Il y eut certes James Dean, pour incarner la Fureur de vivre des adolescents, ou Lorenzaccio, mais bien avant eux, parmi les héros torturés, on trouvait Hamlet et Roméo. Aujourd'hui, John Marsden a décidé de reprendre à son compte le personnage de Shakespeare, dans un roman. Une attitude qui renverrait presque à la version Hip Hop du guide sur l'auteur.
« J'ai toujours eu une attirance pour les personnages complexes qui sont dans un état de trouble et de conflits, ainsi que par les scénarios difficiles, annonce-t-il. La plupart de mes propres romans sont ainsi... » Ardu de trouver sujet plus contrarié dans sa quête d'identité, d'autonomie et d'affirmation de soi qu'Hamlet, à qui tout s'oppose.
À la manière d'un 'Roméo + Juliette', réalisé par Baz Luhrman en 1997, l'Hamlet de Marsden prendra place dans un cadre contemporain, mais avec le langage shakespearien. Et que les puristes se rassurent : « Être ou ne pas être » est toujours la question.
Pour l'éditeur, Michael Heyward, l'idée était d'offrir un Shakespeare accessible aux jeunes et en un certain sens, le goût des histoires, des mélodrames et du sang faisait du dramaturge un candidat finalement éligible pour le jeune public. Et quoi de plus insultant pour un enfant que de s'entendre dire qu'on ne peut pas lui faire comprendre Shakespeare, estime Michael.
Arpenter un texte célèbre
La langue devient alors comme un jeu de pistes, un puzzle à reconstituer, et avant tout, il faut désacraliser l'auteur redouté des salles de classe. On se souviendra à ce titre de la tentative par John Mullan d'offrir un Macbeth en BD. D'ailleurs, Marsedn n'a pas l'intention de s'attaquer à toutes les pièces : avec ce titre, il compte surtout inviter les élèves à se pencher sur Shakespeare, à travers un regard différent et provocateur.
« La première réaction dans une salle de classe quand on aborde Hamlet, c'est l'excitation, car les jeunes savent qu'il s'agit d'une oeuvre classée pour adultes. »