Les informations détenues par les bibliothèques pourraient servir aux forces de l'ordre, concernant les personnes sous surveillance. Cette demande formulée touche particulièrement les centres à forte concentration de populations musulmanes, mais John Pateman, directeur des bibliothèques dans le comté du Lincolnshire ne l'entend pas de cette oreille.
Pour lui, cette demande pourrait nuire à la cohésion des communautés : « Cela me préoccupe. Les bibliothèques publiques sont un des derniers espaces où les gens n'ont pas à se justifier. »
D'autant que les forces de l'ordre ont réclamé de pouvoir accéder « non seulement aux livres, mais également à l'ensemble des documents et sites internet que la personne aura consultés », ajoute Ayub Khan, qui témoigne de cette demande expresse faite par la police.
Un écho bien évidemment cinglant qui n'est pas sans rappeler le Patriot Act, adopté en 2001, et dont l'industrie du livre a réclamé la révision pure et simple. Et les forces de l'ordre de préciser que ce type de demande est le même que celui que l'on formulerait dans le cours d'une enquête auprès d'un commerçant ou d'un voisin, qui connaîtrait la personne sous surveillance.
Pour le CILIP, autorité dans le domaine de bibliothèques, ce genre de pratique instaurera un climat d'auto-censure de la part des bibliothécaires, mais entretiendra surtout « un climat de peur et d'autoprotection », qui mènerait à des dérives graves, comme la surveillance de personnes venues consulter le Coran ou la Bible, à titre culturel, et non pour des visées extrémistes.
C'est le MLA qui a été choisi par le gouvernement pour établir les conditions dans lesquelles ces informations pourraient être mises à la disposition de la police. Il s'agit de s'assurer également que du matériel susceptible d'intéresser des terroristes n'est pas en stock. Une affaire qui va falloir suivre avec attention.