Sabina Kane Tome 2 : Rouge sang, noir magie

Lorsqu'on est au lycée, il y a des recherches à faire pour les cours, forcément. Par contre, ce qui est moins évident, c'est que quatre amies décident d'écrire un livre ensemble à partir de ces recherches. C'est pourtant de cela qu'est né . Car derrière Alice Alénin se cachent quatre demoiselles ayant fait des recherches sur la Commune de Paris, une période de l'histoire de France très mal connue. Œuvre de fiction inspirée de faits réels, le récit se déroule en 1888, dix-sept ans après la vraie date de la Commune. Dix-sept ans, c'est l'âge d'Aurore Brisson, l'héroïne du roman, née pendant la tragique « semaine sanglante » de 1871. Ses parents, des révolutionnaires insurgés contre le gouvernement bourgeois sont morts lorsqu'elle était bébé. Son père est tombé au combat contre l'armée, et sa mère a été arrêtée. C'est en prison qu'elle a confié Aurore bébé à sa sœur, Sophie Delambre, qui a épousé un riche bourgeois. Elevée par sa tante, Aurore grandit donc dans un milieu bourgeois, à l'opposé de la réalité ouvrière. Elle ne connait rien de la vie de ses parents, ni de l'insurrection populaire qui leur a couté la vie. Mais en découvrant son nom de famille sur une liste de communards, Aurore est peu à peu prise de doute. Se pourrait-il que ses parents aient été des ouvriers ? Pourquoi n'en sait-elle rien ? En partant à la découverte de ses origines, elle découvre un univers insoupçonné et la pauvreté des petites gens. Elle découvre également Raphaël, un jeune homme du peuple, à mille lieues de Jean Lacrole, l'homme que sa tante voudrait lui faire épouser. Et grâce à Raphaël, Aurore rencontre Louise Michel, « « celle-là même qui a fait la Commune, qui a été internée à Satory, déportée en Nouvelle-Calédonie et qui se bat pour les droits du peuple ».

Entre romance et roman historique, Rouge de Sang est un récit très bien documenté et passionnant. Il décrit une période de l'histoire de France plutôt mal connue, et pourtant fascinante. Les passionnés d'histoires seront aux anges, mais les autres également grâce au style fluide et facile à lire. Bonne lecture ! 15 ans et plus.

Continuons, brique à brique, la construction de notre petite bibliothèque. Je vous propose aujourd’hui un extrait du roman le plus célèbre de Stendal : Le Rouge et le Noir. Je vous laisse relire les premières lignes de ce texte qui nous présentent la petite ville de Verrières.

Voici un prétexte légitime pour vous replonger dans ce livre où Julien Sorel, épris d’une ambition sans concessions, portant toujours ses yeux vers le destin d’un Napoléon (qui a fait rêver quantité de petites gens en son temps) tente de grimper petit à petit dans l’échelle sociale. On peut mettre en lumière avec profit Le Rouge et le Noir (1830) avec Bel-Ami (1885) écrit quelques décennies plus tard par Maupassant.

Akihabara @ deep tome 2 d'Ishida Ira et d'Akane Makoto nous permet d'affiner un plus nos connaissances sur le monde des otakus avec cette fois-ci une plongée dans les univers des MMORPG (jeux en ligne massivement multijoueurs) et des chats.

Afin de compléter leur programme « Blue » avant que la société Digicapinet ne commercialise son programme concurrent la « suite Suigin » les membres de Akihabar @ deep doivent à tout prix rencontrer une certaine Yui qui serait à l'origine de « Blue ». Il semblerait que l'on ne puisse rencontrer celle-ci que dans le jeu en ligne « Aquila ». Le premier problème c'est que le jeu « Aquila » appartient à la société Digital Capinet (ou Digicapinet), et qu'il va falloir le pirater pour retrouver Yui.

Le deuxième problème c'est que Yui se trouve à l'autre bout du couloir de la destruction et qu'aucun joueur jusqu'à présent n'a réussi à le franchir vivant. Enfin, dernier problème et non des moindres, ils ont été repérés et le chef de la sécurité Ayata a décidé d'incarner « Le chevalier noir » qui est un « player killer » (entendez tueur de joueurs) pour les retarder afin qu'on les localise et qu'on les arrête pour piratage.

Dans l'univers des MMORPG

Le parti pris des mangaka de dessiner les aventures de leurs héros dans le jeu de rôle est très intéressant. Il permet d'apporter une bonne d'action et de magie dans un monde assez éloigné de celui du manga, l'héroïc-fantasy. On se retrouve avec un parallèle entre les héros en train de jouer et leurs personnages dans le jeu. Les allés-retours entre l'univers virtuel et l'univers réel sont bien alternés et permettent quelques effets comiques bien réussis. Le rythme de l'action s'accélère et l'on est directement captivés par l'histoire.

Une fois la partie de jeux « Aquila » terminée, on passe sur un autre univers celui des chats et plus précisément des discussions entre personnes ayant un problème d'intégration dans la société réelle. Là encore les mangaka nous offrent une vision très objective des problèmes de certains otakus qui se sentent déphasés avec la réalité et qui n'arrivent plus à sortir de chez eux.

Problèmes d'intégration dans la société réelle

Une solitude et un mal-être qui peuvent aller jusqu'à des tentatives de suicide. Cette deuxième partie du manga moins basée sur l'action offre une vision plus sombre du monde des otakus que ce que le premier tome nous avait laissé entrevoir. L'histoire elle-même prend un ton plus dramatique et la situation ne tourne vraiment pas à l'avantage des membres de Akihabara @ deep.

Ce deuxième tome de Akihabara @ deep est encore un vrai bijou alternant action bien rythmée et observation du monde des otakus. Ce titre pousse à la réflexion tout en faisant passer un agréable moment. On accroche dès la première page et on n'en démord pas jusqu'à la dernière. Encore une fois nous ne saurions que trop vous conseiller de vous procurer cette excellente série.

Akihabara @ deep tome 2 d'Ishida Ira et d'Akane Makoto est édité par 12 bis. Ce deuxième tome compte 192 pages et vous pourrez vous l'offrir pour 6,50€.

Depuis Les nuits de Reykjavik, remonte le temps. Le commissaire Erlendur, vieillissant dans Etranges rivages (2013) a tout juste trente ans dans ce nouveau roman. Divorcé et père d'une fillette de cinq ans dont il n'a pas la garde, il est déjà, en 1979, un personnage sombre et solitaire, habité par la disparition de son frère lorsqu'ils étaient enfants et rongé par la culpabilité d'avoir survécu ce jour de tempête effroyable. "Pourquoi Bergur avait-il connu un destin si tragique alors qu'il avait lui-même été épargné ?".

Affecté à la police criminelle sous les ordres de Marion Briem (Le Duel, 2014),  alors jeune inspecteur empathique ("tu es policier, pas pasteur"), il est chargé d'enquêter sur le meurtre d'un Islandais, Kristvin, technicien de maintenance aéronautique à la base américaine de Keflavik. Une enquête délicate sur une zone militaire protégée par l'armée américaine, peu disposée à laisser la police islandaise s'immiscer dans ces baraquements à l'allure d'une petite ville de quelques milliers d'habitants, sans contact ou presque avec la population autochtone. Mais c'est sans compter sur la ténacité de Marion Briem et sur la collaboration inattendue d'un officier de base américain, Caroline. "Si la police islandaise voulait interroger des citoyens américains, elle devait le faire en accord avec les troupes de défense et en présence d'un de leurs représentants."

Un trio efficace et complémentaire, très habile, dont les investigations vont bien au-delà du simple meurtre, soulèvent des interrogations liées aux services secrets américains, s'immiscent  dans un contexte éminemment sensible et stratégique. Passionnant, inquiétant car très réaliste.

En parallèle, Erlendur, s'attache à reprendre ("à titre personnel") une affaire non résolue et vieille de plus de vingt ans, celle de la disparition d'une jeune fille Dagbjört, en 1953, à l'âge de dix-neuf ans.

A travers ces deux histoires  subtilement liées, Indridason maîtrise son récit de bout en bout, avec une fluidité et une clarté étonnantes (d'ailleurs la fidélité du traducteur, Eric Boury n'est sans doute pas étrangère à cette limpidité). Le lecteur suit avec intérêt et exaltation, les deux intrigues, rythmées par les caractères différents des trois personnages, tantôt fougueux et impulsifs, déterminés et tenaces ou calmes et réfléchis, plus pondérés et offrent à la lecture (presque ininterrompue,) un mouvement  très dynamique, une variété de tonalités divertissantes, réellement captivantes.

Ainsi, au-delà de l'enquête policière, dont la résolution s'avère finalement secondaire, classique, presque sans surprises, c'est le roman noir qui prend le dessus et enthousiasme. La complexité des personnages, leurs histoires intimes, leurs blessures profondes séduisent autant que leur perspicacité. Leur envergure, plus humaine qu'héroïque attache ; si proche, intensément réelle.

La grande cohérence d'Erlendur, au fil des romans,  la précision rigoureuse des détails  avec laquelle l'auteur lui construit une existence crédible renforcent sa relation au lecteur, presque vivante désormais et rassurante (on sait qu'il ne va pas mourir trop rapidement).

Enfin l'atmosphère particulière du roman, la volonté de rendre compte avec exactitude de situations vécues et parfois durement éprouvées par la société islandaise, à l'époque de la forte présence des Américains sur son territoire, ajoutent au roman un intérêt historique et social incontestable et dévorant. Et la nature, toujours indomptable et imprévisible, fascine sans lassitude.

Ce livre est simplement une réussite. 

Nulle autorité ne gouverne le royaume. Les intérêts personnels de troupes de mercenaires se pressent devant la Cité d'Avignon où les Papes résident. Arnaud de Cervole siège et réclame 200.000 livres d'or pour quitter la région. Vasco, mandaté par le roi de France doit rencontrer Sa Sainteté le Pape Urbain V. La Compagnie de son banquier d'oncle avancera la somme, Vasco portera la lettre de change.

Mais sur la route, il retrouvera Léandros, qui escorte un mystérieux passager. Nul ne doit connaître son identité. Et la pêste qui frappe de toutes parts : la Dame noire porterait-elle un secours inattendu à ville d'Avignon ?

L'apparition de Frédéric Toublanc au dessin marque également une autre étape dans la vie du héros italien. Disons ce qui est, les histoires de Chaillet ont toujours respiré l'Histoire méticuleusement rendue. Véritable mine de précision, chaque case retrace les monuments et le passé richement documenté.

Mais ça coince quelque peu avec les personnes qui habitent les pages. Les visages manquent d'un trait plus rigoureux. Des faciès imprécis frôlent le grotesque et l'on y perd en plaisir, parfois rebuté par un réalisme mal proportionné. Oh, pas partout, bien sûr, les portraits, mais d'une case sur l'autre, c'est assez inégal. Les couleurs d'Isabelle Drouaillet respectent bien les anciens tomes dont Chantal Defachelle s'occupait. On regrettera peut-être des ellipses rapides dans le découpage, mais rien de vraiment choquant.

Reste que le nouveau Vasco, ça faisait un bon moment qu'on l'attendait. Presque deux ans. Un résultat qui valait tout de même l'attente, même si le dessin de Chaillet manquera aux aficionados.

Toujours disponible chez le Lombard, la BD vaut environ 10 €.