La valeur littéraire d’une œuvre et son capital médiatique forment un drôle d’attelage, n’est-ce pas ? L’un ne va pas sans l’autre. Votre blog, toujours aussi surprenant, montre combien il est difficile de connaître et de faire connaître ceux qui n’ont pas eu de valeur médiatique ajoutée. Ce capital médiatique pèse plus lourd aujourd’hui que par le passé. Vous connaissez ce bon mot d’un éditeur : « Devenez célèbre, vous écrirez ensuite ». Se créer un potentiel médiatique, tel est le souci majeur des éditeurs, ce qui est normal, et des écrivains, ce qui pose problème. Quand ce souci l’emporte sur le travail littéraire, la littérature n’obéit plus à ses propres lois. Un succès médiatique sans valeur littéraire est d’ailleurs un événement de société, ce qui est mieux que rien et peut nourrir son homme (ou sa femme) pendant longtemps. Ces réflexions inspirées par le cas Sagan m’ont conduit à Romain Gary. C’est un drôle de monument : se jugeant victime de son capital médiatique, cet écrivain s’est inventé un double inconnu.