Cette folie que représente l'adoption par le Congrès américain du Consumer Product Safety Improvement de 2008 repose pourtant sur des bases compréhensibles : protéger les enfants des jouets dans lesquels on pourrait trouver du plomb, extrêmement nocif pour la santé. La faute à la Chine qui en fait qu'à sa tête à mettre du plomb partout. De ce fait, les livres publiés avant 1986 deviennent des instruments dangereux du fait de l'encre qu'ils contiennent et qui pourrait s'avérer toxique. Sur une échelle très basse toutefois...
Mais dans tout ce ramdam, en plus de donner la possibilité de détruire tout bonnement un héritage immense de livres pour enfants, et de faire grossir les coûts de réapprovisionnement des établissements, qui sont déjà sous le coup de restriction budgétaire, les bibliothécaires des 116.000 lieux publics du pays vont avoir fort à faire : le dilemme est simple, soit on interdit les livres, soit on interdit les enfants... Lequel sera le plus coûteux ?
Sans vouloir jouer le corbeau de mauvais augure, et outre les dégâts que l'application de cette loi occasionnerait sans peine, les dérives que le CSPIA entraînerait sont multiples. En noircissant le trait, on pourrait presque imaginer des milices dépêchées par l'État pour s'assurer que les bibliothécaires ont bien mis au rebus les livres potentiellement dangereux. C'est sombre, certes, nous n'y sommes pas encore, re-certes, mais enfin, à qui profiterait le crime ?
Para-noïa ou démence plomb-ière
Book Patrol, qui pointe le fait n'a pas tort : on est peut-être paranoïaque, mais ça ne veut pas dire qu'ils ne sont pas tous ligués contre nous. Comment ferez-vous pour retrouver une édition de X livre datant de 1976 ? Cette édition précisément qui contenait de si jolies illustrations ? Exactement : ça se nomme Google Books et ça répertorie les ouvrages libres de droit, pour le moment, mais les autres également, bientôt...
Et pour les imprimer, par qui passerez-vous ? Par un service d'impression à la demande, évidemment. Et quel cybermarchand de livre sera lié à Google Books, par le simple fait que l'on pourra acheter des livres grâce aux liens qui renverront vers lui ? Et comment se fait-il que ce même cybermarchand dispose d'un service dédié d'impression à la demande qui a fait tant parler - en mal - de lui ? BookSurge pour ne pas le nommer...
Protéger et rester d'a-plomb
Bien sûr, tout cela, c'est pour le bien des ch'tits n'enfants n'américains, qui sont menacés à 0,5 sur une échelle de 0 à 10 par la toxicité du plomb contenu dans l'encre... dans l'hypothèse où ils mâchouilleraient l'ensemble du livre... C'est connu, les enfants portent tout à la bouche, mais de là à les considérer comme d'authentiques rats de bibliothèque...