Selon des statistiques de 2005 (fichier PDF), on estimait à 3,1 millions le nombre de Français illettrés, et 57 % d'entre eux sont des actifs. Ainsi, Peugeot ou Danone, mais également le Conseil régional de Picardie, ou le Centre national de la fonction publique territoriale et des organismes de travail temporaire s'apprêtent à jouer des coudes pour y remédier.
Marie-Thérèse Geffroy, qui dirige l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme explique : « Il y a eu un changement d'attitude quand les entreprises ont réalisé que 1,8 million d'illettrés étaient des salariés. » Sur une population de 18 à 65 ans, résidant en France métropolitain et ayant effectué une scolarité dans le pays, « 9 % sont en situation d'illettrisme ». Et les plus touchés sont les 56-65 ans, avec 14 % de personnes concernées.
59 % d'hommes, et le français comme langue maternelle pour 74 %
Hommes et femmes ne sont d'ailleurs pas égaux, car sur les 3,1 millions, 59 % sont des hommes. On ne parle par d'analphabètes, mais de personnes qui peuvent éprouver des problèmes à comprendre ce qu'elles lisent, ou simplement à lire. Et si l'on tient compte de 1,4 million d'émigrés qui ne comprennent pas bien la langue, reste que 74 % de nos 3,1 millions « parlaient uniquement le français à la maison dès à l'âge de 5 ans ».
La formation au secours des entreprises
Voilà deux ou trois ans, les conseils régionaux ont alors opéré un travail pour pallier cette situation ; « un vrai effort » admet l'Association des régions de France. Et pour exemple, la formation en ligne mise en place par la Picardie n'a pas donné de résultats glorieux et l'on va remanier ce système.
Mais la formation reste le meilleur moteur, et si du côté des entreprises, quelques-unes font de la résistance, beaucoup ont compris tout l'intérêt d'un personnel plus encadré dans ce domaine. Marie-Thérèse poursuit : « L'illettrisme, c'est toujours chez les autres ! Le CNFPT par exemple, pensait n'avoir pas ce problème, or 14 % des agents d'exécution ont de graves difficultés. Désormais, 2.850 personnes sont formées annuellement. »
Repérer le handica sans humilier
Or le handicap majeur réside dans les moyens de repérer les personnes atteintes d'illettrisme, sans susciter honte ni gène. D'autant que les salariés, anxieux, ne confessent pas volontiers ce type de problème. « Ils ont des stratégies de contournement très subtiles et comme ils sont parfois très compétents, il est difficile de le déceler... », analyse Marie-Thérèse.
Dès lors, « il faut parfois un gros changement en interne, comme la fabrication d'un nouveau produit chez Peugeot ou Danone, pour que les plans de formation de base fonctionnent... »