André de Richaud a attendu que Mai et Juin 1968 soient passés pour mourir au mois de septembre alors qu’une partie de ma génération attendait la répétition des « évènements ». Trois ans avant, il avait publié un Je ne suis pas mort qui avait surpris, tant sa retraite dans un établissement ad hoc méridional l’avait effacé des mémoires, lui et son œuvre. De Richaud fut pourtant un homme à la mode ; son premier ouvrage, La Douleur, paru en 1931 avait retenu l’attention du jeune Camus ; il fréquenta le haut-du-pavé artistique et littéraire de son temps, exerça le quelque fois incertain métier de professeur de philosophie, fut pique-assiette pendant quatorze ans (quatorze ans !) chez le couple Léger ; la guerre et un penchant pour l’alcool le poussèrent à un exil parisien d’abord (Rue des Canettes à Saint-Sulpice, il y a pire) puis à partir de 1958 à Vallauris où il s’effaça presque de son vivant du souvenir des amateurs de lecture.