André de Richaud a attendu que Mai et Juin 1968 soient passés pour mourir au mois de septembre alors qu’une partie de ma génération attendait la répétition des « évènements ». Trois ans avant, il avait publié un Je ne suis pas mort qui avait surpris, tant sa retraite dans un établissement ad hoc méridional l’avait effacé des mémoires, lui et son œuvre. De Richaud fut pourtant un homme à la mode ; son premier ouvrage, La Douleur, paru en 1931 avait retenu l’attention du jeune Camus ; il fréquenta le haut-du-pavé artistique et littéraire de son temps, exerça le quelque fois incertain métier de professeur de philosophie, fut pique-assiette pendant quatorze ans (quatorze ans !) chez le couple Léger ; la guerre et un penchant pour l’alcool le poussèrent à un exil parisien d’abord (Rue des Canettes à Saint-Sulpice, il y a pire) puis à partir de 1958 à Vallauris où il s’effaça presque de son vivant du souvenir des amateurs de lecture.
Le 04/09/2016 à 09:00 par Les ensablés
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04/09/2016 à 09:00
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Chers lecteurs des Ensablés, la rentrée est là, et avec elle de nouvelles découvertes littéraires... Aujourd'hui un roman d'André de Richaud, "La Fontaine des lunatiques"
Par Henri-Jean Coudy
La Fontaine des Lunatiques, publiée en 1932 chez Grasset, n’est pas passé inaperçue et fit l’objet d’un projet de film sous la direction de Jean-Louis Barrault ; le film ne s’est pas fait, pourquoi ? Mystère mais c’est dire de la qualité de l’ouvrage.
Boire l’eau de la Fontaine des Lunatiques, c’est passer de l’autre côté du miroir, prendre le chemin, sans retour, des rencontres déroutantes.
La Fontaine existe bien ; elle est au centre d’un village et il s’en échappe une « eau pétillante, à reflets dorés qui – d’après la tradition – contient de l’or et rend fou » ; on a bien essayé d’en extraire le précieux métal mais on y échoue régulièrement, la fontaine ne se laisse pas surprendre ; à supposer qu’on boive de son eau, on s’en doute, on devient lunatique.
Mais le roman ne s’organise pas d’abord autour de la Fontaine.
Il est l’histoire de quatre personnes, sans doute déjà fort lunatiques, qui vivent dans une maison immense et isolée, dans la montagne des pré-Alpes, un grand-père, immobile depuis tant d’années, mimant la mort qui ne vient pas, un père, Charles, musicien et compositeur, un fils Hugues, que ne portent que « les grands silences enflammés de la campagne », une vieille femme, Manon, qui fait tourner le quotidien.
La « Maison » où ils vivent étrangement est pourtant proche du village de la Fontaine, quelques kilomètres, mais les chemins qui y mènent « faute d’usage, s’étaient couverts d’herbes, étaient devenus d’abord des sentiers puis des pistes impraticables ».
La « Maison », « aucune présence surnaturelle, aucune présence humaine. Le monde avait oublié qu’ils étaient là, et les hommes qui habitaient la maison étaient sans souvenir ».
Et puis, le grand-père finit par se décider à mourir. Il faut aller chercher le médecin, Hugues va au village, y croise une tentation féminine, manque de boire l’eau de la Fontaine. Mais surtout, l’enterrement est un moment où la raison paraît sombrer quand de la tombe d’une jeune femme morte il y a longtemps parviennent d’inexplicables bruits !
La première partie s’achève ; la mort du grand-père, dont seul l’éclat des yeux s’est terni, libère le fils, qui doit partir vers d’autres rêves non sans que le père l’ait longuement empêché de prendre la route.
Dès lors, le roman bascule dans un tempo accéléré.
Hugues, qui n’avait jamais vécu de silence, part dans des aventures marines, violentes, sanglantes.
Charles, le père, sombre ou s’élève, comme on voudra, dans une musique que la jeune morte suggère : « Âme de cette maison qui tombe en ruine, cœur brûlé de passion dans ces appartements plein de meubles grignotés par les rats, entre les fauteuils éventrés où la chatte aux yeux humains se fait fébrilement les ongles et le piano dont toutes les cordes cassées dépassent sous le couvercle comme une maigre chevelure, M. Charles a erré à la recherche de la musique perdue ».
La réponse à ces vies qui prennent le large est sans doute au cœur de la Fontaine ; le lecteur le découvrira s’il suit Charles et Hugues.
Dans le numéro 6 de la revue Chantiers dont le secrétaire de rédaction était le poête carcassonnais Joe Bousquet, datée de 1929, de Richaud avait écrit :
« Les forêts de mes yeux ont chanté jusqu’à l’aube et mes poignets sanglants,
Ecrivent dans l’ombre une grande épopée de sang,
Et tout cela parce qu’il y au milieu de ma tête,
Un grand trou par où l’on voit l’autre rivage du monde. »
Ces quelques vers auraient pu être l’épilogue de la Fontaine des Lunatiques. Elle est disponible dans les Cahiers Rouges de Grasset ou, si l’on veut tourner des pages déjà tournées il y a plus de quatre-vingt ans, chez le même Grasset, dans l’édition de 1932.
Par Les ensablés
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17/04/2025, 07:00
L’Histoire broie les individus et emporte les liens qui les unissent. Dans le chaos de la Guerre d’Espagne, une famille va subir les conséquences de l’engagement de l’un des leurs. Crescencio est anarchiste, membre d’une unité clandestine qui est accusée d’avoir assassiné l’évêque de la ville. Il entre alors dans la clandestinité laissant sa femme Doro et sa fille derrière lui, et part rejoindre les républicains à Madrid.
17/04/2025, 06:30
Ambiance de fin de règne à Santiago du Chili à la veille du putsch de Pinochet. Dans ses romans, l'écrivain-scénariste Stéphane Keller explore la période des années 60-70 au cours de laquelle les États se montraient coupables des pires compromissions pour maintenir leur pouvoir et leur emprise sur d'autres nations et colonies.
16/04/2025, 17:24
Pour célébrer dignement les 40 années des librairies Momie, ActuaLitté a recruté 7 libraires, qui nous présentent une sélection des ouvrages réalisés en partenariat avec les éditeurs. Cette fois-ci, voyageons avec Matteo, pour un séjour prolongé dans le Bel Paese, avec la Trilogie italienne d'Alfred.
16/04/2025, 12:53
Les très belles planches de l'album nous emmènent à la chasse aux papillons. Matz est un auteur que l'on connaît bien et que l'on apprécie beaucoup (la série Le tueur, c'est lui), mais on ne le connaissait pas collectionneur de papillons !
16/04/2025, 10:40
Julien Colliat pensait avoir bouclé son tour des réparties en sortant le Tome 1 en 2019. Mais ce boulimique de biographie, diplômé d’Histoire, relève au fur et à mesure de ses lectures d’autres citations, d’autres répliques qui feraient bien, mises bout à bout, un deuxième volume. Chose faite avec la parution le 24 avril 2025 d’un second volet sur ses trouvailles irrésistibles.
16/04/2025, 09:30
BONNES FEUILLES - Ascenseur pour l’échafaud, Plein soleil, La Piscine... autant de films inoubliables au fil desquels Maurice Ronet a marqué le cinéma français de sa présence unique. Un talent brut que rien, pas même l’ombre d’Alain Delon, son éternel rival à l’écran, n’est parvenu à éclipser.
16/04/2025, 07:00
BONNES FEUILLES - « Il faudrait que je meure ou que j’aille à la plage », écrivait Michel Houellebecq. Si l’on penche pour la seconde solution, autant prévoir de la lecture (moins utile pour le premier choix, on en conviendra...). Dans ce cas, ce Grand Livre de la littérature de plage constitue la meilleure des options. Il rassemble, sous la forme d’une anthologie désordonnée et originale, des pages émouvantes, mordantes, troublantes ou amusantes sur les plaisirs balnéaires.
16/04/2025, 07:00
Comme tout véritable snob, Nicolas d’Estienne d’Orves érige la vulgarité en vertu. Elle le passionne du moins, jusqu’à en tirer un Dictionnaire amoureux du mauvais goût. Sous son nom d’élu, NéO, il s’est lancé dans une série sur les sept péchés capitaux. Un volume par an, avec le premier publié le 26 février dernier, jour d’anniversaire de Victor Hugo et Michel Houellebecq. Cet Île de l'orgueil est-il un navet ou un nanar, cette chronique tentera de répondre à cette épineuse question.
15/04/2025, 17:54
Les éditions Argyll ont récemment fait paraître une traduction (par Marie Koullen) du dernier roman de Nicola Griffith, romancière britannique qui remporta notamment en 1996 le très fameux prix Nebula pour son roman Slow River. La Lance de Peretur (Spear) est son neuvième roman, et il laisse déjà présager une réception très largement populaire, notamment parmi le lectorat de fantasy et de réécriture de littérature médiévale arthurienne.
15/04/2025, 12:54
Dans Le soldat perdu de Jeanne Bonheur, Benoît Hopquin revient sur un passé enfoui : celui de deux anciens poilus, Anselme Bienvenu et Clovis Bonté, sommés par la fille de leur compagnon disparu, Jeanne, de lever le voile sur une disparition survenue vingt ans plus tôt.
15/04/2025, 10:13
Dans Après la ville, Pierre Veltz scrute les mutations territoriales induites par l’urbanisation mondiale. Ni traité d’urbanisme ni essai nostalgique, ce texte exigeant remet en cause nos catégories habituelles et pointe les angles morts de la pensée écologique contemporaine. A paraître ce 2 mai...
15/04/2025, 10:00
Loïc Henry est un ingénieur diplômé d'HEI Lille (1994) et d'HEC Paris (1995), avec une spécialisation en informatique industrielle et finance internationale. Il a également étudié à l'Université de Leeds dans le cadre d'un échange Erasmus et est coach professionnel certifié depuis 2017.
15/04/2025, 09:30
BONNES FEUILLES - Le harcèlement ne date pas d’aujourd’hui… Un soir dans Lyon, le détective Georges Amer reconnut une des victimes de l’accident de 1965, le bus de son collège qui avait dérapé dans les Alpes. Aperçu derrière la vitre du tramway, le visage du fantôme gardait le charme bizarre, unique, de celui qui avait été l’idole de la pension.
15/04/2025, 08:00
BONNES FEUILLES - Qui a dit que les fables étaient ringardes ? Ce genre littéraire, patrimoine culturel commun depuis des générations et formidable matrice de notre imaginaire, est plus que jamais recommandé pour expliciter le jeu des relations sociales, familiales, amicales, amoureuses...
15/04/2025, 07:00
Avec un rythme de vie de plus en plus soutenu et des écrans de plus en plus envahissants, il devient parfois difficile de trouver le sommeil. Pourtant, des solutions simples existent. Il suffit de les mettre en œuvre souvent pour résoudre les insomnies les plus fréquentes.
14/04/2025, 18:39
Il est des œuvres qui naissent de l’échec, des rêves brisés et des batailles perdues. Souvenirs de l’Éternel Présent, bande dessinée signée François Schuiten et Benoît Peeters, s’inscrit dans ces résurrections poétiques. Initialement publié en 2009, Casterman réédite cet album né d'un ancien rêve cinématographique. Il était épuisé depuis plusieurs années.
14/04/2025, 18:18
Ah, les si mémorables vacances chez les grands-parents à la campagne ! Le chant du coq, la pêche à la ligne, l'excursion à la plage, les cochons qu'on égorge, le voisin en fauteuil roulant qui gueule des insanités du soir au matin... que de beaux souvenirs. Bouzard revisite tout ça avec une mauvaise foi et un goût prononcé pour l'humour noir et trash. Aussi rafraîchissant qu'un tas de fumier sous le cagnard d'été.
14/04/2025, 13:48
« À l’opposé du splendide bâtiment aérien des mathématiques, le monde romanesque de Dickens représentait pour Tengo une forêt touffue et enchantée », peut-on lire dans le premier tome de 1Q84, d’Haruki Murakami (éditions Belfond, traduit du japonais par Hélène Morita). Allégorique, cette phrase vaut la peine d’être lue pleinement, en tant qu’elle recèle la vision romanesque du maître japonais en même temps qu’elle révèle une éthique de la paix relative et évolutive.
14/04/2025, 11:08
« Cette histoire n’est pas qu’une histoire privée », prévient Anouk Grinberg, et dès les premières pages de son récit, dont le titre – Respect – n’a jamais été aussi bien choisi, nous sommes comme sous l’effet d’une déflagration. Nous, les femmes de sa génération.
14/04/2025, 09:00
BONNES FEUILLES - Entre les branches, parfois, se dessinent quelques centimètres de vide, un espace irréductible. On appelle cela la timidité des arbres : ils ne se touchent pas, jamais. Christophe aime Anne, Anne aime Christophe. Mais eux aussi semblent séparés par une frontière invisible.
14/04/2025, 08:00
BONNES FEUILLES - Le corps de Caitlin Black est retrouvé à l’embouchure d’An Loch Dubh, le loch noir, sur la côte ouest de l’île de Lewis. La jeune femme, habituée des sujets sur l’environnement et nageuse émérite, a été violée et battue avant d’être assassinée.
14/04/2025, 07:00
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