Petite Licorne Tome 3 : Petite licorne va se laver

Ces prix decernés par la presse française pour les arts et la culture seront en effet rendus ce soir par un jury composé « d'une vingtaine de journalistes, présidé par une personnalité de la presse ». Cinq grands titres répartis dans 12 catégories sont en effet retenus, et c'est ce soir que l'on connaîtra les grands vainqueurs.

Parmi ces catégories, on retrouve évidemment les livres et la BD, et la sélection de cette année est la suivante :

MEILLEURE BANDE DESSINEE

Tout le monde s'en réjouira, d'autant plus que Bernard-Henri Lévy, pourfendeur de Siné à ses heures perdues, et président de l'édition 2008 sera remplacé par le vigoureux Jacques Attali.

La cérémonie sera rediffusée sur France 3 ce soir à partir de 23 h et jusqu'à 1 heure du matin. On tentera de veiller jusque-là pour vous informer des grands vainqueurs...

Il y a quelques heures avait lieu la remise des Pépites du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Seine-Saint-Denis sous le chapiteau du Cirque Électrique dans le 20e arrondissement de Paris.


Malgré les événements du vendredi 13 novembre, la direction du salon a fait le choix de la maintenir ainsi que le salon « Parce que ce droit à la culture et à la liberté n'est pas négociable, parce que nos enfants ont droit à l'imaginaire et aux rêves ».

La directrice du salon, a tenu à rappeler que ce salon avait une « tonalité particulière » cette année. Que le choix de maintenir le salon avait été longtemps et murement réfléchi, parce que pour le jeune public et particulièrement dans ce département c'est un premier moment avec le livre, la littérature et ceux qui là font.

Sylvie Vassalo a également rajouté que maintenant, après les terribles évènements une question allait se poser, celle de la responsabilité de l'adulte à sécuriser les enfants aussi bien physiquement que psychiquement. Mais que maintenant il fallait un certain retour à la normale.

D'un point de vue logistique, la directrice du S.L.P.J à souligné que pour tout ce qui était sortie scolaire, particulièrement le mercredi, le salon était en attente d'un message des ministères de la Culture et de l'Éducation, mais qu'elle avait bon espoir. Le salon sera, le mercredi, entièrement gratuit.

Pour la remise de prix, cette année, deux parrains de grands talents (comme chaque année) ont remis les prix au fur et à mesure.
Ainsi, Anne-Laure Bondoux et Olivier Tallec ont succédé avec brio à Marie Desplechin et à Gilles Bachelet.

Huit catégories ont été récompensées cette année :

Album,
 BD/Manga, 
Roman 9/12 ans, 
Roman européen pour adolescents, Documentaire, 
Livre d'art, 
livre audio 
et Création numérique

Paloma et le vaste monde, Véronique Ovaldé, Jeanne Detallante, Actes Sud junior

Le Jardin de Minuit, Édith, d'après Philippa Pearce, Soleil

Histoires du chien qui avait une ombre d'enfant, Hervé Walbecq, l'école des loisirs

Stone Rider, David Hofmeyr, trad. Alice Marchand (anglais), Gallimard Jeunesse

Le Petit Musée de Picasso, Béatrice Fontanel, Gallimard Jeunesse

La Vie en design, Céline Delavaux, Stéphane Kiehl, Actes Sud junior

Mr Gershwin : les Gratte-ciels de la musique, raconté par Susie Morgenstern, ill. Sébastien Mourrain, Didier Jeunesse

David Wiesner's Spot, concept et design : David Wiesner, Houghton Mifflin Harcourt, (États-Unis). Application compatible Apple

Je vous propose aujourd’hui de redécouvrir un extrait de Madame Bovary (1857) de Gustave Flaubert (1821-1880). Il s’agit des dernières lignes du célèbre roman.

Après avoir assisté à la terrible mort d’Emma, voici celle de Charles, découvert par sa fille Berthe qui, voulant jouer avec lui, le secoue mais plus rien ne bouge, il tombe à terre. On apprend enfin le destin de cette pauvre petite fille, laissée orpheline et dont personne ne voudra véritablement prendre soin.

Une petite ville tranquille se vide mystérieusement et petit à petit de ses habitants. Toute la population s'interroge sans pour autant résoudre ce mystère. Le commissaire est totalement dépassé et n'arrive pas  comprendre qui peut bien être l'auteur de ces affreux enlèvements. Quand au cours d'une promenade, une adolescente communique avec une statue qui lui confie un secret.

Elle décide à l'aide de son ami Raphaël de trouver le responsable des disparitions. Que va-t-elle trouver ? Quel secret la statue lui a-t-elle révélé ? Quels dangers va-t-elle devoir braver ?

Un bien sympathique roman d'aventure et d'amitié qui ne manquera pas de plaire aux fans d'enquêtes et de mystère. Les personnages  sont attachants et les lecteurs pourront sans peine s'identifier. On a aimé la statue et sa malédiction et l'histoire qu'il y a autour. En effet, c'est une histoire originale de par la place de la pierre et de l'amitié. Il est aussi question de gargouilles, de cathédrales, de trésors, de coffre, de monastère, de potions et d'apothicaire et tant d'autres choses.

réussit sans aucun mal à nous emporter dans cette enquête qui tiendra le lecteur en haleine. Les références aux géants de pierre et au Mont-Saint-Michel sont sympathiques et ajoutent au mystère. Une écriture simple, mais efficace servie par les illustrations en noir et blanc et très soignées de . C'est un roman court qu'il sera facile de lire rapidement.

La parole de Pierre est un roman de la collection "Aventures à remonter le temps".

écrit pour la jeunesse des histoires sensibles, empreintes de poésie où se mêlent avec une grande délicatesse, imaginaire, philosophie, chagrins et petits bonheurs de la vie.

Attentive à ce qui l'entoure, elle communique sa générosité, une douce sympathie également à travers son écriture et le conte philosophique et fantastique qu'elle livre aujourd'hui aux lecteurs devrait ravir un large public, distraire et émerveiller les plus jeunes ou les plus rêveurs, interroger les plus sérieux ou les plus graves mais sans ennuyer globalement ni laisser quiconque de côté.

En effet, ce récit, par son contenu universel, oscillant entre histoire d'amour et d'apprentissage, et délivré avec une grâce légère et une belle simplicité, touche le cœur et l'esprit, sans forcer. Avec naturel.

Barbar vit sur les rives de la Phénicie, à une époque indéterminée. En quête de bonheur et d'accomplissement, il entreprend un long voyage et chemine pour trouver du sens à son existence.  "Il n'est pas malheureux mais cela suffit-il à dire qu'il est heureux ? Il ressent au contraire un vide immense, comme un gouffre à l'intérieur de lui […] une nuit au fond de lui, une nuit qu'aucune aurore n'est jamais venue éclaircir […] Il décide de partir chercher le bonheur et de repeindre le ciel au fond de lui."

Sur sa route, il rencontre de curieux personnages. Un Chef d'orchestre," [qui] règle la symphonie de l'Univers" un fauconnier, "un homme qui parlait peu, comme s'il avait peur d'écorcher le silence", un potier, qui brise ses pots pour mieux les refaçonner, un prieur, qu'il suit un moment jusqu'à se sentir prisonnier,  un pêcheur d'étoiles de mer ("des rêves échoués") auprès desquels il s'interroge et se forge, s'exerce à trouver le bonheur.

De méprise en illusion, il avance pourtant, échoue sur une île minuscule et découvre la gardienne du phare, lui fait lecture de sa vie, s'éprend d'amour pour elle, mais se méprend sur le moment et doit poursuivre sa quête. Jusqu'à se saisir, enfin, du Bon moment. "Lever les voiles quand vient le vent, suivre les voyageurs quand il le faut, écouter son cœur à l'instant opportun."

Un conte merveilleux, dans le respect du genre, agrémenté d'un style naïf, comme adapté aux enfants mais qui délivre un message philosophique plutôt à destination des adultes et parfois, lors de certains passages, l'interpénétration entre les deux semble moins fluide, moins évidente.Un sentiment  assez furtif cependant, qui n'ôte en rien le plaisir de la lecture dans son ensemble.

« Un texte qui se transmet, qui fait entendre et comprendre,

qui dit le précieux, qui dit comment voir ».

Aussi, pour vous procurer ce petit livre,  ce lien : www.amazon.fr/p%C3%AAcheur-d%C3%A9toiles-Roxane-Marie-Galliez/dp/B00LXGUIG6/ref=tmm_pap_title_0?ie=UTF8&qid=1409765053&sr=8-1-spellet  et deux versions s'offrent à vous : le papier ou le numérique.

1703, quelque part, en Transylvanie. Des ombres moites et douillettes capitonnent sensuellement les bâtisses. Comme la lueur du chandelier à trois bougies ne rend pas les contours nets, lorsque les corps s'effleurent, on palpe directement l'âme. 

Tobie tombe amoureux. Sara est d'une beauté frémissante. Autour d'elle la lumière se met à vibrer finement et l'existence entière miroite, hallucinée. C'est dire si son père, le Dr Israël  Hübner, est un alchimiste et si , l'auteur, est un fakir.

Les personnages prennent vie au point d'intersection de l'ombre et de la lumière, là où « beaucoup de choses se dérobent encore à la parole ». Justement, sur la page, quand la lumière « s'égoutte » et on perçoit « l'ondoiement inquiétant de la nuit », les mots se font phosphorescents.

Avec Ștefan Agopian on vit dans des tableaux de Brueghel l'Ancien : le geste du quotidien est précis et la pensée translucide. On boit de la bière dans des chopes à couvercle et à blason, on met goulûment les doigts dans un confiturier, on détourne sans état d'âme des lettres, on tisse des intrigues politiques.

On ne fait jamais l'amour. Cependant l'air est langoureux, les souffles exhalent une sensualité étouffante. C'est l'effet des demi-mots envoûtants, des deux points suspendus, qui butent contre le vide prometteur. C'est surtout l'effet des bruissements que l'ombre et la lumière naissent en se frottant sans cesse.  « Une chose agréable et encore étrangère à son imagination semblait lui rôder autour, un désir sans mots, une petite commotion qui troublait l'équilibre du corps frêle entre émotions et pensées vagues. » Lorsque les corps des personnages s'effleurent, l'air est galvanisé par une constellation invisible d'étincelles de désir. Il y a quelque chose de profondément onirique dans ce monde qui pourtant vit et fait palpiter toutes ses veinules, comme remplies d'un fluide encore plus vital que le sang. Quel est ce flot invisible qui anime des êtres concrets et mystérieux, des personnages historiques ou inventés de toutes pièces ? 

Intolérants envers les Roumains  majoritaires, des  Hongrois, des Sicules et des Saxons se dominent et se jalousent dans une Transylvanie harcelée par une compétition religieuse dans laquelle l'empereur Léopold 1er prend en cachette la partie des catholiques. Ștefan Agopian sait très bien ce qui coule dans les veines de ce petit monde contrasté : c'est le Temps.

L'écrivain a beau couper son flot en 1703. Son écriture atemporelle regorge du débit impétueux de ce Temps superbement indifférent envers l'Histoire, qui rebat les cartes à volonté au point de créer l'illusion de circularité. Tous les événements, tout ce qui arrive aux gens, dans une époque quelconque de l'Histoire, ce n'est que le palpitant orgasmique du Temps en tant que fluide vital de ce monde.

Autant les personnages savent ce qui va leur arriver, autant l'auteur fait semblant de n'être sûr de rien. Il y a une dimension ludique et frivole qui sape constamment cette fascinante quiétude qui plane même sur les faits les plus violents : « Dans un battement serein, la nuit se posa sur sa maison, les petits éclairs que déchiraient son corps, nos événements, tout ce qui nous a tourmentés et nous tourmentera encore à l'avenir, les innombrables pages du présent livre, rien de tout cela ne semblait mouvoir dans un sens ou dans un autre la lourde machine de l'obscurité limpide qui nous entoure. » Ștefan Agopian pourrait dire, en épicurien distrait : croyez-moi sur parole parce que je doute moi-même que je sois capable de savoir quoi que ce soit.

L'excellente traductrice Laure Hinckel nous guide de temps en temps à travers la pénombre séduisante et troublante de l'écriture elliptique de Ștefan Agopian : ses notes inspirées traversent pertinemment les bas de page, comme des chandelles qui illuminent un instant les visages trop discrets des convives d'un banquet.  

Cette anecdote incroyable, on l'apprend dans la « Préface » que Laure Hinckel signe également: écrit au temps de la dictature communiste, trop subversif pare ce que le fruit d'une liberté de création troublante, le manuscrit de « Sara » a déstabilisé à l'époque son censeur. Au bout de deux ans de discussions et d'hésitations, le censeur admet l'impossible : « Mon devoir de marxiste est de l'interdire, mais mon cœur d'esthète veut le voir paraître ».

Paru en Roumanie en 1987, « Sara » est le premier titre traduit en français parmi les 8 romans si singuliers que Ștefan Agopian a écrits à ce jour.

Et si Dostoievski avait-il vu juste ? La beauté (des mots) pourrait sauver le monde.