Journal d'un nègre à l'Exposition de 1900

En parallèle avec l’exposition Hergé qui se tient au Grand Palais à Paris jusqu’au 15 janvier 2017, ce petit hors-série Découvertes Gallimard coédité avec les Editions Moulinsart, propose au lecteur une galerie des principaux personnages représentés à travers les 24 albums de Tintin.

Présentés par , spécialiste passionné et archiviste aux studios Hergé, Tintin, Milou, le professeur Tournesol,  les Dupondt, Bianca Castafiore, Tchang, Rastapopoulos et le capitaine Haddock, occupent une place de premier choix dans cet ouvrage. Pour chaque personnage, des extraits de planches colorées ou non, plus une illustration (de type format A4) complètent un court texte biographique et anecdotique sur des personnages devenus presque vivants, au fil du temps et des albums puisque Tintin occupe le devant de la scène depuis 1929 !

Ainsi, ce jeune journaliste du Petit Vingtième devient rapidement un grand reporter auquel Hergé associe rapidement un compagnon de route, Milou. Plus qu’un chien (il s’exprime en langage humain parfois), il est la conscience de son maître avant de perdre de son importance lorsqu’en 1941, surgit le capitaine Haddock, devenu rapidement l’un des personnages préférés de la série. Inspiré du physicien, aéronaute et océanaute suisse, Auguste Piccard, le professeur Tournesol apporte une réelle tonalité humoristique aux albums comme les Dupondt, policiers ridicules présents dans 17 épisodes, et dont la moustache, droite ou recourbée, permet leur distinction. Moins présents mais non moins inoubliables, l’excessive Castafiore, Tchang, l’ami et allié précieux en Chine ou encore Rastapopoulos, le meilleur ennemi offrent aux albums de Tintin une intensité et une dimension psychologique remarquable.

Une galerie de portraits attachants, détrônant parfois, par son intérêt et sa vitalité, la place du héros Tintin et à laquelle s’ajoutent aussi d’autres personnages plus secondaires présentés également, de manière plus succincte, dans le livre.

De quoi réveiller le souvenir d’anciennes lectures ou de donner l’envie de s’y replonger pour aller vérifier, par exemple, à quoi ressemble déjà Philémon Siclone ou Séraphin Lampion, ou encore retrouver le nom de la partenaire du fakir Ragdalamdans les 7 boules de Cristal que vous avez sur le bout de la langue, c’est certain.

Concis, instructif et illustré avec pertinence, ce livre documentaire, complémentaire à l’exposition, peut également se découvrir indépendamment et séduire les amateurs nostalgiques de Tintin.

Pour lecteurs adultes ou plus jeunes. 

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Notre narrateur a 13 ans, sa vie? Un enfer! Au collège, il est harcelé par ses camarades qui le traitent de «pédé», s'amusent à l'humilier, le traînent dans la boue au sens propre comme au figuré... Et, quand il rentre à la maison, blessé, boueux, «abîmé», son père ne comprend pas, s'énerve. Il le traite de mauviette, lui dit de réagir, de se défendre, de se battre, que c'est ainsi que doivent être les hommes, les…vrais! Dans ce quotidien chaotique, notre héros peut quand même compter sur Sarah. Qu'il aime les filles ou les garçons, elle s'en fiche bien! Elle est son amie. Pour lui, cette amitié vaut bien des trésors, mais elle est insuffisante. Ce dont il a désespérément besoin c'est que son père lui parle, le voie, soit fier et l'aime tel qu'il est et non pas tel qu'il l'aimerait. Pour reprendre goût à la vie, il a besoin de dépasser les silences, le poids du non-dit, pour en arriver aux mots, ceux qui sauveront, ceux qui le feront devenir lui-même, sans souffrance et sans honte…

Coup de poing ! avec À copier 100 fois nous livre un texte court très fort. Ce roman n'est pas «juste» un récit sur l'homophobie, l'homosexualité, le suicide (ces mots ne sont jamais cités), il se veut miroir de notre société, où règnent l'absence de communication, l'incompréhension, la difficulté d'être, et surtout de devenir soi-même. Antoine Dole en faisant de son héros le narrateur de l'histoire, nous embarque avec lui dans tout ce qu'il vit au-dehors comme au-dedans. La souffrance de ne pas être reconnu et de se sentir hors de sa propre vie. On a mal aussi, l'asphyxie se fait sentir, alors on attend l'explosion: on l'espère ! Antoine Dole a cet art précieux de livrer avec délicatesse et poésie tellement plus que ce que l'on peut lire. Il nous prend, nous arrache, nous met aussi - à sa façon - la tête dans la boue pour que l'on comprenne bien. Ce roman ne se veut pas moralisateur, triste ou porteur d'espoir, il est un message. Un livre percutant à côté duquel on vous conseille de ne pas passer!

Pour aller plus loin, l'auteur, Antoine Dole s'exprime sur le sujet. Cliquez.

Paul Morand a été redécouvert post-mortem à travers ses journaux inutiles et sa basse correspondance avec Jacques Chardonne. Un nouvel inédit sort : la période 1943-1945 de ses journaux de guerre : Roumanie-France-Suisse.

L’écrivain et diplomate français bien mystérieux reçoit un nouvel éclairage sur son approche, sensiblement distanciée. Sa Seconde Guerre mondiale débute à Londres, avant de passer par le cabinet de Pierre Laval à Vichy. Face à l'avancée de l'Armée rouge, il se retrouve ministre plénipotentiaire en Roumanie, pays alors allié à l'Allemagne nazie, et celui de sa femme, la richissime princesse Soutzo. Contexte complexe, il navigue entre Paris et Vichy, témoin de l'agonie.

Apogée diplomatique et brutale chute, avec une dernière nomination éphémère en tant qu'ambassadeur à Berne. Révoqué, le graphomane aux courtes œuvres choisit l'exil en Suisse.

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Durant ces années marquées par le déchaînement, Morand a consigné ses pensées et expériences dans son Journal. Ce second tome de 1000 pages est un mélange d’érudition, de réflexions personnelles vintage et d’analyses, enrichissant avec bonheur la compréhension de sa biographie ambiguë et confuse de droitard curieux, de bourgeois limite, et finalement d’un homme sans qualité décrit par Robert Musil, génial.

Il aime beaucoup Balzac par exemple (“Balzac se sert d’une maison ou d’un appartement pour décrire une âme. C’est le premier.”) “Le ciel est ce qui ressemble le plus au cœur humain, si changeant, où tout dépend d’un éclairage.” “Beaucoup de dossiers de détenus en France ne contiennent que des lettres anonymes.”

Il y a Wagner qui perd son chef Evgueni Prigojine, et il y a Wagner qui rythme La chevauchée des Walkyries. Quand les secondes n’auraient jamais reculées à quelques encablures du moment de vérité, le chauve passé de la délinquance à condottière a fait machine arrière… Morale de l’histoire : lorsqu’on franchit le Rubicon, le retour en arrière est non recommandé…

Le Wagner compositeur du XIXe siècle a en réalité acquis sa renommée, plus par sa production textuelle que sa musique en son temps. Des traités esthétiques, mais aussi de philosophie, des nouvelles, de la poésie, du théâtre, des pamphlets… et des récits autobiographiques, comme son Carnet brun, journal intime de 1865 à 1882.

En 1864, Wagner est au bord du suicide, entre ses difficultés pour la création de l'important Tristan et Isolde, et les échecs qui s’accumulent comme des perles sur un fil coupé ; avant le miracle Louis II qui se propose de devenir son généreux mécène.

Il y est question d’Opéra - notamment de Parsifal -, mais également de religion - entre autres du bouddhisme -, de politique, d’histoire, de littérature… Ce mystique, manipulateur selon Nietzsche, de l’art, nostalgique d’un passé idéel que l’on retrouve dans ses œuvres, se demande quelle place pour la religion dans la beauté, méprise les boutiquiers et se lamente de la montée en puissance des valeurs bourgeoises. En outre, ce sont ses déboires sentimentaux qui transparaissent, ses difficultés du quotidien.

Cette édition inédite (traduit, présenté et annoté par Nicolas Crapanne) en français de pages publiées pour la première fois en 1975 seulement, tire son nom de cet « épais cahier relié de cuir marron » orné d’une serrure, offert par Cosima Wagner, alors Liszt von Bülow. Aucune référence à ses pensées fascistoïdes donc… « Je crois en Dieu, Mozart et Beethoven. »

Entre 1936 et 1938, Robert Desnos s'est fixé une contrainte. Il écrirait chaque soir, vers minuit, un poème. Parfois automatique, parfois plus laborieuse, cette écriture devint un rituel plus ou moins forcé.

Passionné par la radio, l'exercice avait pour but de conserver son lien avec la poésie. Lui qui avait fait partie de l'aventure surréaliste en 1922.

Soixante-dix ans après la disparition de l'auteur, ce trésor a été découvert par le bibliophile Jacques Letertre dans quatre carnets de 1940.

Et bien que demain
La mort soit plus proche qu’aujourd’hui
Je serai demain
Plus vivant plus vivant qu'aujourd'hui