Début août, James Hawes, qui avait flâné dans les rayons de la bibliothèque Bodleian d'Oxford, y découvrit « du contenu pornographique, purement et simplement. Certains sont assez sombres. C'est assez déplaisant ».
Mais les universitaires allemands ne l'entendent pas ainsi, et ne comptent pas laisser dire que leur idole avait un penchant marqué pour la pornographie. Si cela est vrai, quel mal y aurait-il ? L'histoire ne le dit pas. Dans le Spiegel, des chercheurs ripostent, et attaquent franchement.
Pour Anjana Shrivastava, la pornographie de Kafka équivaut à « comparer un poème de Heinrich Heine à un slogan de McDonald's ». Le fait est qu'en guise de pornographie, on ne trouverait que des images expressionnistes qui basculeraient plutôt vers l'érotisme accessoiriste décoratif, pour homme de lettres, selon Anjana. Hmm...
« C'est un idiot... qui ne sait rien de Kafka, mais écrit à son sujet comme s'il le connaissait », ajoute-t-elle. Et quand certains n'y voient qu'un « incroyable stratagème marketing », d'autres se moquent de ce que Hawes considère que les productions seraient interdites dans certains pays. « Probablement l'Arabie Saoudite, l'Égypte ou l'Iran », raille-t-on.
Des dessins véritablement étranges
On apprécierait donc de découvrir ces dessins et textes mis en cause, où l'on verrait une sorte de hérisson se livrer à une fellation, des golems mâles saisissant des seins de femmes avec des griffes aiguisées, ou encore celui d'un bébé sortant d'une cuisse tranchée. Qui a dit Dionysos ? Se peut-il que ce genre d'image relève réellement de la pornographie ?
Reste alors la grande conspiration des experts de Kafka visant à passer sous silence l'existence de ces images. Seul un critique allemand semble faire bon accueil à cette découverte. Ulrich Weinzierl gardant la tête sur les épaules s'explique : « Nous sommes anéantis, mais en même temps furieux. Enfin, le maître littéraire a chuté de son piédestal... et finalement peut devenir un pécheur, comme vous et moi. »