Wu Ming fondation est un collectif de cinq écrivains italiens respectivement et suivant leur nom de plume Wu Ming 1, Wu ming 2, Wu Ming 3, Wu Ming 4, Wu Ming 5. Mais que signifie tous ces mystères me direz-vous. Il s’agit en fait d’une démarche littéraire et philosophique, les Wu Ming refusent la « starisation ». Pas étonnant lorsque l’on sait que la traduction du chinois « Wu Ming » signifie « sans nom ». Ou bien « cinq noms » (suivant la prononciation de la première syllabe), mais c’est aussi un « hommage à la dissidence » puisque c’est une signature très utilisée par les citoyens chinois qui demandent démocratie et liberté d’expression. Enfin ça fait référence au troisième vers du Daodejing : « Wu ming Tian di zhi shi », « sans nom est l’origine du ciel et de la terre ». Lorsque nous vous disions que leur nom est à lui seul une démarche littéraire c’est de cela qu’il s’agit. Le Wu Ming c’est cinq auteurs qui refusent d’être transformés en célébrités et qui se battent pour la liberté d’expression et la survie des mythes.
Leur premier travail est bien sûr de raconter des histoires, des mythes pour mieux comprendre notre monde, notre temps. « Nous nous intéressons au processus social de construction des mythes, [...] nous entendons par-là des histoires racontées et partagées, re-racontées et manipulées, par une vaste et multiple communauté, des histoires qui pourraient donner forme à une espèce de rituel, une espèce de sens de la continuité entre ce que nous faisons et ce que d’autres ont fait dans le passé. »En tant que raconteurs et libres penseurs, ils nous proposent « une déclaration des droits et (des devoirs) de narrateurs », que vous pourrez trouver sur le site à l’adresse Wumingfoundation .
On les retrouve sur plusieurs fronts de la vie sociale italienne, voire même on les imagine sur d’autres où ils ne sont pas du tout, (n’est-ce pas le début d’une certaine notoriété ça….), mais leur cheval de bataille ces temps-ci est le copy-left. En effet ils ne sont pas contre le piratage, le dernier livre de Wu Ming 1 New Thing , a d’ailleurs été entièrement conçu à partir de documents piratés sur un système de peer to peer. Et son auteur le revendique haut et fort. Et comme ces cinq garçons sont cohérents, on peut télécharger tous leurs livres librement, à la seule condition de respecter le copy-left : « La reproduction totale ou partielle de l’œuvre ainsi que sa diffusion par voie télématique sont autorisées, sous conditions de fins non commerciales et de reproduction de la présente mention. »
Lorsque l’on voit qu’entre 2000 et 2003 leur premier roman collectif, qui donc était librement téléchargeable, s’est vendu à plus de 200 000 exemplaires, on se dit qu’ils n’ont peut-être pas tout à fait tort, non ?
Un collectif d’anonymes pas si inconnus que ça à suivre qui risque de faire couler encore beaucoup d’encre… En tout cas, on l’espère, un peu plus par chez nous, car leur prose est peu répandue en France, seulement trois titres déjà parus sur douze, à savoir L'Oeil de Carafa, New Thing, et Guerre aux humains, aux éditions Métailié.