RECIT BIOGRAPHIQUE - 26 Janvier 1964. Intérieur Aube. Le téléphone sonne dans le bureau d’un Aragon insomniaque. Au bout du fil, Georges Sadoul, l’historien du cinéma, son vieux complice des années surréalistes et surtout l’homme qu’il a entraîné dans la rupture avec André Breton, le pape du mouvement, et l’adhésion au communisme. Cela se passait en novembre 1930, lors du deuxième congrès des écrivains révolutionnaires et prolétariens tenu à Kharkov (U.R.S.S.), épisode palinodique qui avait vu les deux hommes censés y représenter le groupe accepter « in fine » de ratifier sa condamnation au nom de l’orthodoxie marxiste. Georges Sadoul est laconique : « Théodore est mort cette nuit. A Lariboisière, dans son hôpital… ». Aragon accuse le coup. Mais déjà, il mûrit les phrases de l’article nécrologique consacré au docteur Fraenkel qu’il compte publier rapidement dans les pages des Lettres françaises, le journal dont il est le patron.