L'affaire Survivre avec les loups, lancée par Le Soir, avait provoqué un raz-de-marée dans le monde tant de l'édition que de la presse, lorsque Misha Defonseca avait confessé que son prétendu livre biographique n'était finalement que « sa version » de la réalité.
Mais un procès remonte à la surface, qui avait vu la condamnation de Mt. Ivy Press, l'éditeur du livre en 1997, accusée de pratiques déloyales et trompeuses intentionnelles. En 2001, la Cour supérieure de Middlesex County avait constaté que Mt Ivy avait « violé le contrat conclu avec l'auteure. En effet, Mt. Ivy Press a notamment caché des droits d'auteur qui étaient dus à Mme Defonseca dans des comptes à l'extérieur du pays. La maison d'édition l'a également induite en erreur quant aux capacités de Mt. Ivy et sur la façon dont le livre serait commercialisé aux États-Unis. »
En tout, Mt Ivy Press et Jane Daniel, sa directrice avaient dû reverser 22,5 millions de dollars en dommages et 487.000 de frais d'avocats. « Mme Defonseca a souffert de voir l'histoire de sa vie mal utilisée, mal représentée et détournée par Mt. Ivy », déclarait Larry L. Varn, de Sullivan & Worcester. Néanmoins, l'auteure n'a semble-t-il jamais perçu cette somme.
Un jury empoisonné par le pathos de Misha
Oui, mais voilà... Le jury aurait effectivement reconnu l'éditrice coupable, du fait des souffrances de Misha. Les kilomètres parcourus dans la neige, la perte de ses parents, la Shoah, tout cela avait largement influencé la décision des jurés. Et Jane Daniel est bien décidée à riposter, en avançant différentes pièces.
D'abord, elle n'était pas en mesure de vérifier la véracité du récit, du fait de l'absence de technologies adéquates qui ont révélé « toute l'ampleur de la supercherie perpétrée par cette dernière ». Elle accuse ensuite Misha d'avoir « empoisonné » le jury, aux dires d'un dépôt réalisé hier à la Cour supérieure du Massachusetts.
Jane Daniel et Mt Ivy Press ripostent dans les règles
Une sorte de contre-procès va donc être lancée, contre Monique de Vael, alias Misha Defonseca, et le cabinet d'avocats qui l'avait défendue alors. Parmi les accusations, celle d'avoir « participé à un canular d'ampleur monumentale, qu'elle a réalisé non seulement devant les plaignants Daniel et Mt Ivy Press, mais surtout au cours du procès et devant la Cour d'appel et à la face du grand public ». Et d'enfoncer le clou du cercueil : « Les lecteurs ont cru quand ils ont acheté le livre qu'il s'agissait d'une autobiographie, ce que le livre prétendait être. Ces lecteurs ont été trompés, et leur argent a été volé par Defonesca. »
Donc 22,5 millions, plus 05 millions, avec les dommages et intérêts, l'augmentation du coût de la vie et les intérêts... Ça risque de monter très haut pour Misha...