La conférence « La littérature, une maladie chronique » à la Place des livres au Salon du livre proposait de revenir sur l'exercice difficile de la critique littéraire dans différentes variantes.
Elle était animée par Alain Nicolas responsable des pages « livres » à l'humanité. Autour de la table, on retrouvait Martine Laval et Jean-claude Lebrun tout les deux critiques et l'auteur François Taillandier.
Jean-Claude Lebrun évoquera le feuilleton littéraire, genre de critique qui a presque disparu en France. Il s'agit de donner un rendu global d'un livre, cela implique donc une analyse assez poussée dans un article bien détaillé. Selon Jean-Claude Lebrun, la grande différence entre un feuilleton littéraire et une critique réside dans la volonté de s'inscrire dans la durée.
En effet, le feuilleton littéraire propose non seulement une analyse globale d'un livre mais s'attache aussi à suivre un auteur dans le temps. Ainsi, quand on commence à travailler sur un auteur, on ne peut plus le lâcher. Cela permet de voir son évolution. Finalement, on se constitue au fil du temps un vivier d'auteurs sur lesquels on travaille régulièrement. Le revers de la médaille tient dans le fait que l'on pourrait être amené à ne plus chercher de nouveauté.
Si le feuilleton littéraire a quasiment disparu en France cela tient pour beaucoup à la réduction de la place accordée aux critiques. Il a été décidé que les articles devaient être plus courts pour coller plus aux attentes des lecteurs. Or Jean-Claude Lebrun relève que lorsque les articles étaient plus longs les retours des lecteurs étaient plus riches.
Blog, incohérence et impartialité
Martine Laval qui est journaliste littéraire à Télérama et blogueuse a évoqué les différences entre la critique littéraire sur un blog et sur un journal papier. Lorsqu'on lui a confié la mission de la tenue quotidienne d'un blog, il y a deux ans et demi, elle ne connaissait pas réellement le mode de fonctionnement. Pour sa part, elle a opté pour des lectures plus rapides avec moins de prise de note et une analyse moins poussée sur le blog que sur une critique pour un journal papier.
Elle a aussi expliqué que pour elle certains livres se prêtaient plus à une critique sur le blog que sur le papier, sans expliquer non plus pourquoi, les auteurs intéressés apprécieront. Une affaire de ressenti semble-t-il. Le blog permet aussi une plus grande réactivité sur l'actualité a-t-elle indiqué.
François Taillandier pour sa part écrit plus des chroniques d'humeur, on n'est plus vraiment dans la critique littéraire. Et c'est bien dommage parce que pour le coup, on est parti dans le hors-sujet et les digressions. Cette conférence qui s'annonçait intéressante était au final passablement décevante. Non pas que les invités n'étaient pas intéressants, mais on pouvait ressentir un certain manque de cohérence avec le sujet et surtout, chose plutôt désagréable, un ton passéiste.
Que l'on regrette la disparition du feuilleton est une chose mais que l'on serve quelques déjà vieux poncifs sur les blogs dans le genre que cela floute la différence entre le professionnalisme et l'amateurisme, en est une autre. On nous aura rappelé au passage que le métier de critique nécessitait un apprentissage et de l'expérience et que l'on ne s'improvise pas critique littéraire. On aura concédé qu'il existe de bons contributeurs mais qu'il était très difficile de les trouver.
En bref, le tout manquait un peu d'approfondissement, de cohérence et d'impartialité. Dommage...