Bokurano, notre enjeu est un manga avec des mechas* et des enfants. Bon vous me direz après Evangelion ça va être dur de faire quelque chose d'original sur ce sujet. Et c'est vrai d'autant plus que l'on peut relever quelques similitudes entre les deux titres. Mais la force de Bokurano c'est qu'il s'éloigne du genre pour proposer quelque chose d'autre.
Un groupe de 15 adolescents se retrouvent en classe de mer dans un village. Tout se déroule normalement jusqu'à ce que nos héros découvrent une grotte. Ils décident de l'explorer pour passer le temps. Au fond de celle-ci, ils tombent sur une pièce aménagée dans laquelle se trouve un grand nombre d'ordinateurs. Alors qu'ils se demandent qui peut bien vivre ici, l'habitant de la grotte apparaît.
Il se nomme Kokopelli, et se déclare créateur de jeu vidéo. Il propose aux enfants de tester un jeu vidéo dans lequel il est question de piloter un robot et de combattre la quinzaine d'ennemis qui se présenteront et mettront la Terre en danger. Les adolescents se méfient mais lorsque le jeu en grandeur nature commence, ils se laissent subjuguer par le pouvoir du robot et oublient leurs craintes.
Un manga avec des mechas*
Comme nous le disions lorsque l'on prend Bokurano en main, on s'attend à lire un manga avec des mechas*, typique du genre. Des combats dans tous les sens, des robots hyper détaillés, des rouages qui s'enclenchent, des armes surpuissantes, et des scientifiques qui parlent avec des mots bizarres que le commun des mortels n'est pas en mesure de comprendre. Si c'est ce que vous attendez, ce titre n'est pas vraiment fait pour vous.
Pas vraiment réussi dans le genre
En effet, le robot baptisé « Zearth » par les enfants, n'est pas vraiment bien détaillé, le plus souvent montré de loin dans l'ombre, il a un design étrange. On a l'impression qu'il n'est pas vraiment très stable, ni réellement puissant. Les ennemis venus de l'espace, ont pour leur part un design proche de ceux d'Evangelion mais ne sont pas vraiment convaincants. Les combats enfin, sont assez brouillons, on ne voit pas bien ce qu'il se passe, et on a du mal à accrocher sur l'action.
Une autre optique plutôt surprenante
Ce qui serait très embêtant si c'était le principal intérêt de Bokurano, mais il semble que ça n'est qu'un prétexte pour développer une sorte de drame psychologique. Les protagonistes se retrouvent confrontés à quelque chose qui les dépasse, ils doivent faire des choix dont ils n'évaluent pas forcement toutes les conséquences.
Une atmosphère déstabilisante
Loin de l'atmosphère très dynamique des manga avec des mechas*, on se retrouve plongé avec Bokurano dans une ambiance relativement pesante sans jamais être lourde. Mohiro Kitoh réussit le tour de force de montrer l'enthousiasme des personnages sans y faire adhérer le lecteur. Autant par son traits bien particulier assez réaliste que par sa plume froide et son scénario implacable et dur, il crée un monde étrange, étonnant, où le lecteur avance à pas feutrés, mal à l'aise,gardant ses bonnes distances avec l'entrain des personnages, car il sent qu'un drame se prépare.
Un nouveau public pour une histoire de mechas*
Bref Bokurano est un manga assez déstabilisant qui décevra certainement les fanas de mechas*, et de bons gros combats où ça tire de partout, mais qui devrait piquer la curiosité des lecteurs qui attendent de trouver dans les manga une histoire originale en prise avec le monde, où rien n'est facile et où la vie est une chose fragile.
Bokurano, notre enjeu est édité par Asuka. Et vous pourrez parcourir ses 192 pages pour 7.95€, en attendant le tome 2 qui devrait sortir le 26 juin.
*Mecha : Abréviation de mechanics. Ce terme désigne en occident les manga ou animés mettant en scène des robots qui sont généralement là pour se battre. Pour plus d'informations, vous pouvez consulter l'article sur les mechas chez Wikipédia.