L'humeur indocile

« Comment être une fille, une épouse, une mère dans un pays qui implose ? » 

Samantha Raymond a 52 ans et expérimente la pré-ménopause juste après la gueule de bois de l’élection de Trump en 2016. 

Celle qui est endosse plusieurs rôles familiaux voit sa vie s’effriter : sa mère est malade, sa fille s’éloigne, son mari l’ennuie. Coincée dans les « Mids » heures d’éveils nocturnes fixes elle se surprend à revenir sur les expériences qui ont façonné son existence : événements politiques, maternité, mortalité…

En proie à cette crise elle décide de quitter la banlieue et sa famille pour acheter une vieille bâtisse à 38.000 $ dans un quartier délabré de Syracuse. 

Récit d’une recherche d’émancipation.

Rencontres / Débats - Mardi 23 octobre 2012 à 20h00 - A la librairie

autour de son essai

Indociles

aux éditions Léo Scheer

Quatre portraits d’écrivains indociles : Denis Roche, Hélène Bessette, Kathy Acker, B.S. Johnson dont nous partageons avec elle la passion, l’admiration et l’envie de les faire découvrir et lire.

Tel un manifeste du travail accompli avec la collection Laureli depuis six ans, Laure Limongi livre un essai littéraire qui s’intéresse à des écritures dites « exigeantes » pour mieux clamer leur lisibilité, leur générosité. Denis Roche, Hélène Bessette, Kathy Acker et B.S. Johson sont quatre de ces « indociles » qu’elle chérit : des auteurs qui renouvellent sans cesse la forme et les codes littéraires. Loin d’un exercice universitaire, il s’agit au contraire d’un texte sensible et subjectif, ponctué d’anecdotes et de souvenirs, souhaitant ouvrir la porte d’œuvres méconnues et donner à lire ce qu’elle estime être des livres incontournables. Des livres qui ont informé ses choix d’écrivain. C’est en même temps le journal d’une jeune éditrice qui dévoile son parcours et évoque son métier à travers un panthéon contemporain, irrévérencieux, d’une grande intensité émotionnelle.

Denis Roche (né en 1937) est écrivain et photographe français, publié majoritairement par Le Seuil où il a par ailleurs créé la collection « Fiction & cie ». Il met l’écriture à l’épreuve de la photographie dans une œuvre à consonances autobiographiques, d’un matérialisme fort lyrique. Hélène Bessette (1918-2002, auteur français) a été redécouverte par la collection Laureli aux Éditions Léo Scheer ; elle avait été publiée par les éditions Gallimard entre les années 1950 et 1970, soutenue à l’époque par les plus grands noms de l’art et de la littérature française puis inexplicablement négligée par l’histoire littéraire. Kathy Acker (écrivain américain, 1947-1997) est publiée en France par les éditions Désordres – Laurence Viallet. Son œuvre, incandescente, explore les tabous. Féministe, Kathy Acker évoque le sexe et la violence pour construire un monde au désenchantement merveilleux. B.S. Johnson (écrivain britannique, 1933-1973) est publié en France par les éditions Quidam. Ses romans, d’intrigue classique, utilisent des dispositifs innovants comme une structure permutable ou des trous dans les pages pour que le lecture puisse découvrir la suite de la fiction… Johnatan Coe a écrit une biographie de B.S. Johnson.

Kathleen Evin y recevait des personnalités de tous horizons pour une discussion assez libre, ponctuée d'archives et de reportages : Martin Hirsch, Agnès Jaoui, Luis Sepulveda, Sabine Azéma et André Dussolier,  Olivier Adam... Déjà peuplée d'écrivains ou d'éditeurs la tranche horaire de 20h à 21h du lundi au jeudi sera désormais entièrement consacrée à la littérature, avec une optique internationale.

La disparition d'émission comme Esprit Critique et Allo la planète ne laissait en effet pas augurer le meilleur.

Avec la plage de 17h-19h occupée par la magazine culturel de Nicolas Demorand, qui revient ainsi à ses amours de jeunesse, France Inter nous prépare de grands moments... Mais plutôt le soir.

Philippe Val n'est  peut-être pas du matin ?

Je suis là pour gagner de l'argent, je vends des sacs et fais des bénéfices. La misère m'est indifférente. Je créée de la richesse. Je me moque de mes employés. Je ne leur veux pas de mal, mais mon objectif est qu'il y en ait le moins possible. Chaque année j'invente des motifs pour ne pas les augmenter. Je leur fais croire qu'ils sont des collaborateurs, et j'ai donc gommé de mon vocabulaire le mot "salarié". Peu à peu, je dévore leur vie privée, et je les associe à mes actions "humanitaires" afin que leur participation bénévole rejaillisse sur mon image. Le mot "solidaire", cela fait vendre! Et pas que ça: le Développement Durable, et les resto du cœur, et tout ces mots que j'utilise pour faire croire aux gens qu'en m'achetant ils sont bons! Alors, en ce jour de Noël, je vous le dis: je suis là pour vendre, c'est tout.

Dimanche 2 janvier sur Paris. La reprise de l'activité économique est pour demain. Paris se tient comme devant une épreuve: raide, hostile, angoissé, silencieux, ennuyé, résigné, fataliste. Il y a du monde du côté du Luxembourg, mais on se promène sans trop y croire, avec retenue, un sourire vague pour les bêtises des enfants, on marche parce qu'il faut marcher, faire de l'exercice. Faire quelque chose. S'agiter, tâcher d'oublier. Mais le dimanche est là, indiscutablement, peint en gris sur les façades de Paris, ces mêmes façades, hier encore, si colorées, vivantes, comme animées par l'animation des hommes. Même à Paris, les bruits s'estompent, et même les mouvements semblent forcés, ralentis, hésitants. Sur les Champs-Elysées, j'aperçois sur un immeuble, au dessus d'un cinéma, une énorme affiche blanche "From values comes value" (qu'est-ce que cela veut dire? Ce doit être formidable). En anglais bien sûr, énorme, on ne voit qu'elle, plus que l'Arc de triomphe. Et l'on pense à l'univers des bureaux, du business, du travail....Après l'ivresse des fêtes, on s'arrête, on regarde autour de soi, et c'est le silence. Un silence de mort. Oui, après l'agitation, les rires, les étreintes, on retrouve le silence. Sans le bruit des hommes, plus rien, le vide, la mort, et ce regret d'une occasion manquée, d'un bonheur enfui qu'on n'a même pas vu! Un sentiment de vide né d'un entre-deux. Fin des fêtes, d'une occupation ludique, et la perspective de la reprise du travail. En fêtant, en travaillant, on s'oublie, on est dans ce qu'on fait, mais ce soir 2 janvier 2011 on est face à soi-même. Apprentissage de la mort, en quelque sorte, en light, comme dirait un Français branché. Mais aussi, paradoxalement, pesanteur du vide qui pèse, dérange. Un sentiment de , comme celle de Roquentin, dans le roman éponyme de Jean-Paul Sartre, causé par notre propre corps soudain dénué de sens, ce sens qu'on lui donne un peu tous les jours.Je n'en mène pas large dans le crépuscule froid qui vient. Finies ces vacances de Noël auxquelles j'avais songé avec une espèce d'espérance, d'impatience. Puis Noël est venu, il est parti. Après l'avoir espéré, je le regrette, mais je ne me souviens pas l'avoir apprécié au moment où il est arrivé. La journée a passé, c'est tout, pareille aux autres, presque pareille en tout cas.Rien n'y fait, le présent est insaisissable. Ou seulement par un instant, par touches. Ce n'est qu'après, en voyant l'œuvre en son entier, qu'on se rend compte qu'elle était belle, que cela valait la peine de la vivre, que peut-être on l'a gâchée, on ne l'a pas assez considérée. Le présent est forcément inachevé, et lorsqu'il est fini, il n'est plus, il s'est changé en passé. Insoluble question du temps.Insoluble?Je pense à Proust qui trouva dans la littérature le moyen de regagner le temps. Temps perdu parce que gaspillé, parce que fini, d'où ce titre à double sens : A la recherche du temps perdu.Avec cette perspective de travail ou de lecture, il n'est plus de tristesse qui vaille. Je vais rentrer et me plonger dedans.Hervé BELCrédit photo finitude