Ouvrir un livre de , c'est d'emblée pénétrer dans une œuvre d'art. Dès le premier coup d'œil, le lecteur identifie son style si singulier, plonge avec émotion dans cet univers poétique, infiniment sensible et mélancolique, ne se lasse pas d'observer les détails de chaque planche, doucement immergé dans une nature grandiose, pénétré par le souffle du vent des ciels changeants et presque intimidé par la force visuelle des personnages et leur beauté magique et bouleversante.
D'un format géant, l'album est un régal. Accessible dès 5 ans, il offre également au lecteur adulte un moment contemplatif rare et intense, heureux et précieux.
Au-delà même de l'histoire, inspirée d'un conte populaire, c'est l'univers pictural, les couleurs subtiles, la finesse des détails, les personnages insolites et nostalgiques, l'époque d'un autre temps qui émerveillent et retiennent à chaque page.
Une ambiance extraordinaire, un charme envoûtant qu'il serait dommage de ne pas saisir.
Sans tapages, comme une invitation au recueillement, ce livre ne semble pouvoir se lire qu'à voix douce et lente, presque en secret, comme un privilège à partager à deux. Inspiré par le silence des personnages qui dorment depuis 100 ans, le lecteur, à son tour, par mimétisme, adapte naturellement sa lecture, discrète, presque chuchotée.
Deux personnages dont l'un ressemble à un jeune prince, uniquement esquissés au crayon emmènent le lecteur dans le bois dormant où tout le monde, du papillon au lièvre, de l'enfant à la vieille femme, des musiciennes aux boxeurs ou à la marchande de fleurs semble mort.
Un bois silencieux mais coloré où, même figés, les personnages contiennent encore un souffle vital perceptible et une beauté puissante. Chaque trait du visage exprime une lueur, chaque action dans laquelle le mouvement s'est figé semble prête à se remettre en route. Comme si elle ne marquait qu'une légère pause, tel un instantané photographique.
Sont-ils vraiment morts d'ailleurs ? Un prince peut-il encore faire quelque chose ? L'amour a-t-il autant de force ?
Il serait vain de résister. Offrez-vous ce rêve !