Ce n’est pas tous les jours que l’on peut retrouver un documentaire sur l’un de nos plus grands écrivains. En deuxième partie de soirée, certes, mais je pense que vous pourrez toujours vous occuper en ouvrant les premières pages de la Recherche afin d’attendre que le documentaire commence.
Réalisé en 1992 par l’Américaine Sarah Mondale, « Marcel Proust – Une vie d’écrivain» (59mm) permet de retrouver Marcel Proust (1871-1922) à travers des images d’archives mais aussi des scènes de reconstitutions.
C’est ce que l’on appelle un document-fiction, ou docu-fiction. Les témoignages de ceux qui ont connu l’écrivain (avec des grands noms comme Paul Morand, Jean Cocteau, François Mauriac mais aussi l’indispensable Céleste Albaret) permettront de donner encore davantage d’épaisseur au personnage.
Ce document venu d’outre-Atlantique mêle habilement vie et œuvre de l’écrivain. On retrouve ainsi évoqué l'influence maternelle, l'affaire Dreyfus pour laquelle il se passionna, son goût des mondanités, la guerre de 14-18, la temporalité, l'homosexualité.
Un éclairage sur l'homme sans scission avec son œuvre :
Dans les scènes de reconstitution, on pourra retrouver la jeune Anne Roumanoff dans le rôle de Céleste. Seront aussi évoqués Combray, les fastes du grand hôtel de Cabourg, le lit-bureau, le manuscrit débordant de paperoles...
La Recherche, c’est trois mille pages, quelque deux cents personnages et un premier tome qui eut bien des difficultés à se faire imprimer en 1913. Le documentaire revient sur ces débuts difficiles.
Ainsi, lorsque l’auteur d’A la recherche du temps perdu envoie Du côté de chez Swann à plusieurs éditeurs, il se voit renvoyer dans ses pénates. André Gide, alors directeur de La Nouvelle Revue française, renvoie le manuscrit, tout en qualifiant son auteur de « snob et de mondain amateur ». Qui ose alors publier en premier Proust ? Bernard Grasset, peu connu à l’époque. Et le livre paraitra d’abord à compte d’auteur…
Un document à retrouver ce soir à 22H25 sur Arte.