Plus de 60 artistes et leaders culturels d'Amérique latine se sont regroupés pour demander que le président du Nicaragua Daniel Ortega mette fin à ce qu'ils décrivent comme une vendetta menée contre le poète Ernesto Cardenal.
Cet auteur de 83 ans est un symbole culturel du pays, mais durant la cérémonie d'inauguration du président du Paraguay Fernando Lugo cet été, il a traité Ortega de « voleur » qui opère comme dans une « monarchie constituée de quelques familles liées avec les anciens intérêts des Somoza». Depuis Cardenal est emprisonné.
Fin août, un juge a également relancé une vieille affaire contre le poète : datant de 2005, un Allemand avait porté plainte pour des insultes proférées contre lui. Si les accusations ont été rejetées jusqu'à présent, le juge réclame 1000 $ d'amende que Cardenal a refusé de payer, trouvant la peine injuste et illégale, et déclarant qu'il irait en prison si nécessaire. Et ces événements ne sont pas le fruit du hasard, mais participent plutôt d'une vengeance sur le poète.
Un « régime déplorable »
Cardenal et Ortega ont pourtant collaboré dans les années 40 quand la dynastie Somoza fut détrônée par le front sandiniste de libération nationale.
Dans une lettre envoyée au Président, les 60 artistes protestent contre une situation d'oppression « dirigée contre tous ceux qui élèvent leur voix pour protester contre l'absence de transparence, le côté autoritaire, le comportement dénué de scrupules et le manque d'éthique que Daniel Ortega a démontrés depuis son retour au pouvoir », en 2006.
Pour José Saramago, lauréat du prix Nobel, « une fois de plus, la révolution a été trahie de l'intérieur ». Une situation dont tous les journalistes témoignent et cristallisée dans la déclaration de l'historien uruguayen Eduardo Galeano qualifiant de « régime déplorable » le gouvernement d'Ortega.