Marie et Rocoe se sont rencontrés au village de Lock 12, à proximité du barrage hydroélectrique sur la Coosa River.
Elle est institutrice et lui travaille comme électricien chez Alabama Power depuis qu’il a découvert l’électricité dans les plaines des Etats Unis dans ce premier quart du XXième siècle.
Après leurs longues promenades le long de la rivière où leurs discussions les menaient, ils ont fini par se marier tout en poursuivant leur vie en symbiose.
Jusqu’au jour où le père de Marie, comme sa mère avant lui, est décédé en lui laissant une grande ferme à Rockford où elle a voulu partir pour en reprendre l’exploitation en mémoire de ses parents.
Sauf que, pour elle, si cela ne lui posait aucun problème de cesser ses activités professionnelles, il n’en allait pas de même pour Roscoe qui ne vivait que par et pour l’électricité : cesser son métier lui est devenu une malédiction, totalement imperméable qu’il est à ce métier de fermier que Marie veut lui faire endosser auprès de Wilson et de sa famille, les employés Noirs de son père.
Et puis, un jour qu’il ruminait sa passion abandonnée, Roscoe a eu l’idée de créer, après un petit mensonge à Marie, un branchement pirate sur une ligne de l’Alabama Power et ainsi apporter à la ferme une énergie qui lui faisait défaut et qui lui a ainsi permis de redresser les comptes de l’exploitation.
Sauf qu’un jour, un employé de l’Alabama Power a découvert le branchement pirate et s’est électrocuté en y regardant de plus près.
Commence alors pour Roscoe, et Wilson qu’il avait entraîné à sa suite, la longue descente aux enfers de la justice américaine et de l’entrée en prison pour de nombreuses années.
Je n’irai certes pas, comme la quatrième de couverture de ce roman s’y autorise, qualifier cet ouvrage de (traduit par ) de “roman exceptionnel”.
Il n’en reste pas moins une belle histoire dont les quatre vingt dernières pages font oublier bien des longueurs des deux cent précédentes.
Plusieurs raisons à me pousser à vous conseiller d’en entreprendre la lecture.
D’abord, une intéressante série d’images sur la vie dans les plaines du Sud des Etats Unis juste après le basculement dans le vingtième siècle avec son lot de racisme, de ségrégation set d’esclavage mais aussi sur ces hommes qui ont contribué et contribuent toujours à faire évoluer les choses même si on est encore loin du compte.
Ensuite, ce compte rendu parfois minutieux de la vie dans une prison d’Etat dans ces années-là, avec son cortège d’injustices, de lâchetés, de violence qui, pas plus que le racisme, n’ont disparu de ces lieux de réclusion où, pourtant, la notion de préparation au retour à la vie citoyenne commençait enfin à faire son chemin même si, là-aussi, on est toujours loin du compte.
Enfin, une histoire humaine où compassion, compréhension, passion, pardon prennent de drôles de chemins et, là-aussi, il est évident que nous n’avons pas beaucoup changé, nous les femmes et les hommes, depuis presque un siècle.
Alors oui, vous pouvez prendre le temps de découvrir cette histoire même s’il est un peu désespérant de voir combien les choses changent peu.