sud, jusqu'en Abyssinie, Dotremont s'engage quant à lui toujours plus au nord, jusque dans les climats glacés de Laponie. Il fait preuve cependant d'une volonté semblable à celle du poète revenu des enfers, volonté d'affronter et d'étreindre la "? réalité rugueuse ? ". Apprenant à affronter et à aimer l'hiver absolu, il accumule brouillons, poèmes, dessins, pour approcher l'énigme illisible des étendues blanches, et tenter "? de faire un peu de feu pour quelques autres ? ".

05/2022

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Littérature étrangère

Bleu abrupt. Douze nouvelles syriennes

Ce qu'Ibrahim Samuel propose, c'est la Syrie de l'intérieur. En douze nouvelles, il montre avec exactitude et finesse les failles, les tabous, les frustrations de cette société de l'autre bout de la Méditerranée. Sa couleur : bleu abrupt. Bleu comme la mer infinie et les rêves de puissance, de maîtrise, de volupté. Abrupt comme les précipices où s'abîment ces songes. Douze nouvelles, douze plongées dans les secrets, dans les fantasmes, dans les non-dits, si savamment retenus et contrôlés, d'âmes trop policées. On avait besoin d'un guide comme Ibrahim Samuel, ancien prisonnier politique, virtuose de la langue arabe, pour en donner toute la saveur. Ce goût persistant de noyau d'abricot syrien est offert pour la première fois au public français dans cette traduction.

02/2012

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Poésie

Sur la voie abrupte

Jean-Claude Caër a pensé ce recueil durant cet étrange printemps 2020 où le gouvernement nous intimait de nous claquemurer et de limiter nos déplacements à l'essentiel. Plutôt que de rester à Montmartre sans pouvoir n'y rencontrer personne, Caër a décidé de retourner vivre avec sa femme dans la ferme même où il est né, à Plounévez-Lochrist. Ce retour amont sur les terres de son enfance semble l'avoir remis en contact avec tout un pays qu'il avait en partie refoulé lors de ses virées aux bouts du monde, celui, empreint d'une certaine raideur léonarde, de ses parents et grands-parents : "chaque route, chaque talus, chaque sentier / plongent vers les ancêtres" . Ce repaysement forcé est pour l'auteur l'occasion d'une inhabituelle mise à nu, alors même qu'il écrit depuis toujours une sorte de journal de sa vie en poèmes. Entre les ancêtres et lui s'établit un dialogue fait tantôt de connivence tantôt d'effroi : il faut d'ailleurs entendre ce mot d' "ancêtres" dans un sens large, qui recouvre à la fois ceux que la nature lui a donnés pour parents, et ceux qu'il s'est donnés pour maîtres parmi les grands morts : poètes, architectes ou sculpteurs (au cours de ses voyages d'avant et d'après le confinement, Caër se rend par exemple à Saint-Pétersbourg au musée Anna Akhmatova ou au cimetière non catholique de Rome où il se recueille sur les tombes de Shelley et Carlo Emilio Gadda). Reste que ses souvenirs les plus marquants lui sont redonnés en 2020 à travers le paysage immémorial de la Bretagne, où l'intermittent voyageur des confins qu'il est, angoissé par le désert d'hommes alentour, s'attache aux bernaches, ces oiseaux migrateurs en partance pour la Sibérie. Il y a quelque chose d'émouvant à voir Caër faire alors un usage quasi-magique d'objets, au premier rang desquels il y a la machine à écrire étiquetée du Vietnam qui lui vient du grand-père d'une amie, administrateur autrefois sur le territoire des Moï. En voyageant, en écrivant, Caër aura peut- être accompli sous le signe du bonheur ce que ses ancêtres, eux, auront fait, plus ou moins, par nécessité : au séjour contraint de son père en Allemagne pendant la guerre de 40 répond son propre désir - alors empêché - d'une marche en Forêt noire. Le recueil est composé de sept parties ; celle du confinement occupe le centre et donne la tonalité générale au volume qui, s'ouvrant sur une suite de poèmes en hommage discret à sa femme, s'achève, comme dans son précédent opus, sur une évocation de sa mère à l'agonie. Pour autant, ce livre quasi testamentaire, d'adieu au voyage ("Sur la voie abrupte, le monde ne reviendra pas".) n'est pas lugubre ; il est porté par une passion de la vie et un art de la légèreté qui se veut un peu japonais. Cäer évoque, dans l'esprit des haïkus, les sujets les plus graves sans jamais peser : "Après la pluie, les amis. / Après les amis / La neige. / Ah, quel délice ! "

04/2023

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Psychologie, psychanalyse

Peut-on en finir avec Hitler ? Long cheminement, dénouement abrupt

Hitler a été chenille en Autriche, chrysalide pendant la première guerre mondiale et s'est métamorphosé ensuite en véritable Sphinx à tête de mort. Au cours de l'entretien psychanalytique préliminaire, l'analyste fait bien de s'identifier à son analysant. Il se dégage ensuite de son identification et prend ses distances pour se faire une opinion. Pour appréhender un personnage historique l'empathie est également utile. C'est en s'identifiant à lui qu'on le connaît le mieux. Cette démarche est possible avec le jeune Adolf, et même avec le politicien à ses débuts mais devient plus difficile, presque impossible, avec le dictateur. En rétablissant la bonne distance, on arrive néanmoins à le camper. Peut-on affirmer, parlant d'Hitler, que rien d'humain ne nous reste étranger ? Hitler s'est-il exclu de l'humanité ou au contraire, était-il humain, trop humain ?

05/2010

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Non classé

Un chemin abrupt vers un declic (tome 1) - soufisme, stephen jourdain et michel henry

Stephen Jourdain est un cas spirituel singulier. A 16 ans, alors qu'il est vierge de tout a priori religieux ou idéologique, il découvre son Moi réel au cours d'une lutte acharnée pour comprendre le Cogito de Descartes. Cet éveil soudain, inspiré par une parole de philosophe, donne une tournure typiquement occidentale à la manière dont il révèle ce que nous entendons lorsque nous disons, à tout moment : moi, je.Il est le seul à décrypter l'acte de conscience - la transparence de notre présence à nous-mêmes -, comme un geste d'auto-collision. Il faudra attendre Michel Henry et sa révélation de l'auto-impression pour comprendre l'originalité et l'importance de la vision de Jourdain.Les découvertes phénoménologiques de Michel Henry rejoignent en tous points ce que Jourdain a éprouvé dans la pratique de Soi. Les deux hommes s'entre-épaulent. Jourdain apporte une expérience de première main, dans un langage accessible à tous. Henry, quant à lui, offre un discours savant permettant d'apprécier la profondeur et l'envergure des ouvertures spirituelles de Jourdain. Ces deux hommes sont, à coup sûr, les figures intellectuelles dominantes de notre époque actuelle.

12/2023

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Littérature française

Le pas suspendu de la révolte

Plût au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu'il lit, trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage çà travers les marécages désolés de ces pages pleines de poison. Lautréamont.

01/2017

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