Ca commence comme une blague qui aurait mal tourné.
Géo Steward, le vieux gardien de la décharge publique – pardon, du Site Municipal de Dépôt, Tri et Récupération des Déchets, comme il s’offusque qu’on ne l’exprime pas correctement – après s’être fait traîner sur plusieurs kilomètres de routes totalement verglacées par la voiture conduite par Gina, la femme de son petit-fils Duane, a percuté le pare choc arrière de la dite voiture lorsqu’elle s’est arrêtée au Stop. En fait, il avait utilisé ce pare-chocs de la voiture en stationnement pour accrocher une corde de sécurité pendant qu’il montait sur le toit couvert de neige pour nettoyer, en marche, la cheminée qui ne tirait pas assez ! Et Gina, inconsciente de la manœuvre avait pris la voiture pour aller faire des courses….
S’en sortir avec une simple luxation de l’épaule tenait du miracle mais correspondait bien au caractère du vieux Géo : à plus de soixante dix ans, il en avait vu bien d’autres !
Rien de bien extraordinaire pour le shérif Walt Longmire qui a d’autres soucis en tête depuis qu’il a appris que l’un de ses adjoints, Zaizarbitoria, semble décidé à poser sa démission, incapable qu’il se trouve de refaire surface après la dernière enquête à laquelle il a participé et qui se traduit par un SSAT (syndrome de stress et de pétoche sur le terrain) !
Alors quand Géo annonce au shérif qu’il a trouvé un morceau de corps humain – un morceau de pouce – dans une glacière, celui-ci pense avoir trouvé une occupation adéquate pour amener son adjoint à penser à autre chose qu’à son stress.
Pas grand chose malgré tout et Walt Longmire se prépare à aller fêter la Saint Valentin avec son adjointe qui, accessoirement, cherche, elle, à s’ancrer dans le comté d’Absaroca en y achetant une maison.
Mais le décès de Géo, dans des conditions rocambolesques, va mettre en branle la machine à faire des polars d’enfer !
Ce n’est pourtant qu’à la fin du premier tiers de ce roman que (traduit par ) va nous asséner son premier trépassé. Et, malgré le ronronnement tranquille du récit jusque là, à aucun moment on ne s’est ennuyé, plongés que nous sommes dans la découverte de toutes les petites cachotteries dont sont capables les habitants d’une petite bourgade comme Dunant, Wyoming.
Mais le talent, l’humour, la verve de Graig JOHNSON sont toujours présents dans le récit et rien ne presse.
D’autant que, à partir du moment où cela commence à se dérider, il n’y a puis vraiment de temps morts.
En revanche, il y a des morts ! Comme toujours...
Des gens qui n’ont pas besoin des températures glaciales de ces contrées en marge des Bighorns Mountains pour se faire refroidir de manière définitive !
L’ambiance de ce roman est toujours très semblable à tous les autres dont Walt Longmire est le héros. Pourtant, à chaque fois, c’est autre chose. Aucun sentiment de déjà vu (à part le froid, la neige, les vielles bagnoles et les armes à feu) ! Il y a vraiment là une qualité de renouvellement qui m’étonne à chaque fois, alors que les histoires jouent dans la continuité : la fille de Walt, Cady, n’est jamais très loin, pas plus que Henry Standing Bear, son vieil ami indien, ses adjoints(e)s ou encore son ancien patron.
Cette fois-ci, c’est un pan de la jeunesse du shérif qui nous est dévoilé ainsi que quelques traits particuliers d’Henry et de Vic, glissés sans en avoir l’air au milieu d’échanges parfois sarcastiques.
Juste un peu de fioritures autour du sujet principal qui continue à nous tenir en haleine jusqu’au bout.
Pas besoin de le dire plus avant, j’ai encore grandement apprécié et n’ai finalement peur que d’une chose : c’est d’épuiser trop vite les tomes qui me restent encore à lire.