Qu’il est bon de cheminer dans les pensées de Christian Rosset.
Avec Pluie d’eclairs sur la réserve, sous-titré « frottages », l’essayiste revient avec une série de textes pour la plupart déjà publiés sur internet, mais ici remaniés, réécrits, introduits, conclus et conduits par de nouveaux qui donnent à ce recueil une réelle cohérence.
On retrouve avec plaisir la plume de l’auteur qui développe comme personne de douces réflexions pour le moins stimulantes sur des bandes dessinées faisant l’actualité de ces dernières années, convoquant tour à tour des souvenirs d’enfance, des références pointues extérieures au neuvième art (souvent empruntées au champ de la musique ou de l’histoire de l’art) et des sensations propres aux lectures proposées.
Chacun de ses textes donne l’impression d’arpenter un itinéraire conceptuel parsemé d’embranchements inattendus, mais exaltants qui s’ancrent cependant parfaitement dans le territoire de l’album étudié. Des errements, certes, mais jamais d’égarements, ou jamais tout à fait.
Christian Rosset dresse ainsi un panorama subjectif et terriblement pertinent des œuvres importantes de ces dernières années, des expérimentations de Marc-Antoine Mathieu aux rééditions de Kazy Kat chez Les rêveurs en passant par les envolées graphiques de Philippe Dupuy ou de Lucas Méthé.
L’écriture de Christian Rosset joue comme une friandise, incarnée (pour ne pas dire hantée, comme le dirait l’auteur) ponctuée de formules passionnées, à l’image de son auteur, féru, attentif et délicat.
Pluie d’eclairs sur la réserve est une nouvelle démonstration de tendresse envers la bande dessinée, qui entre particulièrement bien en écho avec un des fameux éditos de Wolinski, en forme d’hommage par anticipation : « Charlie aime les gens qui ne s’intéressent pas qu’à la bande dessinées. »