Deux ténors sont actuellement en train de monter dans les aigus. À travers les colonnes du Monde, qui a ouvert une tribune libre au philosophe Alain Badiou, à ma gauche (extrême, la gauche) et depuis sa République des livres, où Pierre Assouline se repaît de littérature proustienne (difficile de dire à ma droite...), la discussion relève de l'exercice de style entre les deux hommes.
Et c'est fabuleusement plaisant.
Quand l'un se demande « M. Assouline est-il cultivé ? », l'autre rétorque « cultivé, je ne suis pas, justement, malgré mes efforts ». Mais pourquoi cette querelle ? Tout remonte au livre du philosophe 'De quoi Sarkozy est-il le nom ?', dans lequel le professeur de Normal Sup' passe en revue le personnage et les institutions. Ce qui a fait bondir sur son clavier M. Assouline, le bien nommé.
Alors bien évidemment, dans sa tribune, le philosophe remet le couvert, accusant l'autre de n'avoir rien entendu à la portée de ses propos, et que derrière l'expression « l'homme aux rats », employée pour désigner Nicolas Sarkozy il ne fallait pas entendre que M. Badiou exprimait un quelconque antisémitisme.
Risposte de l'intéressé : « M. Badiou croit que je veux absolument faire de lui un antisémite. Même pas ! » Car « Le problème, c’est qu’il lit de travers. Je ne lui pas reproché d’avoir traité de rats “les socialistes entrés au gouvernement”, mais les électeurs de Sarkozy. »
Nous vous livrons avec délice les pointes de ces deux hommes. Défenseurs des animaux s'abstenir, ici, point de noms d'oiseaux, mais on croirait les portes de l'arche de Noé ouvertes, tant l'un et l'autre font étalage de leur ménagerie.
Et on n'osera dire que le net n'est pas propice au débat d'idées ?