Le Syndicat national de l'édition vient de délivrer un ensemble de réflexions concernant le livre numérique : comme l'on peut s'en douter, toutes ne vont pas dans le sens de ce qu'attendent, ou sont en droit d'attendre, les futurs lecteurs de demain...
Dans un souci de transparence, le SNE détaille tout d'abord le prix d'un livre papier, pour démontrer que la valeur d'un livre numérique n'est pas naturellement moins onéreuse. Nous vous invitons à découvrir ce découpage à cette adresse ; ce qui intéressera le curieux, c'est de comprendre « les nouveaux coûts qui apparaissent avec le numérique ».
Conversion des fichiers ou numérisation, stockage, sécurisation et défense contre le piratage (mais pourquoi mettre des DRM onéreux dans ce cas ?), nouveaux contrats pour les auteurs, sont ainsi évoqués. De même pour la diffusion-distribution, une nouvelle stratégie est à mettre en place. Voilà de quoi solidement ancrer les éditeurs dans leur peur du numérique, et les conforter dans l'idée qu'il sera plus long et pénible presque d'aborder ce marché pourtant futur.
Le numérique aussi cher que le papier
Car selon le SNE, tous ces nouveaux coûts « compensent peu ou prou la disparition des coûts liés au papier », d'autant que l'ebook ne bénéficie pas encore d'une TVA à) 5,5 % comme le pbook. Hervé Gaymard l'avait dit : la baisse de la TVA, d'accord, mais on n'y est pas encore.
Mais vient alors le coup de grâce : « Enfin, d’aucuns estiment que le prix du livre numérique devrait être inférieur de 30 % à celui du livre papier. Or, il serait absurde de vouloir définir a priori un différentiel de prix entre livre numérique et livre papier. » Ce qui serait réellement absurde, c'est de tenter de faire croire que l'on ne peut pas faire accélérer la validation d'une TVA réduite pour l'ebook. De même que le consommateur qui achète ses fichiers musicaux sur iTunes sait depuis un moment que le support CD est plus cher que le fichier numérique...
Les écueils du jour
Cet argument fut tenté en son temps par les majors, qui se sont prix un camouflet de la part du grand public. Et les détenteurs de Sony Reader on également apporté leur contribution à ce débat en estimant que l'ebook vendu 40 % moins cher que le pbook les conduirait à l'achat du livre. Il n'est donc plus dans les mains du SNE de déterminer si oui ou non le prix du livre numérique doit ou ne doit pas être moins cher : la réalité a déjà rattrapé cette question. Le livre numérique sera moins cher, sinon, il ne sera pas.
Mais seuls les acharnés verront dans les propos du syndicat une tentative discrète de lobbying...