Un petit village de pêcheurs en Ecosse.
Des bateaux, des marins et de femmes de marins.
Le premiers partent sur la mer en emportant les seconds alors que les troisièmes restent immuablement à terre à regarder le ciel, la mer sans jamais y penser, au cas où…
Myrtle est une de ces femmes qui regarde partir Archie sans jamais l'accompagner au port. Trop d'angoisse pourrait surgir. Déjà trop d'inquiétude quand le temps n'est pas au grand beau. Ce n'est pas la peine d'en rajouter.
Elle passe ses journées à s'occuper de la maison en attendant le retour d'Archie. Elle donne un peu de son temps dans le village et elle partage avec Annie, son amie d'enfance et épouse de Ken qui travaille sur le bateau d'Archie, des interminables parties de cartes.
Annie est son amie. Annie a toujours été devant elle parce que belle comme un cœur depuis la plus tendre enfance. Annie a toujours été courtisée alors que Myrtle restait dans l'ombre à attendre le retour d'Annie et de ses confidences. A ne jamais espérer l'amour d'un garçon : d'ailleurs ils ne regardaient qu'Annie et ne la voyaient pas, elle. Sauf, un jour, Archie !
Archie à qui elle n'a jamais pu donner une descendance. Une tristesse à laquelle ils se sont, tous deux, résignés.
Les femmes de marins ont trouvé, sous la plume , une remarquable ambassadrice. C'est avec une maîtrise consommée qu'elle décrit ce petit village qui se vide régulièrement d'une grande partie de ses hommes qui vont gagner le pain de leurs familles à braver l'océan et ses fureurs pendant que filles, femmes, épouses restent à terre à faire vivre la communauté.
Des vies réglées comme du papier à musique où seule la mort naturelle ou accidentelle vient rompre le quotidien, vient briser les espérances et les projets.
Des vies chichement gagnées car même les patrons de bateaux sont bien loin de rouler sur l'or et où, pour certains, le tentation peut être grande de vouloir avoir un peu plus pour satisfaire des envies que le monde extérieur suscite et auxquelles il est parfois bien difficile de résister.
Mais aussi des vies d'une grande sobriété qui habitent des personnages immenses à l'amitié indéfectible, à la gentillesse sans limite, qui poussent devant eux une sorte de lumière qui éclaire tous ceux qui les côtoient.
Des vies d'amour constant ou d'amour artichaut qui peuvent cependant s'appuyer sur des amitiés inusables que trop de différences, quelques heurts, certaines divergences ne sont jamais capables de jeter à bas.
Et la mer toujours présente, parfois menaçante, jamais totalement innocente, qui attend son heure en léchant les rochers de la côte ou en inondant l'horizon de couleurs sous les nuages bas que transpercent quelques rayons de soleil.
Point de chambardement, point de vrombissements ou de turbulences sauf celles de la mer, point de brouhaha sauf celui du vent, point d'agitation sauf celle des oiseaux qui criaillent dans le sillage des bateaux.
Dans ces paysages trop souvent battus par les éléments, c'est à un apaisement que nous convie Angela HUTH. Et c'est reposant !