Le rapport note une détérioration du « vivre ensemble » (c’est dans le dico ça ?). L’enquête qui sera remise au ministre de l’Éducation nationale Luc Chatel en septembre en remet une couche : « De nombreux intervenants ont mis l'accent sur la détérioration du vivre ensemble qui amènerait de plus en plus de situations de violences à caractère raciste, sexiste, homophobe ». C’est grave, mais surtout je n’arrive pas à me faire au « vivre ensemble » dans un rapport qui sera remis à un ministre. Vie en communauté ?
Si nous détournons notre regard désabusé de la forme pour voir le contenu, l’enquête fait état d’une banalisation des injures et actes racistes, et ce, malgré « une prise de conscience progressive ». Le fait est clair, et rassurant. La prise de conscience progressive est bel et bien soulignée par l’augmentation des injures. Ce n’est qu’une fois que les différences sont acceptées, digérées, que ce qui relève de la blague pour les élèves, et des injures pour leurs enseignants outrés fuse. Dans tous les milieux un tant soit peu mixtes, les nationalités, accents, noms de famille sont sujets à des « vannes ». C’est bon signe.
La suite ne joue pas en faveur du Monde. Ainsi, selon le quotidien, le sexisme persiste : « Les filles seraient, par nature, plus dociles, plus tournées vers la littérature et la communication, les garçons, par nature, seraient plus dissipés, plus doués pour les sciences ». Pour des gens qui travaillent dans un milieu tel que le journalisme, il est difficile de ne pas voir qu’ici n’est pas un fait spécifique à l’école.
On ne peut pas avoir tout faux, et la préoccupation dont fait part le rapport sur l’homophobie est intéressante : « Les manifestations homophobes ont tendance à se banaliser », rapporte l'AFP. Même si là encore, c’est un phénomène qui ne s’applique pas qu’à l’école, c’est peut-être là qu’il faut le combattre.
Si j'aurais su...
Comble de l’honnêteté, l’enquête souligne ses erreurs : « La discrimination est (…) portée sans doute par la “peur” dont ne se sont pas libérés les adultes et qui la transmettent à leurs propres enfants ». On y arrive, ne remettons pas la responsabilité de nos errements sur nos chères petites têtes blondes, brunes, bleues (pour les gothiques) ou vertes.
Pour finir en beauté, il manquait tout de même ceci : « Le rapport prône de mieux mesurer ces phénomènes, via des indicateurs de leur réalité et des enquêtes de vécu ». En gros, rapport inutile, édifié par des « experts » qui n’ont plus la moindre idée de ce qu’ils se passent dans nos cours de récrés.