À force de se frotter au monde moderne, le tibétain se voit contraint d'ajouter des mots désignant des éléments bien contemporains, alors que la langue a environ 1.300 ans.
Des nouveautés font leur apparition, comme « train » (prononcez mégor, mais attention, il s'agit d'une prononciation envisagée par un article en anglais...) suite à l'apparition de la ligne Qinghai-Tibet en juillet 2006. Ce chemin de fer est le premier à relier le pays à la Chine. Mais l'on compte aussi d'autres jolis mots bien d'aujourd'hui : « actions boursières » (gengzi) « actions et obligations » (guinzi), « fonctionnaire » (jishabpa) ou « SRAS » (miseiluocei).
Pour les Cering Toinzhub, « il n'est pas évident pour les traducteurs d'exprimer avec précision les nouveaux mots en tibétain, et de faire en sorte que la population locale les comprenne et les accepte ». Ce dernier travaille au bureau de la compilation et de la traduction et doit rassembler et compiler les divers usages en cours : cinq occurrences différentes avaient par exemple surgi lors de l'épidémie qui frappa en 2003. Un vrai casse-tête pour les médecins.
Le choix des mots s'est déroulé avec des traducteurs et des membres du corps médical, dans le cas du SRAS, et « désormais, nous aviserons les médias et les universités, dans les meilleurs délais une fois qu'une nouvelle expression sera créée », ajoute Toinzhub.
Dictionnaire périmé ?
À ce titre, un dictionnaire publié en 1991 compte 80.000 entrées, mais est déjà périmé par certains côtés. Toinzhub explique qu'il couvre bien les années 90, mais « avec le développement social, de nouveaux mots apparaissent en plus, et plusieurs expressions ne peuvent pas être trouvées dans le dictionnaire ».
Il existe par ailleurs« un dictionnaire tibétain-chinois-anglais qui a été publié, et qui est très populaire actuellement ». Un millier de traducteurs chinois tibétains, et 500 mots fleurissent dans la langue chaque année, par l'intérmédiaire du travail réalisé par Toinzhub et ses confrères.