Le projet de Naoki Urasawa, reprendre une histoire de Tetsuwan Atom (Astro le petit Robot) était ambitieux. D'autant plus qu'il s'agissait d'une des histoires les plus appréciées, Le robot le plus fort du monde. Le mangaka bénéficiait déjà d'une belle notoriété grâce à ses titres Monster et 20th Century Boys mais reprendre du Tezuka était plus que périlleux. Et il faut bien avouer, après la lecture des 3 premiers tomes de Pluto, qu'il s'en est tiré à merveille.
Les 7 robots les plus puissants du monde sont éliminés un par un par un mystérieux agresseur, Pluto. Sur chacun des lieux d'affrontement, il laisse une signature parmi les débris de robot, des cornes, le symbole du dieu des enfers (Pluto est le nom latin de Pluton, le dieu des enfers chez les Romains). Parallèlement à ça, des humains défenseurs des droits des robots, occupant des postes importants sont assassinés. Sur les lieux des crimes, on retrouve encore des cornes. Il ne fait aucun doute que les deux affaires sont liées. Qui hormis un robot pourrait détruire avec autant de facilité les robots les plus puissants ? Seulement, tous les robots sont programmés pour ne pas pouvoir tuer les humains, et ce, quoi qu'ils fassent. C'est une règle fondamentale. Existerait-il un robot tueur d'humains ?
L'officier d'Europol Gesicht enquête sur ces affaires. Il fait lui-même partie des 7 robots les plus puissants du monde. Au même titre qu'Astro qu'il a rencontré pour le mettre en garde. Ce robot à la morphologie d'un enfant, va lui aussi, mener son enquête dans son pays le Japon. Dans ce tome 3, Astro et Gesicht vont se faire moins présents pour laisser plus de place à Uran, la soeur d'Astro. Celle-ci fera d'ailleurs une rencontre qui pourrait s'avérer décisive...
Plus sombre que Tetsuwan Atom
L'exercice de l'adaptation est toujours périlleux, celui du remake encore plus, mais lorsqu'il s'agit d'un remake version longue d'une histoire qui fait partie d'une série créée par un auteur de son propre pays, on court très facilement à la catastrophe. À plus forte raison lorsque l'on s'attaque à l'oeuvre d'un maître fondateur, à l'oeuvre du dieu du manga, Osamu Tezuka. Pourtant Naoki Urasawa a réussi à créer une oeuvre puissante, respectueuse et originale. Pluto, est totalement différent du travail de Tezuka sur Tetsuwan Atom, beaucoup plus sombre, plus désespéré, plus adulte, plus complexe comme issu d'un univers parallèle.
Naoki Urasawa aborde des thèmes durs et en rapport avec l'actualité. Comment ne pas faire le lien entre le 39e conflit en Asie Centrale pacifiée par les grandes puissances dans le manga et le conflit bien réel au Moyen-Orient ? D'autres thèmes plus philosophiques sont abordés comme la déshumanisation qu'entraîne la guerre, la haine de celui qui est différent (les KR ressemblent étrangement au Ku Kux Klan) ou qu'est-ce qu'un être humain.
Dans le prolongement du travail de Tezuka
Ce manga aura pourtant quelque chose de familier pour les connaisseurs de l'oeuvre de Tezuka. Et, il ne s'agit pas simplement du nom des personnages. On retrouve une ambiance (en touches légères), des thématiques, des interrogations fidèles à l'oeuvre originale comme si le tout avait évolué dans le temps avec des préoccupations plus contemporaines. Rarement on a vu une réappropriation si réussie. Mieux : un prolongement.
À ce titre, la présentation de Pluto comme étant l'oeuvre de deux mangaka Osamu Tezuka et Naoki Urasawa est juste. N'oublions pas non plus la participation en tant que co-auteur de Takahashi Nagasaki et les conseils avisés de Macoto Tezka, le fils d'Osamu Tezuka. C'est lui notamment qui a insisté pour qu'Urasawa s'affranchisse du style graphique de Tezuka, et c'était une grande idée car le style graphique adopté colle bien mieux à l'ambiance du titre.
Pluto, un petit bijou en huit tomes
Le charac-design moins enfantin avec des expressions plus sobres, donne aux personnages un air plus renfermé qui colle à merveille avec le côté thriller politique post-guerre de ce titre. Passé la surprise, c'est un réel plaisir de voir les personnages de Tezuka, y compris Astro, prendre une apparence plus réaliste. Les décors et les éléments de technologie (relevant de la science-fiction) sont aussi plus détaillés. Les dessins soutiennent donc très bien le scénario, et le tout bénéficie d'une belle cohérence.
On appréciera aussi les bonus de fin de tome qui permettent de connaître la genèse de cette oeuvre qui marque l'anniversaire de naissance du personnage Astro. En effet, Osamu Tezuka avait fixé dans le manga la date de naissance de son robot en 2003 (le 07 avril pour être précis), et c'est cette année que Pluto a été lancé au Japon.
Pluto de Naoki Urasawa, Osamu Tezuka et Takashi Nagasaki est une oeuvre puissante qui devrait combler les amateurs de Tezuka par les nombreux clins d'oeil disséminés par Urasawa, comme ceux qui ne connaissent pas l'oeuvre du maître. Ces derniers trouveront en Pluto, un excellent titre de Science-fiction, bien construit, sombre, intelligent. Un petit bijou en huit tomes. Le volume 3 est sorti le 02 avril 2010.
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