Il serait bien malvenu d'écrire que fait souffler un « vent frais » sur la bande dessinée, il vaudrait mieux parler d'une « brume fétide » ou d'une « brise sauvage », tant son univers est noir et retors. Après le très réussi « Rorschach » (publié chez Six Pieds Sous Terre), l'auteur au nom si bien choisi frappe à nouveau, en histoires brèves cette fois, chez l'éditeur indépendant « Même pas mal ». L'album s'appelle « La rupture tranquille » et, dès la couverture où Kevin, un gros cadre dynamique, pose, le visage taché de sang, fusil à pompe à la main, sur fond de famille décimée on comprend que ce titre est ironique.
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La mise en couleurs, légèrement fanées comme des fleurs tombales, sied parfaitement au sujet. La plupart du temps, quatre grandes cases carrées suffisent à cerner le propos. Mais Terreur graphique se permet de temps à autre une envolées visuelle plus psychédélique, qui fait office d'intermède entre les sujets abordés (saccagés, devrait-on dire plus justement) : le sexe, la maladie, la révolution, le rock'n roll.
On l'aura deviné, « La rupture tranquille » par ses thèmes iconoclastes et son traitement frontal, n'est pas à recommander aux âmes sensibles et aux prudes. Les autres auraient bien tort de s'en priver.
Pour ceux qui n'ont vraiment pas froid aux yeux, la bande annonce de l'album peut se déguster ici.