Enfant, il s'est ému de tous ces chats que le trafic routier, traversant son village, laissait inertes sur le bord de la chaussée. Au point de noter comme dans un Grand Livre des Morts, ces soldats tombés au front de la circulation automobile.
Mais il lui est soudain apparu que le massacre était d'une telle ampleur que c'était presque y participer que de se faire le chroniqueur de cette hécatombe !
Alors, il a cessé de se préoccuper des chats.
Plus tard, habitant d'une grande ville, logeant dans un petit appartement d'un immeuble banal, il a commencé à avoir peur du feu. A le craindre comme la peste.
Au point de tout organiser dans sa vie pour éliminer tout élément pouvant conduire à créer ou augmenter le risque associé au feu.
D'abord il a évacué de son logement tout ce qui pouvait devenir un combustible, ne conservant que le strict minimum pour ne pas transformer son chez lui en foyer de risque ! Ensuite, il a limité ses sorties au strict minimum également de façon à ne jamais trop s'éloigner afin d'être à nouveau rapidement chez lui pour contrôler que tout allait bien. Puis il a acheté un canari, dont en surveillant le comportement, il serait aussitôt alerté en cas d'évolution délétère de l'atmosphère ambiante.
Bref, rien n'arrivait totalement à le rassurer.
Et puis, un jour, est apparu à sa porte son voisin de l'étage du dessus, venu se présenter à titre de bon voisinage : pour se connaître. Eric Reuner est peintre. Et conserve dans son appartement des nombreuses toiles aux sujets un peu inquiétants.
Des toiles qui pourraient certainement brûler….
Il n'est pas net-net ce bouquin.
Je suis à peu près certain qu'il ne laissera pas une trace impérissable dans le paysage littéraire.
Mais il surprend un peu.
Par le caractère totalement de ces peurs qui habitent le personnage principal. Par la quasi absence d'autres personnages autour de lui à l'exception de ce peintre au moins aussi perturbé que lui. Par ce auto-entretenu dont on sent bien qu'il est comme une cocotte-minute prête à exploser. Par ces sous-jacentes dont il est évident qu'elles n'attendent que la lame de fond qui va les faire éclater. Par la fin du récit, inattendue et désarmante.
Ce n'est certes pas suffisant pour faire un grand roman mais je dois avouer que, pris par je ne sais quelle curiosité, intrigué par le caractère inhabituel, un peu décalé, un peu déphasé et franchement malade du personnage, je me suis laissé porter jusqu'au bout par le récit de Thomas KRYZANIAC. Cet univers assez tracassé est assez étonnant même si la quatrième de couverture annonce assez bien la couleur en présentant l'auteur comme un musicien ayant enregistré des « albums terroristes » !!! Ce dont l'écoute de quelques extraits ne donne pas une telle image.
Donc, au delà de la surprise, pas grand chose malgré tout ! Peut être m'a-t-il manqué le troisième œil du chat de la couverture pour pénétrer un univers où, ne me reconnaissant pas, j'ai voulu me chercher mais où je ne me suis pas trouvé !