La violence dans les manga était en question au Salon du livre lors d'une conférence. Avant tout, les invités ont rappelé que ce débat commence à dater et que la question se pose moins maintenant, mais enfin il est toujours bon de faire le tour de la question.
Si l'on veut remonter aux origines de ce débat, il faut faire un bon en arrière de 20 ans. En effet, il a commencé à faire rage en France avec le livre de Ségolène Royal Le ras-le-bol des bébés zappeurs. Très clairement opposé à la programmation du Club Dorothé. S'il est vrai qu'il y a eu des erreurs de programmation du côté du Club Dorothé (Ken le survivant qui passe juste avant Candy), il faut aussi se rappeler qu'à cette époque les Français n'étaient pas familiarisés aux codes du manga.
En effet, les invités ont rappelé que la violence ou les sujets de sociétés n'étaient pas vraiment traités dans les BD franco-belges. D'où une certaine forme d'incompréhension de ce nouveau format qu'était le manga.
Maintenant avec tout notre recul, on peut saisir plus aisément les raisons de la violence dans les manga. Tout d'abord par tradition les manga traitent des problèmes de sociétés. Le bizutage en est un très bon exemple. Celui-ci est une réalité au Japon et particulièrement chez les filles. Il est donc normal qu'on le retrouve dans les manga.
Les spécificités graphiques des manga
Le rythme de parution des manga est aussi un des facteurs de la forte visibilité de la violence. En effet, les manga sont prépubliés dans des magazines et diffusés sous forme de feuilleton, avec un rythme de travail effréné pour les mangaka.
Cela favorise, un traitement graphique du temps particulier. Une scène qui dure quelques secondes peut-être étirée sur plusieurs pages (voir sur plusieurs chapitres), une bataille si elle est importante peut même prendre plusieurs tomes. En multipliant les angles de vue, et en décomposant bien l'action, les mangaka étirent le temps. La conséquence c'est que la violence apparaît plus clairement.
Il faut savoir que dans le manga beaucoup de choses passent par des effets graphiques. Une émotion forte peut donc être restituée par un dessin que l'on pourrait juger violent.
Les traditions
La tradition des arts martiaux et la forte présence des yakuza sont aussi des éléments traités dans les manga. Dans ce type de sujets la violence est bien évidemment inévitable.
Cela dit les manga restent de la fiction et n'influent en rien les mentalités tout comme les films ou même certains styles de musique. Il s'agit essentiellement d'un défouloir. On pourrait même presque dire que la violence dans les manga au Japon a comme un effet de catharsis. Le pays du soleil levant a un taux de criminalité faible et peu de délinquance juvénile.
L'une des intervenants était Vicky journaliste chez Animeland. Elle nous a rappelé que Animeland avait sorti un Hors-série (le numéro 15) consacré à la violence dans les manga. Vous ne le trouverez pas exposé sur le stand Animeland du Salon du livre mais vous pourrez si vous êtes intéressés le demander, il est disponible. Ce sera une bonne occasion de faire un tour un peu plus approfondi de la question sur une soixantaine de pages.