« Ah ! » Qui eut cru que ce simple son puisse donner lieu à une future unité de mesure révélant la nature profonde de votre rire ? En cette maudite époque de smiley exprimant le ton de votre phrase sur les logiciels de messagerie le retour à l’humain que permet la création du Japonais Yoji Kimura relève soit du canular, soit du génie.
Ce professeur a conçu une machine quasi hilarante : « Selon ma théorie, dès que le cerveau détecte quelque chose de rigolo, le diaphragme se met en mouvement », explique le professeur en sciences de la communication à l'université du Kansai, près d’Osaka. On recrute alors des volontaires sur lesquels on appose des électrodes, et tout particulièrement sur le ventre. Partie particulièrement expressive quand on rigole.
On mesure ensuite les mouvements que le diaphragme et les muscles opèrent : 3.000 signaux sont analysés, équivalents aux impulsions électriques que le corps émet. Intervient alors le fameux « ah », qui donne la mesure : tel nombre de « ah » démasquera le rire comme sincère, ironique, forcé, etc.
Conclusion du scientifique, les enfants montrent plus de spontanéité que les adultes, avec 10 « ah » par secondes. Ces derniers seraient bien trop prisonniers des circonstances sociales que Balzac avait si bien démasqués, pour se laisser aller à rire sans calcul. Qu’il était fort, ce type.
Et puisque science et métaphysique convergent vers une explication ontologique de la machinerie humaine, le professeur remarque qu’il existe quatre types de rires (la détente, la sortie de la norme, le rire de bon cœur et l'éclat de rire), qui seraient le secret de l’âme humaine. « Comme le redémarrage pour un ordinateur », dit-il, le rire permet de se dégager des contraintes qui nous entourent et de reprendre le cours de sa vie avec un bien-être renouvelé.
Marrant, il me semble qu’un certain Aristote avait déjà envisagé la chose, voilà un peu moins de deux siècles et demi…