La nouvelle vient de tomber alors que la secrétaire d’État chargée de l’Enseignement supérieur et de la Recherche effectue une visite de trois jours en Guyane. À partir du 1er janvier de l’année prochaine, les campus de Kourou et de Cayenne seront indépendants, avec la mise en place d’une université de Guyane.
La phase de transition débutera dès la rentrée. Il ne faudra alors plus parler de l’université des Antilles et de la Guyane, mais bien de l’université de Guyane. Les deux entités seront désormais séparées et indépendantes l’une de l’autre.
Cette nouvelle institution sera dirigée par un président, un conseil d’administration de vingt-huit membres et un conseil académique de 26 personnes. Pour l’heure, l’administrateur provisoire Richard Lagagnier doit être désigné président par arrêté ce vendredi 1er août.
Le décret vient confirmer une annonce qui avait été faire par Mme Fioraso le 30 octobre dernier, après une grève de 21 jours qui avait réuni des étudiants, du personnel administratif et des enseignants. Ils réclamaient une université indépendante pour la Guyane.
ACCUSATIONS DE DÉTOURNEMENTS DE FONDS PUBLICS
Cette annonce intervient dans un contexte particulier. En effet, ça ne va pas fort sur les campus guyanais depuis un certain temps déjà. Et pour cause, l’université Antilles-Guyane est accusée de détournement de fonds à hauteur de plusieurs millions d’euros. C’est le site « Mediapart » qui, le 19 mai de cette année, dévoilait des détournements de subventions européennes.
Dans le communiqué du ministère, ces problèmes ne sont pas mentionnés. Pourtant, il y a plusieurs mois, le 7 avril, une information judiciaire a été ouverte pour « détournements de fonds publics » et « escroquerie aux subventions en bande organisée. »
En cause, l’un des laboratoires de l’université, le Ceregmia (centre d’études et de recherche en économie, gestion et informatique appliquée), rattaché à l’UFR de sciences juridiques et économiques de la Martinique. Voilà cinq ans que ce labo obtient des subventions européennes, ce qui est parfaitement normal.
Ce qui l’est moins, c’est qu’il est difficile de savoir à quoi ont servi exactement les sommes importantes d’argent (plusieurs millions d’euros, une dizaine selon certaines estimations) qui sont concernées. D’après Mediapart, l’argent aurait été utilisé pour des achats et des paiements qui ne relèvent pas des dépenses pouvant être remboursées par l’Europe.
Depuis l’ouverture de l’information judiciaire, l’ambiance sur le campus s’est détériorée, notamment entre l’administration et les membres du laboratoire incriminé. Par ailleurs, en mai 2014, la présidente de l’université Antilles-Guyane (UAG), Corinne Mencé Caster, avait suspendu plusieurs responsables du labo, dont le président de celui-ci Fred Célimène.
Cette suspension était assortie d’une interdiction d’accéder à l’établissement et à la messagerie professionnelle de l’université, dans l’espoir de mettre fin aux « troubles » causés par certains membres du laboratoire selon la présidente.
:
DLR German Aerospace Center
CC BY 2.0