Nos confrères des échos ont profité du Salon du livre pour poser quelques questions à Bruno Racine, le directeur de la BnF sur les enjeux de la numérisation et la crise.
Le président de la BnF, y explique que la numérisation est un point essentiel dans la mission de la BnF. Il estime que la mission de celle-ci étant de conserver les documents et de les rendre disponibles, elle se doit d'être au premier plan de la numérisation.« Le défi global auquel nous sommes confrontés, c'est la conversion de l'écrit sous forme de flux numérique et la transmission de ces données ».
Il suffit de regarder les statistiques de fréquentation de la BnF pour savoir que c'est un enjeu majeur. En effet, la fréquentation de la bibliothèque a baissé alors que dans le même temps les consultations en ligne ont augmenté pour dépasser la fréquentation physique. Pour autant, le président reste convaincu que la BnF sera toujours très fréquentée et il réfléchit à de nouvelles formules pour attirer les visiteurs. « La bibliothèque reste un lieu doté d'une fonction sociale essentielle. Et je suis convaincu que le recul de la fréquentation n'est pas inéluctable ».
Le défi des éditeurs et l'ombre de Google
Il insiste aussi sur l'importance de la numérisation de leurs fonds par les éditeurs « Le défi, pour les éditeurs, c'est d'être en mesure de proposer un bouquet d'offres qui permette la lecture papier ou électronique, sous forme d'achat à l'unité, d'abonnement... ». Il précise aussi qu'il est essentiel que tous les acteurs du milieu se concertent pour éviter le piratage.
S'il est bien un sujet incontournable en matière de numérisation, c'est la force de Google. Bruno Racine avoue que bien sûr le géant américain est inquiétant mais d'une part il ne se place pas vraiment sur le même secteur que la BnF. « Google ne construit pas une bibliothèque numérique, mais numérise en masse les ouvrages qui lui sont confiés ».
D'autre part, les éditeurs européens ne sont pas vraiment chauds pour travailler avec Google. c'est pourquoi, ils doivent impérativement penser à des solutions et proposer une offre satisfaisante. Bruno Racine évoque comme des pistes les solutions déjà mises en place comme Gallica 2, Européana ou encore le projet Arrow.
« Europeana est un formidable accélérateur des projets nationaux. Il faut que chaque pays apporte sa « brique ». Gallica, dans ce contexte, a vocation à devenir une sorte de bibliothèque numérique de France. Ce projet est capital pour le rayonnement de la culture et de la langue française ». Enfin, il n'exclut pas non plus un partenariat avec Google dans la mesure où celui-ci s'engagerait à respecter les droits d'auteur.
La crise
Le dernier point abordé dans cette discussion est celui de l'impact de la crise sur tous ces projets. Le président de la BnF, n'estime pas qu'elle aura beaucoup de conséquences. Tout d'abord parce que l'essentiel des revenus de la BnF ne provient pas de la fréquentation physique de la bibliothèque mais du mécénat et des subventions de l'État.
Et si la restriction budgétaire de 2 % prévue par celui-ci avant la crise, oblige la BnF à faire des « efforts de gestion » (comme ne pas remplacer certains départs), il est compensé par un budget de 1,450 million alloué aux projets d'investissements. Enfin, concernant les gros projets du domaine numérique, ils sont souvent subventionnés en grande partie par le CNL (Centre National du Livre) qui lui n'a pas subi de coupe dans son budget.