Nabokov ne fut pas le seul écrivain à désirer que ses derniers textes soient brûlés après sa mort ; mais comment faire confiance à ses enfants ? Franz Kafka avait émis le même souhait. Et il a pourtant confié ses archives à Max Brod, qui partit de Prague en 39, avec une valise pleine de documents. Avant sa mort il légua à sa secrétaire, Esther, les écrits du romancier. Qui elle-même les laissa à ses filles.
L'appartement où son confinés les fameux documents restant - on ne sait pas exactement ce qui a été vendu, et on se rappelle qu'Esther Hoffe vendit le manuscrit 'Le procès' pour 2 millions $ - n'a plus vu de chercheurs sur Kafka depuis 1980. Et si la plupart des archives kafkaïennes sont en République tchèque, en Angleterre ou en Allemagne, il reste bel et bien des éléments qui nous échappent. Pour preuve, ces dessins érotico-torturés, récemment retrouvés.
Spéculations en tous genres
Et le monde entier reste suspendu aux lèvres des deux soeurs, et les spéculations se poursuivent. Désormais, on est assuré que Hoffe détient l'agenda de Brod, commentant son arrivée à Tel-Aviv en 39, et contenant « de nombreuses observations ». Et tout le monde s'interroge sur le devenir des écrits : une vente aux enchères, ou un don partagé avec le monde ? Et en cas de vente, Amazon créera-t-il la surprise en emportant les stocks ?
Des héritières particulièrement sollicitées
Pour certains, le contenu « appartient à Jérusalem », du fait que « Brod est devenu sioniste avant la Première Guerre mondiale, a vécu, a travaillé et est enterré ici ». Et Mark Gelber d'ajouter que la bibliothèque de Jérusalme contient déjà des documents ayant appartenu à Einstein ou Martin Buber ; elle serait donc le cadre idéal pour la conservation des archives de Kafka. Une vision qui est loin d'être universellement partagée. D'autant que la relation de Kafka au judaïsme est toujours un sujet discuté.
Maintenant, tout repose donc dans les mains des filles d'Esther. Évitant soigneusement les interviews et toute publicité qui les desserviraient. Seule chose que l'on peut obtenir d'elles quand on demande si les documents de Kafka sont toujours dans le fameux appartement : « Pensez-vous que nous sommes si stupides ? » Passablement énigmatique... Stockés en lieu sûr, donc ? Cela permettrait d'éviter les pressions ou de tenter d'éventuelles tentations.
Et dans les yeux bleus d'Hava, la fille aînée, on put lire : « C'est vraiment kafkaïen. »