Tout s'est terminé le 19 février en fin de journée. Les étudiants de troisième année du Centre d'Enseignement Spécialisé des Arts Narratifs ont réussi leurs paris, 101 heures pour réaliser un album jeunesse dont le thème tournait autour des de .
Certains ont très peu dormi et à la soirée vernissage de fin de semaine, on sentait un étrange sentiment de fierté, de joie, mais surtout d'épuisement.
À nos questions, Mikhaël Allouche, le directeur du C.E.S.A.N, explique que les étudiants sont habitués à monter différents projets sur plusieurs mois ou plusieurs semaines. Certains abandonnent en route. Et là, en une semaine, il n'y a pas le temps de réfléchir il fallait donc prendre le train assez rapidement. C'est un projet plus « dans l'instinctif, le spontané… ».
Le directeur appuie sur le fait que c'est un bon entrainement pour gérer le stress qu'ils vivront dans leur vie professionnelle. Souvent les auteurs se posent beaucoup de questions et travaillent « vraiment » à la dernière minute. « La notion de stress invite [également] les gens à assumer leur travail ».
Sur de plus longues périodes (2-3 mois) les étudiants sont déjà habitués à créer des projets de livre « dans le but de les montrer à un certain nombre d'éditeurs » qui va de la conception de l'idée, du scénario, la maquette et les images afin d'un faire une petite maquette de livre, mais ici tout a été raccourci puisque qu'ils n'avaient que cinq jours pour tout faire.
Parmi le jury présent qui allait choisir trois projets « gagnants », le centre souhaitait faire venir des personnes de l'extérieur dont une éditrice des éditions Thierry Magnier pour montrer que ce n'était pas qu'un travail de dessin bien noté, mais « aussi un travail dans le but d'être vu et lu par des lecteurs ».
Ainsi, trois prix étaient remis aux étudiants, dont le plus important, une sorte de palme d'or, le prix de « L'arbre perché ». Celui-ci a été attribué à Lounis Ould-Khaled qui s'est intéressé à la fable Le Chien qui lâche sa proie pour l'ombre.
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C'est avec un style minimaliste, drôle et contemporain que Lounis s'est lancé dans ce projet « comme un enfant s'amuserait ». Il « s'amuse » à faire ces albums donc il ne compte pas lâcher l'édition jeunesse surtout que dans le jury d'éditeurs présent, il a eu « de bons retours ».
Même si l'étudiant en dernière année dit ne pas trop lire de littérature jeunesse, il avoue avoir été influencé par les albums de Blexbolex et c'est son style épuré qui a été le déclic de son adaptation de cette fable de La Fontaine.
À la question de savoir pourquoi à chaque illustration le chien était découpé et le reste était fait aux crayons de couleur, le jeune homme répond d'un simple « parce que ça fonctionnait » et que cela permettait de faire ressortir le chien, ce qui était le plus important.
C'est grâce à ce genre de manifestation que l'on voit clairement que la jeune génération d'illustrateurs et d'illustratrice arrive bientôt sur le marché. Ils seront certainement bientôt en librairie à côté des plus grands…